Martin Luminet dévoilera son premier album Deuil(s) le 17 février 2022. Un événement si tant est qu’on considère précisément ce qui se joue à travers lui et les mots de son auteur.
Martin Luminet est, entre autres, cet auteur, compositeur et interprète français qui déclarait il y a deux ans, lors de la sortie de son premier EP Monstre, que « la colère est une forme de lucidité ». Chez Skriber, on ne le connaissait pas avant de visionner le clip de son single Deuil partagé sur le web en novembre dernier. Mais il y avait de quoi tomber des nues. On a écouté, hoché la tête en signe d’approbation. On a pleuré aussi.
Car au-delà de ce qui habite Martin Luminet, c’est cette fine perception de ce qui habite les autres qui bouscule. Rien de plus, rien de moins. Entendez par là que le songwriter prend le temps de chercher ses mots pour faire émerger ceux tus depuis (trop) longtemps par ceux qui l’écoutent. Cela suggère des épreuves marquantes dans sa vie d’homme. Surtout, une capacité à les encaisser, à les comprendre puis à les dépasser. Et ce, dans son propre intérêt ainsi que dans celui du bien commun.
Une fois qu’on a dit ça, on s’attend à tout entendre. Mais rassurez-vous : si Martin Luminet a sans doute écouté du Barbara ou du Sheller dans sa prime adolescence, le but n’est en aucun cas d’avancer qu’il puisse en être l’incarnation symbiotique. Même si, quand même, ses textes ont de quoi filer la chair de poule tant ils sont, si souvent, réalistes. Que voulez-vous, on ne se refait pas. Et quand on prend le temps de vraiment penser à ce qu’il écrit, on réalise effectivement que beaucoup tueraient pour avoir le chagrin que lui, Martin Luminet, a la chance d’avoir.
Martin Luminet : amour et contradictions
Parce qu’on est d’accord avec lui pour dire qu’il n’y a pas d’amour quand c’est acquis (Revenir), on voudrait lui témoigner un bout du nôtre. Juste pour le mettre en appétit. Dès lors, qu’il ne s’étonne pas que l’on puisse s’aimer avec lui (Étouffer). Nous non plus, nous ne sommes pas du genre à aimer à la chaîne une autre vie. Et « le Garçon attachant auquel il ne faut pas s’attacher », même si on a bien compris l’idée, demeurera quoiqu’il arrive ce bon bougre qui réussira, un jour, à se laisser aimer. Pour l’heure, si Martin Luminet souhaite toujours conquérir notre cœur chaque jour, qu’il garde à l’esprit les contradictions qui nous rassemblent.
Quand on a une vraie plume, on peut dénoncer « l’hypocritiquement correct » avec bien plus de pertinence, d’élégance et de véhémence. Ceci dit, le Piège ne se referme qu’à partir du moment où l’on y prend part. Et c’est de là que surgit, pire que la haine, l’indifférence qui fait tout tomber dans l’oubli. Belle Époque, n’est-ce-pas ? Belle mentalité aussi. Si seulement il n’y avait que Praud, Bolloré et Hanouna. Et sur les autres chaînes ?
Quand on a une vraie plume, on a la lourde responsabilité de regarder de tous les côtés ce que beaucoup n’ont plus la volonté et/ou le courage de voir. On ne s’interdit plus de poser toutes les questions pour trouver, ensemble, les réponses. Quand on a une vraie plume, on ne stigmatise pas. On n’exclut pas « par principe » : on s’acharne à initier à nouveau tous les échanges, tous les débats. Voilà peut-être une clé, parmi d’autres, pour éviter de régresser en tant qu’individu et société. Notre Liberté ne pourra s’en porter que mieux. Aussi, la balle dans la tête attendra. Oui, Martin Luminet, sortons-nous les doigts, du cœur ou d’ailleurs. Il y a du pain sur la planche.
Martin Luminet : Facebook | Photo: David Desreumaux