Quelque chose lui manque et elle ne sait pas pourquoi. Pourtant, Anka Ujma sait se faire entendre à travers son trio Loa Frida, dans toute la mélancolie traduisant une quête lumineuse remplie d’espoir. Loa Frida revient mardi prochain avec un nouvel EP intitulé Bipolar. Un nom précisément choisi si l’on s’en tient à l’état d’esprit fantasmatique et extatique qui côtoie l’obscurité de certains de ses textes. Mais ne vous y trompez pas : Loa Frida ne fait que sourire. Elle chatouille notre solitude un brin rebelle pour que nous puissions comme elle, répondre à cet appel.
Loa Frida. Un rien d’exotisme venu du nord, et pour cause : l’auteure, compositrice et interprète Anka Ujma est originaire de Pologne. Il n’est pas encore question des grands froids de la Scandinavie. Il s’agit d’une histoire à la frontière, celle se voulant fédératrice plus que séparatrice. La naissance de Loa Frida eut lieu en 2011 dans le sud de la France, lorsque les cache-nez s’envolèrent grâce aux vents de l’été. À l’époque, ce sont Pierre Carsalade et Jocelyn Bonnerave que l’on retrouve sur scène avec Anka Ujma, respectivement aux claviers et à la guitare. La formation déploie ses ailes et fonde ses premières gammes.
Dans les empreintes laissées par Björk, Kate Bush, Yael Naim, mais aussi Maggie Reilly (rappelez-vous son featuring sur le titre écrit et composé en 1983 par Mike Oldfield, Foreign Affair), l’alternative musicale soumise par Loa Frida au monde entier se fait pop, trip-hop même, pétillante, avec déjà cet élancement perceptible notamment dans les titres Tiger in a cocoon et Hunted, tirés du premier EP du trio Pop-Fiction sorti en novembre 2014.
Depuis, les contours de Loa Frida ont pris des rondeurs et du volume. Comme une bulle qui envahirait l’espace sans jamais éclater. Comme une nouvelle atmosphère qui serait la seconde peau de notre terre. Une belle harmonie que chacun aurait le loisir de pénétrer, sur les airs du vibraphone de Juliette Carlier se substituant à ceux de la guitare. Sur la voix d’Anka Ujma, une petite magicienne cachée dans les grosses mailles de ses pulls arc-en-ciel.
Loa Frida : Bipolar is not enough
Il faut en plus que Loa Frida soit cohérence. On sait à qui l’on a affaire en quelques instants se mesurant souvent en secondes. On sait de la même manière ce que recèle Loa Frida en écoutant son nouvel opus Bipolar. C’est autocentré, certes. Néanmoins, c’est aussi et surtout profondément ressenti. Une fois qu’on l’a compris et comprise, alors le tapis rouge se déroule jusqu’au seuil de son évasion. Puis jusqu’au cœur d’une dramatique introspection qui refuse d’abdiquer. De toutes ses forces.
Si les claviers de Wonder sautillent et se font guillerets, les paroles laissent entrevoir les spectres de souhaits demeurant assis, juste à côté d’Anka Ujma, à la façon d’un grand-père. Les jours se comptent un à un, dans ce parc où le frère ne sait pas plus qu’elle combien il en reste.
Hidden and finally revealed
La seconde plage de Bipolar est sans aucun doute la plus réussie. Elle est un dialogue qui s’évapore pour finalement revenir puis déferler. Dans les reflets de cette pierre froide et brillante, devenant le totem de la vulnérabilité de l’être, Anka Ujma verse des larmes tout en conservant son sourire. Je pleure, mais ne t’en fais pas, tout ira mieux demain.
Hello World ! Un nouveau jour commence. Dans l’opiniâtreté d’un quotidien qui embourbe, la Beauté devient démon, la Bête, son unique moyen de rédemption. Mais ne t’en fais pas, tout ira mieux demain, Washed up by the ocean, le vaste océan sauvant le monde aujourd’hui et une fois de plus. Une main puissante lui ajoute un L, la voilà devenir Lola. Loa Frida lui ressemble finalement beaucoup. Sœur de sang ou de cœur, le morceau est une signature qui invite à imaginer, à extrapoler, à tempérer. Un bel engagement aussi, une offrande à ce qui vient de tout et de nulle part. La dernière image d’Anka Ujma enfin, ce sourire persistant dans la pénombre qui s’installe et dans les mémoires, jusqu’au premier album de Loa Frida.
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