Sous ses allures de jeune homme éternel, on pourrait le croire fraîchement débarqué dans le monde de la musique : il n’en est rien. Octave Noire sort vendredi un premier album intitulé Néon, en hommage au plus petit et au plus grand. Vaste sujet si l’on considère l’univers résidant au cœur de chaque atome, qu’il soit volatil-isé ou dans tous ses autres états.
Octave Noire : derrière cette identité inédite qualifiant son nouveau projet musical, Patrick Moriceau comble ses ardeurs électro une fois de plus par le biais d’une perspective créative réinventée qui ne laisse subsister aucun doute quant à sa volonté de faire clairement comprendre son idée. Dépassant le stade de l’expérimentation vocale et instrumentale, Octave Noire devient ainsi le révélateur des pourfendeurs de musiques actuelles. Et si le minimalisme des textes et des compositions dans Néon est poussé à l’extrême, c’est bien pour témoigner de l’évolution de l’artiste et de sa prise de distance avec ses précédentes expériences extatiques, notamment avec Aliplays et Bazarnaüm.
Son inconscient demeure à jamais en Afrique où il vécut durant les dix premières années de sa vie. Un berceau de la vie qui devint le sien et qui accompagna ses premiers émois musicaux, lui aussi frappé par l’excellence de Mike Oldfield sur son Tubular Bells. Lui aussi amoureux des détours technologiques avant-gardistes employés par Jean-Michel Jarre. Lui aussi tout simplement fait pour dire quelque chose en musique. Sa chose à lui.
Octave Noire : l’Alchimiste
Ce n’est pas tant son parcours qui dessine cette figure dans l’ombre d’Octave Noire. Même si l’amour s’en va puis revient, même si le moi s’égare pour préparer son retour à la case départ. Même si l’intention existait avant : Néon, plus qu’une simple production musicale, est ce jour où Octave Noire finalement se trouva.
« Cent millions d’années, une seconde, une éternité, pour faire un monde » : les quelques mots d’Un Nouveau Monde transfigurent le petit bout d’espace de l’ancien élève de la Sorbonne que fut Octave Noire pour faire tomber les frontières de l’ordinaire. Sa voix titille celle d’Alain Chamfort, sa technique, celle de Vincent Delerm. À cela près qu’Octave Noire désormais s’en balance. Et ce n’est pas pour nous déplaire.
Jusqu’à la quintessence
Néon ne se borne pas à explorer, à dévoiler, à relier l’infiniment petit à l’infiniment grand. Il n’est pas qu’un gaz symbole. Néon est un cinquième élément philosophique s’ajoutant naturellement à ceux déjà découverts par Octave Noire durant sa vie et garantissant la cohésion de celle-ci. Une unité sentimentale et personnelle clairement perceptible dans My Hand in your Hand. S’appuyant à son tour, après tous ces autres, sur les évocations ornithologiques de Jean-Baptiste Clément, Octave Noire y dépeint l’amour fusionnel d’une légèreté pour le temps qui passe. Et le soleil au cœur des amoureux.
Si sa connivence avec Sébastien Tellier parfume La Neige en été de notes doucement psychédéliques, c’est pour mieux prendre une fois de plus ce temps-là. C’est pour mieux saisir la chance de voir loin, au-delà des torpeurs du manque et de l’instant. Depuis ces hauteurs rendant visible ce qui n’aurait pas pu l’être autrement.
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