Il est des soutiens comme des jours. Il est des mains qui nous portent et que l’on ne voit pourtant pas. C’est ce qui est arrivé à Pauline Dupuy dernièrement pour le financement de son nouvel opus qui sort le 13 janvier et dédié à Georges Brassens, À l’ombre du cœur. Un financement participatif mené par Microcultures, et une collecte qui devient un vœu : celui des 196 internautes ayant permis finalement sa réalisation. Il est aussi des soutiens d’une autre nature. Il est une nature qui se mue en un plaidoyer pour une émotion simple qui s’installe dans les mots d’un géant d’antan. Contrebrassens, tout contre son souvenir. Contre ce qui fut. Contre ce qui demeure, contre ce qui change.
Dans l’alcôve de sa contrebasse, Pauline Dupuy imagine sa vie au côté de celui qui aurait pu être un père. Un oncle, un frère, un seul ami. Après un premier EP sorti en 2015 révélant déjà son secret espoir de le faire revivre, la Stéphanoise ose s’accrocher au mythe, l’effriter, le bousculer, avec toujours cette bienveillance ressentie dans son doigté et dans sa voix.
Une voix qui aurait pu se faire entendre dans les postes de radio durant la seconde guerre ou dans un gramophone blotti dans le coin d’un salon garni. Qui réinvente le passé pour le faire aujourd’hui. Une voix d’une justesse certes technique, mais surtout émotionnelle. À travers Contrebrassens, Pauline Dupuy donne un sens à son parcours depuis sa sortie du Conservatoire de Saint-Étienne. Contrebrassens, elle partage les battements d’un cœur qu’elle pensait sans doute être les siens, alors qu’il s’agissait bien de ceux dans sa poitrine.
Quand intelligence et humilité décidèrent de se marier
À l’ombre du cœur est suffisamment pensé pour qu’on devine que chaque rime de Georges Brassens fit un chemin bien précis dans l’imaginaire de Pauline Dupuy avant d’être empruntée. Les jeux des mots du grand poète musicien ayant marqué l’Histoire au-delà des générations et de leurs fossés acquièrent une toute nouvelle subtilité.
Et lorsqu’il s’agit de s’éprendre des vers de Louis Aragon, magnifiés par la composition de Georges Brassens. Lorsqu’il n’y a pas d’amour heureux, lorsque tout est dans le titre. Lorsque Nina Simone puis Françoise Hardy s’essayaient déjà à le comprendre et à le faire ressentir. C’est à cet instant que Pauline Dupuy décide de conférer à cette réalité sa touche. Ou plutôt, sa vibration. Celle d’un émoi qui ne peut être interprété ainsi sans l’avoir vécu.
Contrebrassens : contre et pour Brassens
Il faut une sacrée dose d’élégance pour bâtir ainsi une identité artistique, dans les mots et les partitions d’un autre. Si Pauline Dupuy démontre la sienne si naturellement, c’est sans doute parce que la trame de sa vie sait se fondre dans l’ombre des perspectives musicales et scéniques qu’elle accompagne depuis plusieurs années pour en tirer sa propre lumière. Avec ou sans sa contrebasse, ses rôles de composition forment son originalité, sa différence, que ce soit auprès de musiciens tels que Michael Wookey ou ArtDeko, qu’au sein des compagnies de théâtre pour lesquelles elle innove en créant ses personnages de toutes pièces, garanties 100% authentiques.
Alors, pourquoi ce nouvel album dédié à Georges Brassens ? Pourquoi pas un album avec ses propres chansons ? La réponse est tout aussi simple et évidente qu’À l’ombre du cœur, et c’est Pauline Dupuy elle-même qui la donne : « Parce que maintenant ses chansons sont devenues un peu les miennes ».
Contrebrassens : site officiel