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Voxes | Du Madchester au Mad parisien

voxes

De the Beatles à Oasis, en passant par the Who et the Brian Jonestown Massacre, le groupe parisien Voxes propose depuis quelques années une perspective actuelle du rock dont les vapeurs savent colporter une rengaine qui sait se faire une place. Dans une discothèque privée, sur scène, dans un regard nostalgique poussé à regarder droit devant, Voxes séduit et convainc. Dans l’attente d’un premier album, retour sur le parcours du groupe et de ses membres, leurs envies, leurs vibrations et leurs ambitions.

Bonjour les Voxes et merci d’avoir accepté cette interview. Depuis la sortie de votre premier EP Mind Fuzz en 2015, vous vous revendiquez du Madchester, un courant musical né à la fin des années 1980 en Angleterre avec les Happy Mondays et les Stone Roses. Il regroupait des artistes et des groupes tous originaires de Manchester et versés notamment dans la house et le rock. Quel est le rapport avec votre groupe électro rock psyché parisien ?

Nico (chant/claviers) : Il ne faut pas y voir qu’une inspiration musicale, ça va au-delà, c’est un état d’esprit. Manchester, c’est LA ville du rock pour moi. À la fin des années 80, il n’y avait rien à faire à part sortir le soir à l’Haçienda, écouter du rock et de l’acid house. On retrouve un peu ça dans le clip de Snake Charmer d’ailleurs. Cette envie de faire du rock et de faire danser. Cet appel à faire la fête. C’est devenu l’essence de notre groupe même si les sonorités ne sont pas toujours les mêmes.

Tom (guitare) : Il y a une pulsation et un côté hypnotique de la musique électronique que l’on retrouve aussi dans le rock psyché. Ce sont deux styles de musique qui recherchent la même chose : une sorte de transe. C’est ce que l’on cherche à provoquer avec notre musique.

voxes live

Si vous ne manquez pas de mots pour qualifier votre musique et votre état d’esprit artistique, on sait finalement très peu de choses sur vos parcours respectifs. Autant vous jeter dans l’arène dès aujourd’hui avec Skriber, qu’en pensez-vous ?

Nico : Tout a basculé à mes 15 ans quand je suis tombé par hasard sur What’s the Story Morning Glory d’Oasis. C’est l’album qui m’a donné envie de faire de la musique. Je me suis donc mis à jouer de la guitare tout en singeant la voix de Liam Gallagher, un problème toujours pas résolu aujourd’hui d’ailleurs ! Mais je suis 100% autodidacte, que ce soit au chant, à la guitare ou au piano.

Harold (guitare) : Mes parents ont toujours été deux accros de rock anglophone. J’ai donc été immergé très jeune dans les grands classiques : the Beatles, the Rolling Stonesla Motown… Puis j’ai fait plus de 10 ans de conservatoire : ce n’est pas ce qu’il y a de plus rock ! Pourtant, ça m’a donné les meilleures bases pour passer d’un instrument à l’autre. Ça ne m’empêche pas de jouer désaccordé dans un morceau sur trois ceci dit (rires).

Tom : J’ai appris la guitare en jouant avec Harold depuis des années. Mon parcours est très chaotique. Aucune cohérence dans la formation ou les influences. Plutôt une succession aléatoire d’erreurs et de découvertes absurdes.

Doud (claviers) : Petit, je souffrais d’épilepsie et ça me faisait rater pas mal de jours d’école. Du coup, pour que je m’embête moins à la maison, ma mère m’a mis au piano avec un prof particulier. Puis quand je ne jouais pas, je tombais dans les disques de mes parents et je m’évadais. Comme Harold, j’ai grandi dans les grands classiques.

Görsel (batterie) : Ça fait à peu près 22 ans que je joue de la batterie : et oui, je suis le papa du groupe ! Ma prof d’anglais m’avait viré de la classe pour que j’aille faire de la musique plutôt que de perturber son cours. J’ai bien suivi son conseil. À la même époque, mon père m’avait laissé installer une batterie au milieu de notre salon. J’ai volé une méthode de batterie funk dans un magasin de musique, à l’époque tout était sur cassette. Je n’ai jamais arrêté de jouer depuis. Mes plus grandes influences sont notamment the Who, the Brian Jonestown Massacre, King Gizzard and the Lizard Wizard.

voxes snake charmer

On sent une réelle volonté de valoriser une identité atypique, ne serait-ce que dans les mots choisis sur la page Facebook de Voxes pour définir le rôle de chacun au sein du groupe, à l’instar de Nick qui devient un « Voodoo Prayer » tandis qu’Ed est le « Guru Bass ». D’où vous vient cet imaginaire collectif servant aujourd’hui votre stratégie promotionnelle ?

Nico : Comme tout bon groupe psyché qui se respecte, on a emprunté de nombreuses références à l’Inde et à ses fantasmes : les sitars, les mantras, le karma…  Il y a quelques années, on disait même qu’on s‘était rencontrés dans un ashram ! (rires) Maintenant que nous n’utilisons plus de synthés pop, il va peut-être falloir aller vers autre chose : c’est en réflexion !

Harold : On a tous été hyper marqués aussi par le film Dig, et notamment la manière dont fonctionne the Brian Jonestown Massacre avec des membres qui apparaissent et disparaissent en permanence. Voxes s’est un peu construit de la même manière. Je crois que depuis qu’on existe, on a dû avoir une bonne dizaine de membres différents. Malgré tout, les personnages et l’identité de Voxes restent immuables.

Doud : Disons qu’il y a beaucoup de groupes que l’on adore qui sont passés par la case « mantras and co », et ce, dans toutes les générations. Nico parlait de the Beatles, Harold de the Brian Jonestown Massacre, mais on pourrait en ajouter plein d’autres : Elephant Stone, Kula Shaker… La base commune de nos inspirations est fortement imprégnée de ces aspects mantras, psyché. Je pense qu’on aime tous s’oublier un peu et mettre le boxon de temps en temps. Quand même hein ! (rires)

Tom : Avant internet, il y avait beaucoup plus de mystère autour des artistes. Il fallait déchiffrer les notes des pochettes, scruter les détails de l’illustration. J’aimerais bien qu’on soit le genre de groupe dont les fans écoutent les morceaux à l’envers pour entendre des messages subliminaux. Il se peut même qu’il y en ait déjà, qui sait ?

Görsel : À cette époque, je ne connaissais pas encore Voxes. Ça fait plaisir d’entendre qu’ils étaient eux-aussi fans de Dig ! Je regardais ce docu en boucle, et de temps en temps, je le variais avec un autre consacré à the Who : The Kids are Alright. Pour moi, la créativité est fortement liée à l’univers dans lequel on vit. Ça a une grande influence sur notre perception de la musique mais aussi sur notre vision du monde en général.

« J’aimerais bien qu’on soit le genre de groupe dont les fans écoutent les morceaux à l’envers pour entendre des messages subliminaux. Il se peut même qu’il y en ait déjà, qui sait ? »

En 2016, vous sortez un second EP intitulé Snake Charmer. L’emprise électro se renforce pour décrire selon vos termes « une odyssée hypnotique s’articulant autour de 4 titres vénéneux qui s’entremêlent comme des serpents ». Si le poison est plus doux que celui qui a été vendu, on perçoit surtout les sonorités pop British underground un brin branchouilles. Si je vous demandais de me décrire Snake Charmer comme s’il s’agissait du living room de votre chez-vous musical, à quoi ressemblerait-il ?

Nico : Un bar à gin, parce que l’EP est un appel à la fête et qu’il y a un jeu de mots avec « gin tonic » dans la chanson titre. Ah parce que j’adore ça aussi !

Harold : Un pot de fleur avec un petit cactus dedans. C’est inspirant les cactus (rires).

Doud : Un bouddha. Pour l’aspect calme et apaisant. So rock’n’roll !

Görsel : Une boule à facettes, ça crée de l’ambiance.

2016 est également l’année de vos premières scènes de choix. Vous vous êtes notamment produits deux fois au Bus Palladium, en ouverture de Bombay à la Clef St Germain, à l’International, au Glazart. Vous remportez également les tremplins Amplitudes et Findspire cette même année. Jusqu’à quelle scène vous mène votre plus grand rêve de live ?

Nico : Ce n’est pas la plus grande salle, mais l’Olympia avec le nom du groupe en rouge sur la devanture, ça fait toujours rêver. Sinon, à Glastonbury, sous la pyramide !

Harold : Je dirais l’Élysée Montmartre. C’est là que j’ai vu mon premier vrai concert. Et puis un lieu qui a d’abord été un cabaret pour devenir une salle de boxe, puis qui brûle pour réapparaître encore plus beau qu’avant, le tout en plein 18ème, arrondissement de ma naissance, ça le fait !

Doud : Ouais je suis d’accord avec Harold ! Ou alors la Flèche d’or !

Tom : J’aimerais bien une résidence dans un club de Las Vegas, comme Elvis ou Céline Dion.

Görsel : Pour moi ça serait n’importe quelle scène au Primavera Sound à Barcelone. C’est le plus beau des festivals auquel j’ai assisté, ça me fait rêver de pouvoir y jouer un jour.

voxes night

Quels sont les éléments que Voxes aura prochainement à mettre en œuvre pour y accéder ?

Nico : Faire en sorte que cette interview devienne virale, soit diffusée partout, nous aide à nous faire repérer et qu’on signe un contrat en or. Comme ça, je pourrai également acheter un bar à gin ! (rires)

Harold : Continuer à tourner autant que possible.

Doud : Creuser et travailler les possibilités sonores. Améliorer les arrangements.

Görsel : Perfectionner notre set à tel point qu’on puisse jouer parfaitement dans les pires conditions, complètement bourrés, avec les yeux bandés, sans retour, et pour moi, sur une batterie de gaucher par exemple (rires).

À quoi ressemble le quotidien d’un Vox ? Doit-il se nourrir des serpents qu’il charme pour survivre, ou cumule-t-il plusieurs activités professionnelles à côté de la musique en attendant de percer ?

Nico : Les deux, puisqu’on est plusieurs à avaler des couleuvres au taf en attendant que ça marche (rires).

Harold : Fermer les yeux le lundi et ne les ouvrir à nouveau qu’à partir du « jeudredi ».

Doud : On forward des feedbacks asap pour le prochain call. Comme tout le monde.

La musique pour Voxes : envie passagère ou réelle ambition d’une vie pour laquelle vous êtes prêts à tout sacrifier ?

Nico : Quand la chance se présentera, il faudra la saisir.

Doud : Tu crois vraiment qu’on a envie de faire des présentations powerpoint toute notre vie ? (rires)


Voxes : Instagram

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