Un trio qui pose en duo, ça n’a déjà rien de commun. Ajoutez à cela les doubles bienveillants et maléfiques de chacun plus tous ces autres personnages ultra-colorés sortis des toiles du Douanier : vous obtiendrez Naives, une petite tempête dans le monde de l’électro-pop sévissant depuis Londres où Marc Jacc et LApo Frost, les deux fondateurs du groupe, ont élu domicile depuis le débarquement du premier en 2013. Ambiance feutrée dans cette aliénation collective sonore et artistique à travers la sortie d’un premier album à paraître vendredi : N-A-I-V-E-S.
Le Français Marc Jacc et le Britannique LApo Frost étaient faits pour s’aimer. Dans les vibrations de ce club parisien devenu le lieu de naissance de leur légende commune très personnelle, leurs sons respectifs se croisèrent avant leurs regards. Il n’en fallait pas plus pour transformer les deux compères en inséparables, quittant leur nid douillet de ce Rêve de 1910 pour couvrir notre époque d’un voile alliant les tissages du bout du monde aux senteurs minimalistes de leur doux prénom : Naives. L’hommage à Henri Rousseau, à sa peinture postimpressionniste et primitiviste est partout dans l’univers de Naives. Et pour cause : ce n’est pas du Foster the People ni du MGMT, mais cet art naïf s’inscrit dans la continuité de ces références.
Et à en croire les premiers retours des médias depuis le lancement des hostilités en 2014 avec leur premier single W.I.G.O, la manipulation des sonorités synthétiques made by Marc Jacc et LApo Frost dépasse le seul stade de l’expérimentation. Les deux garçons sont les composantes d’une formule qu’ils ne se forcent même pas à garder secrète. Car si l’ADN de Naives n’est pas copiable, il est capable en revanche de se dupliquer dans celui des autres : c’est peut-être ce qui explique la viralité de leur musique et l’entrée de leur dernier single Crystal Clear dans le Top 10 de Spotify début janvier.
Naives : changer le vinaigre en vin
Avant Naives, Marc Jacc et LApo Frost faisaient déjà de la musique. On s’en doutait un peu. Marc Jacc était batteur au sein d’un autre groupe lorsqu’il rencontra LApo Frost. Celui-ci était DJ et tournait déjà en Europe avec ses sets qui lui valurent notamment de gagner un MTV Award pour son morceau diffusé dans une pub pour le constructeur automobile Suzuki.
C’était donc du solide dès le début. Mais l’expérience et la touche, si elles demeurent les vecteurs déterminants du succès, ne font pas tout. Laissons le hasard de côté : ce qui distingue Marc Jacc et LApo Frost, c’est avant tout leur flair. Ils savent ce qui marche auprès de leur génération. Des autres aussi. Et leur premier album N-A-I-V-E-S à paraître vendredi en est une belle démonstration.
Coups de klaxon et jets d’assiettes
Prenez par exemple le single No Way sorti fin 2015 : qui pourrait croire que son intro repose en fait sur le klaxon d’un tuk-tuk de Bombay que Marc Jacc ramena dans ses bagages à la suite de son voyage en Inde en 2014 ? Pas le tuk-tuk bien sûr, juste le son. Il y a de l’ingéniosité dans les compositions de Naives. En outre, cette étincelle, à la base de la naissance de cette relation fusionnelle entre Marc Jacc et LApo Frost. Il y a cet exotisme dans Hold out, cette club tendance d’une efficacité redoutable une fois en piste dans Horizon.
Il y a finalement une recette conçue avec légèreté, ainsi qu’une certaine forme de pragmatisme qui, chose assez étonnante, ne fait pas froid dans le dos. Au contraire, elle invite à se laisser mitonner. Pour une excursion dans ces jungles d’un nouveau genre. Naives, sans aucun doute. Bercée d’illusions : certainement pas.
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