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La Féline | Le chat qui feule ne la mordra plus

la féline agnès gayraud

Agnès Gayraud ôte à nouveau son masque et ses frusques. Elle sort de sa tanière en plein milieu de l’hiver. Elle laisse respirer La Féline au grand air dans un nouvel album intitulé Triomphe. Le second où sa seule voix conte. Les morsures du froid ne sont rien comparées aux siennes, des claquements de canines bien sentis. Ils attrapent au vol les oiseaux d’une raison critiquée au nom même de celle bien comprise. Sans doute l’effet d’un instinct animal philosophiquement modifié. Dont la gloutonne sauvagerie aurait été atteinte de parcimonie.

Dans la tête d’Agnès Gayraud, les bribes d’une conversation avec elle-même et les autres. La reconnaissance par ses pairs de sa résilience. Par son public, de sa persévérance à toujours oser. Désormais, terminés les bye-bye électro-pop à la gamine aux abois qu’elle fut jadis. La Féline ne gonfle plus sa queue. Elle préfère la tapoter tranquillement sur les bords de notre mentalité dans un nouvel opus à paraître ce vendredi : Triomphe.

Triomphe de l’œil de lynx voyant au-delà du livre ouvert posé sur la table. Dans la quête quête d’un existentialisme capable de faire revivre les plus simples panoramas d’une mémoire. Les plus beaux aussi. Triomphe d’un état perfectible plus que parfait. Et cette sensation que La Féline prend enfin le pas sur sa maîtresse de toujours après un dernier frottement affectueux sur son mollet.

Elle se lèche les babines, gourmande de cette évasion nouvelle. Celle-ci tranche radicalement avec l’insouciance émulsionnée d’une fausse individualité d’antan. Celle ronronnant gentiment dans son « cou-couche » panier en attendant le soir au coin du feu. Le gosier rempli de sa bonne pâtée et le poil enorgueilli des caresses de ceux qui finiront par pester d’en retrouver sur les manches de leur pull en mohair.

La Féline : âmes par transition

« Toi et moi, nous fûmes longtemps trompées. » Senga est d’abord l’aveu d’une obscurité. En tous les cas, perçue et qualifiée ainsi par la tribu de l’amazone à la peau d’ébène. Celle-ci a le choix d’accepter son rituel d’initiation ou de le refuser. Senga est une panthère aux griffes acérées. Qu’elle eut le temps d’aiguiser comme des lames de rasoir. Senga n’a plus peur de l’exclusion, y compris celle du ciel. Ni que la société écrase sa véritable identité par la société. Senga se redresse, prête à surgir des buissons pour satisfaire sa soif de vérité.

Senga est La Féline. Et La Féline a déjà donné. Celle qui la tenait en laisse a une liste longue comme le bras de références normaliennes, médias, journalistiques, philosophiques motivant la digne humilité dont elle fit preuve pour montrer patte blanche aux yeux du monde entier. Sans renier cette double facette entretenue depuis tant d’années, La Féline veut néanmoins en sortir. « Au fond de l’eau, les rayons se fendent », à l’instar de ces carapaces forgées dans les armureries d’Héphaïstos, le grand pote de ce pochetron de Dionysos. Il est invoqué par La Féline au même titre que Le Plongeur pour ne plus dissimuler cet état d’euphorie suivant son musellement. Tout reste à savoir quel sort Poséidon lui réserve. Mais là aussi, La Féline s’en balance désormais.

Redistribution des rôles

Cela pourrait commencer ainsi : « Chère Agnès Gayraud, si nous étions jamais séparés, La Féline que j’ai toujours été saura retrouver votre trace pour que nous soyons à nouveau côte à côte. Car La Féline que j’ai toujours été et que vous fûtes vous aussi par la même occasion, ne saurait confier au hasard ou à la chance nos retrouvailles. Une fois n’est pas coutume, c’est notre envie d’être ensemble qui recréera les liens distendus. Notre attachement n’est ni industriel ni culturel. Il est.

Sous la visière de cette héroïne casquée que vous incarniez encore hier, vos yeux se baisseront pour saluer le nouveau Trophée que je vous offrirai. Comme la première fois, vous serez impressionnée. Puis ce sera votre tour de prendre exemple sur moi. D’imiter mon souffle, mon regard au loin, mes pas de chat. Car vous le savez tout autant que moi : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Vers le Triomphe de cet équilibre « né le jour où vous avez dit que nous étions libres. »


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