L’Américaine Sallie Ford revient vendredi avec un second album solo intitulé Soul Sick. Alors que The New Yorker la situe au carrefour de Liz Phair et de Buddy Holly, elle se revendique l’héritière de The Kinks et de Skeeter Davis. Des noms qui parlent sans doute bien plus à Portland qu’en France, mais qui reflètent fidèlement les influences plurielles de Sallie Ford.
La tornade Ford se déchaîne : sa route passera à nouveau par l’hexagone ce vendredi et risque de ne pas laisser son public français indemne. Voilà un peu plus de deux ans que Sallie Ford n’avait pas remis les pieds sur notre plancher. La dernière foulée, c’était en octobre 2014 avec la sortie de son premier album solo Slap Back.
Autour d’elle à ce moment-là, ses nouvelles collègues musiciennes ayant pris la relève de The Sound Outside, le premier groupe qui l’accompagna de ses débuts jusqu’en 2014, année de leur séparation officielle. Elle voulait un band constitué seulement de filles : c’est dès lors chose faite avec Cristina Caro aux claviers, Amanda Spring à la batterie et Anita Lee Elliot à la guitare et à la basse. Sallie Ford est effrontée. Elle dépasse le seul fait d’oser pour revendiquer une liberté de penser et de s’exprimer sur les sujets qui fâchent le conservatisme et la bonne mesure. Sexe et colère trouvent dans la musique de Sallie Ford des terrains propices à leur développement, à leur fusion constante. Le rock se fait garage, surf, acidulé.
Confessions intimes
Si elle sait et revendique la part d’introspection partagée avec son public et présente dès ses premiers morceaux, Sallie Ford monte d’un cran dans Soul Sick et remonte à cette époque où elle était seule dans sa chambre d’ado d’Asheville avec son journal intime. Ainsi, elle replonge dans cette écriture dont elle avait gardé le souvenir, tout autant que celui de ces moments bruts et rudes comme elle les qualifie elle-même, gages d’une honnêteté complémentaire lors de ses séances d’écriture, plusieurs années après.
C’est le cas notamment dans son titre Loneliness is Power, auquel répond le premier single sorti fin 2016 et intitulé Get out. Dans les propulsions intempestives de sa guitare wah-wah, son joujou rétro, elle manipule sa voix et parle de la précarité de la musique, de ceux qui souhaitent en vivre, de ces instants de doute, de ces envies d’abandonner.
Sallie Ford : rétroplanification innocente
À croire que Sallie Ford avait également inscrit les différentes étapes par lesquelles elle devait passer pour finalement sortir Soul Sick plusieurs années après. La cohérence de l’album, tant dans les périodes musicales qu’il couvre que dans les affections de Sallie Ford interprétées avec majesté, trahit une capacité de projection hors-norme.
Couplée à cette autre de promenade sur le fil du temps pour s’approprier les sonorités de ses plus grandes références, elle nous offre une jolie évasion à l’instar de celle procurée par Middle Child et Failure, déjà sortis également fin 2016 et en début d’année. « La musique devrait servir à prendre des risques, à faire quelque chose de nouveau, à être inspiré pour la changer » déclarait Sallie Ford il y a quelques mois. Pari à nouveau réussi dans ce second album solo Soul Sick à paraître chez Vanguard Records, et affublé des errances photographiques et picturales made by Sallie Ford too, femme d’arts et de lettres définitivement peu commune.
Sallie Ford : Facebook