Il y a une sensibilité dans la musique d’Elk Eskape qui se passe de tous les mots. Voilà pourquoi Skriber souhaitait simplement laisser les leurs se faire un chemin jusqu’à vous. Rennes brille toujours un peu plus grâce aux résonances des voix et notes qui composent sa partition. En voici un nouvel exemple avec Alexis Wolff et Elouan Jégat, à l’origine de la création du groupe.
Alexis Wolff, Elouan Jégat, bonjour, et merci d’avoir accepté cette interview. Vous êtes les fondateurs du groupe rennais Elk Eskape versé dans un rock alternatif parsemé de folk et de métamorphoses. À vos côtés, on retrouve Vincent Roudaut, Baptiste Le Solliec et Mikaël Le Mûr. Si vous avez largement diffusé le contenu de votre univers musical et artistique sur le web, on sait finalement très peu de choses sur chacun d’entre vous. Vous pouvez nous en dire plus ?
Alexis Wolff : Avant la formation d’Elk Eskape, nous jouions déjà ensemble Elouan et moi dans un groupe de rock qui s’appelait Roll It. Ça a duré presque trois ans, jusqu’à ce que le batteur décide de se consacrer à d’autres projets. De notre côté, nous souhaitions continuer coûte que coûte. Avec l’aide de notre bassiste Yann Le Traon, on s’est alors mis à la recherche d’un nouveau batteur tout en réfléchissant à une nouvelle identité visuelle et musicale.
Ainsi est né le groupe Elk Eskape ?
Alexis Wolff : Oui, en novembre 2013. Rapidement, nous avons composé nos deux premiers morceaux originaux : Awake et Lucky Joe Wood. Ils nous ont permis de poser les bases de notre nouveau groupe. Et avec l’arrivée de Baptiste à la batterie, nous avons pu enregistrer et sortir notre premier EP avec nos deux titres en mars 2014. La suite est une succession de concerts à quatre pendant plus d’un an. Cette tournée nous a permis de créer notre univers ainsi que les chansons que l’on retrouve dans notre premier album Bow.
Dans quelles circonstances le groupe est-il passé de quatre à cinq membres ?
Alexis Wolff : Nous nous sommes rendus compte qu’il nous fallait un 5ème membre au sein d’Elk Eskape car nous nous nous sentions coincés sur scène. Il nous fallait un musicien pour les parties aux claviers pour réaliser les arrangements que nous avions en tête. C’est comme ça que Mikaël nous a rejoints. En parallèle, notre bassiste Yann a été plus souvent pris par ses études et ses voyages. Il a enregistré la basse sur notre premier album Bow, puis il a laissé sa place à Vincent qui, avec Elouan, joue au sein d’un autre groupe, Thomas Howard Memorial.
Skriber avait déjà eu l’occasion de croiser Thomas Howard Memorial en effet. Elk Eskape collabore donc régulièrement avec cet autre groupe. Quel est le meilleur souvenir de collaboration avec THM que vous gardez en mémoire ?
Elouan Jégat : Je me rappelle d’une soirée dans un bar concert de Lorient qui s’appelle le Galion. Vincent et moi avions fait le concert de THM et enchainé avec celui d’Elk Eskape. C’était très dur d’assurer pour les deux groupes, étant donné que THM avait sorti son nouvel album la veille. Autant dire qu’on n’était pas très frais pour ce soir-là. Mais c’était très rock n’roll, et on a finalement survécu !
Elk Eskape fait notamment référence aux grands espaces américains et aux Indiens. Que trouvez-vous chez les Sioux ou les Cheyennes que vous ne trouvez pas ailleurs ?
Alexis Wolff : Ces références nous permettent de raconter nos propres histoires. Celles-ci sont intemporelles, elles pourraient d’ailleurs avoir lieu de nos jours. Elles permettent d’emmener nos histoires plus facilement dans l’imaginaire des gens. Notre premier album Bow parle aussi du combat de l’homme contre la nature, celui du chasseur contre sa proie. En fait, la nature nous a plus inspirés que les Indiens eux-mêmes.
Bruno Green est le réalisateur de votre premier album Bow paru en novembre dernier. Il vit aujourd’hui au Canada. Comment s’est mise en place votre collaboration ? N’a-t-elle pas été un peu compliquée à gérer au quotidien si l’on considère la distance qui vous sépare ?
Alexis Wolff : Le travail avec Bruno Green s’est fait assez facilement. Il avait déjà mixé le second EP de notre premier groupe Roll It. Il nous connaissait donc déjà et avait aimé le premier EP d’Elk Eskape. Il a immédiatement accepté de réaliser l’album Bow. Il nous a rejoints en octobre 2015 pendant 9 jours en Bretagne, pas très loin de Rennes, au Studio du Faune où nous avons enregistré sept titres de l’album : un titre par jour. Cela a été assez intense ! Puis il est reparti au Canada avec les bandes pour les mixer. La distance peut s’avérer difficile à gérer à ce moment-là, notamment lorsqu’il s’agit de bien se comprendre et de bien considérer ce que veulent les uns et les autres. Mais nous y sommes arrivés !
Elouan Jégat : En effet, on a vécu un super moment en studio. La phase mixage s’est un peu corsée des deux côtés, du fait des limites imposées par la distance. Mais au final, c’était une bonne expérience. Grâce au talent et à la compréhension de Bruno, le résultat nous ressemble parfaitement.
« Si les envies, le feeling et la passion restent identiques, avec de la simplicité et le respect de chacun, alors il n’y a aucune raison d’arrêter une belle histoire ! »
Focus sur deux titres tirés de Bow. Avec Criminals, on pénètre les sombres errances du rock. Le morceau implore qu’on vous vole votre vie parce que vous voulez être libres. Quel est le message en filigrane derrière ces symboliques ?
Elouan Jégat : C’est un titre un peu différent que l’on peut analyser de différentes manières. C’est un message sur le manque de confiance en soi, sur des convictions ou des choix difficiles à exprimer. Sur la nécessité aussi de se libérer d’une partie de son vécu, au sens très large. De ses démons aussi. Pour enfin respirer et justement vivre un peu plus !
Le second qui m’a vraiment touché est Appearances. Il m’a rappelé les univers de King Creosote & Jon Hopkins sur leur album Diamond Mine, et celui de l’Irlandais Damien Dempsey. Appearances sonne comme une prière. Les harmonies vocales y sont frissonnantes. À quoi correspond cet aspect le plus brillant que vous demandez à cet autre de vous dévoiler ?
Elouan Jégat : Merci pour ces références, que je découvre ! J’ai composé ce titre lorsque j’écoutais beaucoup Bon Iver (d’où ces choeurs!) et Beirut. Après avoir acheté un guide-chant – un petit harmonium qu’on utilisait pour accompagner les chorales – c’est la première mélodie qui en est sortie. En effet, une prière n’est pas loin. Les paroles sont venues beaucoup plus tard, alors même que nous avions déjà arrêté la trame de notre premier album Bow, axée sur la dualité Homme/Animal. Dans Appearances, c’est enfin l’histoire d’une rencontre, de la différence, de l’inconnu et de l’amitié dont il est question.
Quels sont vos prochains projets pour 2017 ?
Elouan Jégat : Pour ma part, je travaille sur un nouvel EP pour mon projet perso Skøpitone Siskø. D’autres parallèles sont également en cours, et bien sûr ceux pour Elk Eskape : on en a encore sous le capot !
Alexis Wolff : De mon côté, en parallèle d’Elk Eskape, je joue dans un groupe de post-punk new wave – je précise que le terme n’est pas de moi – qui s’appelle We Wolf, et qui a sorti son premier EP début février. Mikaël a sorti le premier album The Lost Souls bay de son projet The Wâll Factory, il y a quelques mois. Du coup, des concerts devraient être prévus prochainement.
J’ai remarqué sur la page Facebook d’Elk Eskape que vous alliez partager la scène avec K’s Choice. Ce sera le 12 mai prochain à Annemasse. Not an addict, Iron Flower et Mister Freeze : c’était il y a plus de 20 ans déjà ! Quels enseignements un groupe tel que le vôtre, formé il y a un peu plus de trois ans, tire-t-il du parcours des belges de K’s Choice ?
Alexis Wolff : On peut être belge et faire de la bonne musique ! (rires) Blague à part, nous aimons vraiment la scène belge, un groupe comme Deus est une vraie référence pour nous, avec Ghinzu, Balthazar, Girls in Hawai… Pour les K’S Choice, j’avoue être un peu passé à côté, mais voir un groupe perdurer plus de 20 ans c’est toujours cool !
Elouan Jégat : C’est toujours plaisant de voir que 20 ans après, il y a encore des choses à raconter et à partager. Si les envies, le feeling et la passion restent identiques, avec de la simplicité et le respect de chacun, alors il n’y a aucune raison d’arrêter une belle histoire !
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