Vers la fin de l’été dernier, Jules Ahoi et son band ont dévoilé le clip animé de leur single Icarus, réalisé par l’artiste Julia Jesionek. C’était quelques jours avant la sortie de leur nouvel album Magnolia (The Bauhaus Tapes), paru chez Embassy of Music le 6 septembre 2024. On avait déjà partagé deux de leurs titres dans nos moodlists. Et comme on avait adoré Icarus, on s’est dit que ce serait une chouette idée d’en parler avec le principal intéressé. Rencontre.
Bonjour Jules, et merci d’avoir accepté cette interview. Te souviens-tu du contexte dans lequel tu as écrit et composé ta chanson Icarus ?
Jules Ahoi : Bonjour Florian. En fait, Icarus est une chanson dédiée à mon père. Malheureusement, il nous a quittés il y a quelques années. Pendant longtemps, j’ai tourné autour de ce sujet sans jamais oser l’aborder artistiquement. Peut-être par crainte des profondeurs émotionnelles qu’il réveillerait en moi…. En janvier 2023, j’ai été invité en résidence d’artiste au Bauhaus Dessau. Là-bas, j’ai eu le temps et l’espace pour vivre et créer. J’ai ressenti que c’était enfin le bon moment pour affronter ce sujet.
J’ai passé des semaines, dans une pièce nue et vide, à observer le parcours du soleil et les reflets qu’il dessinait dans l’espace. Sans aucune distraction, absolument rien. Au Bauhaus, j’ai trouvé le silence et l’ouverture nécessaires pour laisser mes pensées se déployer pleinement sur cette histoire.
Quel est le message principal que tu souhaitais y développer en quelques mots ?
Jules Ahoi : Saisis chaque occasion de faire partie de la vie de ceux que tu aimes. Un jour, cette porte se refermera pour toujours.
Tu as collaboré avec Julia Jesionek pour la réalisation de ce clip. Pourquoi l’avoir choisie elle et pas une autre ?
Jules Ahoi : Julia est une artiste qui me fascine profondément. Ses peintures et animations résonnent en moi. Elles offrent une perspective qui va bien au-delà de la surface. Cela fait longtemps que je suis son travail. Quand j’ai appris qu’elle était ouverte aux collaborations, je n’ai pas hésité une seconde à la contacter !
On s’est rencontrés autour d’un café glacé et on a décidé de bosser ensemble sur Icarus. J’étais vraiment ravi, et je crois que c’était réciproque. Julia a ensuite soumis le film à plusieurs festivals. Elle a reçu des retours incroyables. Honnêtement, ça ne pouvait pas mieux se passer. Je suis extrêmement fier qu’elle fasse partie de ce projet.
Quelles sont les trois choses qui te plaisent le plus dans le travail de Julia, et qui correspondaient vraiment à ta propre approche créative musicale ?
Jules Ahoi : Ce qui me captive toujours dans le travail de Julia, ce sont les petits détails qu’elle intègre à ses œuvres. J’aime aussi la liberté qu’elle prend pour interpréter ma chanson à sa manière. En tant qu’auteur, j’avais forcément une vision en tête. Mais je ne la lui ai jamais partagée. Et pourtant, Julia a parfaitement saisi l’essence du morceau, dès la toute première esquisse. J’ai été bluffé ! Dès ce moment-là, tout a coulé de source.
Ce qui me fascine le plus chez elle, c’est son approche multidisciplinaire. Elle peint, crée des vidéos, travaille la sculpture. Et du jour au lendemain, elle sort une petite collection de T-shirts peints à l’aérographe. J’adore voir cette profusion d’idées qui jaillissent constamment de son esprit.
Ton album Magnolia est sorti en 2024. Quel recul en as-tu ?
Jules Ahoi : Avec Magnolia, le groupe et moi avons vécu une année incroyable. Nous sommes retournés plusieurs fois à Dessau pour réaliser des photos de presse dans ce lieu chargé d’histoire. Nous avons tourné des sessions exceptionnelles à Berlin. Et j’ai eu l’opportunité de parler beaucoup (sourire). Pas seulement de ma musique, mais aussi, pour la première fois, de mon travail en tant qu’artiste visuel.
Cela a apporté une toute nouvelle profondeur à mon projet Jules Ahoi. En même temps, cela a marqué une transition. D’un projet purement musical, il est devenu une démarche artistique plus large et interdisciplinaire. J’adore cette évolution, car mon expression artistique n’a jamais été limitée uniquement à la musique ou au texte.
Qu’annonce cet album pour 2025 ?
Jules Ahoi : En regardant vers 2025, je suis vraiment enthousiaste à l’idée d’étendre considérablement notre tournée. Nous reprendrons la route en mars, puis en septembre/octobre, avec une série de concerts dans des petites villes en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Au total, nous allons passer près de quatre semaines sur la route ! Après cela, il sera temps de clôturer le chapitre Bauhaus et Magnolia. Patience : de nouvelles choses se profilent à l’horizon 🙂
Jules Ahoi : site officiel | Magnolia : liens | Photo : Frederike Wetzels
