Pajaro Sunrise, projet musical lancé en 2006 par l’espagnol Yuri Méndes, revient pour la seconde fois cette année avec un nouvel album sobrement intitulé The Collapse. Si la productivité de Pajaro Sunrise n’est plus à démontrer, cet opus surprend à nouveau par sa faculté à retranscrire les effets enveloppants de la nuit dans laquelle Yuri Méndes fut contraint de se plonger. Une immersion dans le néant générant une lueur chaude, rassurante et détonante.
Du petit lait : voilà l’expression qui vint à mon esprit alors que je tentais de qualifier mon ressenti à l’écoute The Collapse. Éteignez tout, fermez les rideaux, les volets. Palpez les vibrations du noir en pleine journée : sans doute cernerez-vous les intentions de Pajaro Sunrise, son fatalisme un brin sarcastique, sa solitude aux effets si apaisants.
Yuri Méndes est un gamin originaire de Léon en Espagne. Il baignait dans le flamenco diffusé à longueur de journée par ses parents dans leur club. Son premier orgasme musical lui fut procuré par Bruce Springsteen et Bob Dylan. Deux grands frères qui, même s’ils restèrent très éloignés géographiquement, se firent une place de choix dans toutes les compositions de Yuri Méndes, et ce, dès le premier album éponyme de son groupe lancé à l’époque avec Pepe Lopez.
Dix ans et cinq albums plus tard, dont un sorti il y a tout juste cinq mois (Oh My), Bruce conserve une place de choix au creux du sixième, The Collapse, comme c’est le cas dans le titre Way too far. Quant à Bob, il n’est jamais très loin et souffle sur la première plage Into the sunset une brise d’inspiration permettant de signer l’un des plus doux textes de l’album.
Pajaro Sunrise : un retour forcé aux origines
Contraint d’éviter tout contact avec la lumière pour des raisons de santé pendant plusieurs mois, Yuri Méndes transforme cette nécessité médicale et se donne tout entier aux pans les plus sombres de son être et de sa réalité. La prescription du médecin engendre la réinvention de Pajaro Sunrise.
À défaut de pouvoir fuir à cause de ses ailes dépourvues de plumes dans Man’s the only bird who has no feathers, autant se confronter et puiser dans cette infinie noirceur les particules d’un paysage au-delà des présages à travers cette Opening Night annonçant toutes ces autres qui ne seront plus jamais les mêmes.
Ironie du sort, sois la bienvenue
Entouré de Bart Davenport et de Shawn Lee à la sortie de sa prison lunaire, Yuri Méndes part dans le sud de l’Espagne pour enregistrer The Collapse. De retour à Madrid, les présages couchés sur le papier deviennent le quotidien harassant de l’artiste poussé jusqu’aux dernières limites de son abnégation.
Si l’amour et l’argent viennent à manque, ils n’entament pas l’autodérision de Yuri Méndes faisant tantôt de The collapse of everything un recueillement de transition en plage 7, tantôt un pied de nez au destin doublé de l’acceptation de ses choix pour Pajaro Sunrise en plage 9, bien plus à sa merci qu’aux manettes. Autant rire de tout y compris de ses plus grandes détresses : la vie avance encore et toujours, nul doute qu’il s’agisse du meilleur moyen pour Pajaro Sunrise de retrouver rapidement son rythme de croisière et d’être à nouveau à ses côtés.
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