Et non ! Skriber ne vous proposera pas un énième article sur la sortie du Réveil de la Force. En revanche, je vous invite à la sortie de Star Wars à prendre un autre billet pour une séance en compagnie de Monsieur Sim et de sa vie très privée, également dans les salles depuis mercredi. Nul doute que vous saurez retrouver dans cette histoire un peu de la vôtre.
Le réalisateur du Nom des gens, Michel Leclerc, nous revient avec un tout nouveau conte moderne cette semaine à travers son nouveau film : La vie très privée de Monsieur Sim. Le titre a de quoi intriguer. Il sait également insinuer le doute quant à la teneur et au rendu final de cet essai consacré à un personnage pas si ordinaire que cela. Car François Sim (Jean-Pierre Bacri), même s’il apparaît sous les traits d’un homme dénué de toute sensibilité et irradiant l’ennui, va entamer un vrai chemin de croix. Celui-ci le mènera à une révélation de lui-même presque inattendue.
Ce film nous cause d’une façon ou d’une autre. L’expérience de la solitude y est dépeinte comme un sacerdoce jusqu’à devenir la clé de la réalisation complète de soi-même. Ainsi, la vie de François Sim suit-elle celle d’un autre personnage ayant traversé les mers par le passé. Ce dernier a lui-même expérimenté cette solitude profonde jusqu’à la folie. Introduit lors d’une rencontre arrangée entre François Sim et Samuel (Mathieu Amalric) au début du film, il va interroger notre héros durant tout son périple dans le sud de la France. Une destination désignée par son employeur pour y prêcher la bonne parole de l’entreprise et de ses brosses à dents écologiques et révolutionnaires.
La vie très privée de Monsieur Sim : passer à côté de sa vie n’est pas inscrit dans les gènes
Reconnaissance, ressemblance, confrontation, introspection : la fin du film recèle ceci d’étonnant qu’elle laisse place à une ouverture sur l’avenir de ce héros des temps modernes. Et ce, par le croisement de deux destins qui n’étaient en rien voués à se présenter l’un à l’autre. Vous l’aurez compris : La vie très privée de Monsieur Sim est avant tout une expérience. L’une de celles qui ne fait pas rêver et qui pourtant transporte. La force à mettre en œuvre et à maintenir pour faire face à celle ou celui que l’on n’a jamais voulu être, ainsi qu’à l’ennui de nos existences qui en résulte, suppose une volonté spirituelle et psychologique hors-norme et hors du temps.
C’est bien pour cette raison que La vie très privée de Monsieur Sim est un conte moderne. C’est bien pour cette raison qu’il est un héros. Car s’il découvre « à temps » le secret d’une vie, la sienne, capable de lui ouvrir les portes de lui-même, il initie chez le spectateur la nécessité d’en faire de même. Dès que possible. Certes, l’existence est une urgence en elle-même capable d’installer à durée infinie les plus profonds regrets. Néanmoins, si chacun est capable de la percevoir comme ce qu’elle est vraiment, elle forme un élan nouveau au service du sens de ce qu’il est. Dans toute son imperfection bien humaine. Dans tous ses désirs et ses rêves les plus viscéraux.