Le nouvel album de Stephen Steinbrink intitulé Anagrams est sorti aujourd’hui. S’il est difficile de passer à côté d’un univers revisitant les 1960’s de fond en comble, il est aisé de se laisser embarquer par l’émotion de l’Américain synonyme d’un contre-courant psychique intense glorifiant l’aspect primaire et si juste de toute sa personnalité.
Stephen Steinbrink est un artiste complet et un peu solitaire originaire de Phoenix dans l’Arizona. Il fêtera ses dix ans de musique l’année prochaine. Pour la sortie d’Anagrams, il pose à côté d’un coq prenant tout comme lui la pause sur un simple banc en bois. Son air n’est pas celui de l’idiot du village mais celui d’un être qui revient au néant pour se confronter à ses origines. En fait, celles de tous.
« Peu importe le moment où je peux approcher cet état d’esprit grâce auquel les chansons sont choses faciles, il semble que cela reste arbitraire, presque comme si elles avaient pu exister avec ou sans moi. Je pense que tenter de n’être rien est une noble quête ».
Stephen Steinbrink n’est sans doute pas grand-chose dans l’espace infini du temps. Il a au moins le mérite de le savoir et de l’accepter. Pour dépasser la superficialité des formats régissant sa vie. Pour explorer et tenter de découvrir l’indéchiffrable.
Anagrams est un album qui s’apparente à un jeu. Plus précisément, à une marelle. Sauf qu’ici les numéros des cases sur lesquelles Stephen Steinbrink saute à cloche-pied ne sont pas ceux des titres de cet opus. Ils sont les époques dans lesquelles il voyage à bord de sa machine à remonter le temps. En réalité, il s’agit d’une simple ligne traversant les deux hémisphères de son cerveau pour que se rencontrent dans le cœur de chaque auditeur ceux du nord et du sud d’un monde atrophié par sa réinterprétation artistique.
« Attendre du processus de création de l’art qu’il soit un acte qui le clarifie est sans doute une idiotie » : cette déclaration de Stephen Steinbrink a de quoi interpeler. A minima, les sceptiques reconnaîtront l’existence d’un parti pris courageux en ces temps d’uniformisation à grande échelle de la pensée. Quant aux autres, les plus sensibles, ils sauront distinguer la volonté coriace de bousculer propre à tout artiste.
Il y a du Beatles, de l’Andy Shauf dans le style de Stephen Steinbrink. Il y a aussi du Herman’s Hermits, notamment dans le premier titre Absent mind : rappelez-vous le tube No milk today en l’écoutant, vous cernerez sans doute l’innocence de cette époque offerte à 2016.
Cette chanson contrebalance la troisième, Psychic Daydream, avançant tel un peloton de soldats la fleur au fusil, de retour de la guerre et imageant l’extrapolation d’aléas psychédéliques qui marquent le tempo d’une fin pour celui d’un nouveau début.
Un départ inédit porté entre autres par l’avant-dernier morceau Shine a light on him, et cette main qui effleure votre tempe pour calmer à jamais vos sifflements internes, redevenant dès lors la douce petite voix vous chuchotant : me revoilà.
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