On ne se lasse pas d’écouter la voix de Hannah Reid. C’est toujours aussi vrai avec le nouvel album de son groupe London Grammar qui sort aujourd’hui. Truth is a beautiful thing et on veut bien le croire. Dans l’enchevêtrement de mélodies dédiées à l’expression d’une infinité épurée, London Grammar porte sa condition très humaine et la confie à un destin qui, finalement, nous appartient. Oui, décidément, la vérité est belle.
Quatre ans. Voilà quatre ans que les fans de London Grammar attendaient, se passant en boucle les premiers tubes planétaires du trio anglais parus en 2013 – déjà ! – sur son premier album If you wait. Hey Now, Wasting my young years, Strong, Nightcall… London Grammar supprime les états de telle sorte à graver dans le marbre froid de nos ressentis une chaude espérance. L’âme s’envole, les frontières entre le ça et le moi cessent d’exister. C’est de la poésie d’aujourd’hui, magnifiée par la profondeur vocale de Hannah Reid, par ses mots, par des compositions made by Dominic Dot Major et Daniel Rothman dépassant le seul cadre du genre alternatif en proposant un véritable choix à l’auditeur.
London Grammar sait bousculer, heurter même. C’est sombre, depuis le départ. Mais on ne peut s’empêcher d’entrevoir la lumière au bout du tunnel. C’est salvateur, c’est une douceur qui permet de distinguer les vrais sensibles des faux. C’est une approche, une aventure. Un sourire esquissé sur un visage où seule l’inquiétude du regard pourrait attirer l’attention… Alors que l’essentiel se dissimule à côté de ces lèvres. Dans le coin. Dans cette part de réalité que tout un chacun feint d’ignorer et qui existe pourtant.
London Grammar : de l’enfer à l’éveil
Dans Truth is a beautiful thing, London Grammar offre une continuité somptueuse à l’auditeur. Ce deuxième album poursuit l’histoire commencée dans If you wait de façon à lui conférer certains éclairages juxtaposant intrigue, révélations et force de caractère. Dans le monde éthéré de London Grammar désormais connu de tous, l’enfer est donc l’issue choisie en toute conscience par les menteurs dans Hell to the liars, un morceau de plus de six minutes conçu comme la clef de voûte de ce second opus. Dans Wild Eyed, la voix cristalline de Hannah Reid porte ainsi l’éveil de chacun tout comme l’attente des autres qui le sont déjà.
Réalisé en partenariat avec le bras droit d’Adèle, Paul Epworth ; l’auteur-compositeur Greg Kurstin (Sia, Foster the people, Ellie Goulding) et le musicien d’electronica Jon Hopkins, Truth is a beautiful thing permet ainsi à London Grammar de gagner toujours plus d’envergure et de hauteur. Son survol des surfaces terriennes l’entraîne à identifier plus aisément le Non Believer de celui qui persiste à l’être.
Qui êtes-vous ?
Cette croyance est à son tour l’un des leviers permettant de séparer le bon grain de l’ivraie. Si elle peut se tourner vers le ciel, elle est surtout destinée à celle, à celui nous faisant face dans le miroir. À celle, à celui qui nous anime à l’intérieur. Who I am est dans ce sens précédé de sa version interrogative. Who am I ? Voilà une question existentielle essentielle que chacun ne semble pas se poser suffisamment souvent pour que London Grammar décide d’en faire une chanson.
Leave the war with me, avec vous-même aussi. Truth is a beautiful thing, vraiment. Il « suffit » pour se faire d’omettre les certitudes, leur tyrannie. D’isoler la Morale, injonction à ne pas penser. De se montrer digne en osant se confronter à soi-même, au-delà de l’habituel Control. Oh Woman, Oh Man ! Le sens de chaque chose tout comme celui de votre propre vie n’est pas loin. Encore un effort, vous y êtes presque. Vous pouvez changer, vous le pouvez vraiment. La Bitter Sweet Symphony de The Verve, reprise intensément par London Grammar en dernière plage, vous exhorte à le faire. Tel est le prix de cette si belle vérité : êtes-vous prêt à vouloir le payer ?
London Grammar : Site officiel