Genius est le premier long-métrage réalisé par Michael Grandage et sort mardi prochain en Blu-Ray et DVD. Il conte l’histoire du génie au cœur d’une époque aux antipodes de la nôtre. Qu’est le génie ? Voilà bien une question qui échappe habituellement à nos perspectives et à nos pensées tant il paraît bien éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Pourtant, s’il dépasse l’entendement et paraît inaccessible pour la plupart, le génie est aussi une valeur et un art de vivre qui surpasse les concepts d’acquisition, d’appartenance et de pouvoir.
Thomas Wolfe (Jude Law) est un écrivain né au début du XXe siècle. Il partage sa vie avec Aline Bernstein (Nicole Kidman), malgré que celle-ci soit déjà mariée et de dix-huit ans son aînée. Ils sont amants, elle deviendra également sa mécène durant l’écriture de son premier roman, L’ange exilé. Wolfe le présente à l’ensemble des éditeurs de New-York. Tous rejettent le manuscrit. Tous hormis un.
Persuadé d’obtenir un énième refus, Wolfe se retrouve dans le bureau de Max Perkins (Colin Firth). Celui-ci travaille pour les Éditions Scribner. Il s’est fait un nom quelques années plus tôt grâce à ses découvertes des écrivains Francis Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway. Wolfe sera donc le prochain sur la liste de Perkins. L’ahurissement de l’auteur est palpable. De cette première rencontre naît une relation singulière entre les deux hommes, passant dès lors le plus clair de leur temps ensemble pour remanier en profondeur les écrits de Wolfe afin d’en faire de véritables best sellers.
Les atours du Genius
Film réalisé d’après l’œuvre d’Andrew Scott Berg parue en 1978, Max Perkins : editor of genius, Genius va à contre-courant des contextes scénaristiques les plus souvent utilisés dans les productions américaines, à quelques exceptions près. Il nous replonge dans la période de l’entre-deux-guerres durant ces années folles précédant la Grande Dépression de 1929.
Pas de smartphone, pas d’ordinateur, pas d’écran géant sur Time Square : les pages blanches expriment leurs caractères grâce aux doigts des dactylos, le chapeau est de rigueur et la clope à le vent en poupe. Au-delà de la réussite des décors imprégnés de cette époque, Genius a ceci de brillant qu’il sait emporter le spectateur. Il ne le laisse pas se prendre au jeu dans ces termes : c’est le jeu qui s’éprend de lui. Il s’insinue en lui sans qu’il n’y prenne garde.
L’enseignement du Genius
Genius est une poésie. La justesse de la narration permet de vivre chaque prose et de la sentir se tortiller dans nos tripes. Elle efface les longueurs de quelques séquences présentes durant la première demi-heure du film. Associée à la précision de l’interprétation de chaque membre de la distribution, elle prend le temps du génie et s’emploie à peindre les contours de son sens véritable jusqu’à l’éveiller chez chaque spectateur, au-delà de la nature des liens interpersonnels existant entre les différents personnages. Au-delà des transpositions psychologiques relationnelles stéréotypées père-fils dont Michael Grandage évite le piège avec tact.
Le génie ne mérite-t-il pas qu’on s’en donne la peine ? Sans doute. Car il élève bien plus que des ambitions matérialistes primaires, loin d’être primordiales. Car il suspend le cours du temps dans l’existence humaine et l’aide à exprimer toute sa complexité, à révéler toute sa fragilité. Le génie est multiforme, en constante évolution. Il écrit, transforme, réinvente, anticipe. Le génie répond au génie. Voilà pourquoi le seul génie n’existe pas dans Genius.
Et vous, quel type de génie êtes-vous ?