Rust on the Rails est un groupe américain formé en 2014 par Cody Beebe et Blake Noble. En janvier dernier, le groupe sort son premier album Talisman, axant sa progression sur un rock mêlant esprit d’initiative et de transgression. Son identité est celle construite sur les routes américaines de l’état de Washington et d’ailleurs. Rencontre avec Blake Noble à son retour de la dernière tournée européenne de Rust on the Rails.
Bonjour Blake et merci d’avoir accepté cette interview. Tu es compositeur et multi-instrumentiste. Avec Cody Beebe, tu es à l’origine de la formation du groupe Rust on the Rails en 2014. Le groupe compte également dans ses rangs le bassiste Eric Miller et le batteur Chris Lucier. Rust on the Rails succède à Cody Beebe and the Crooks, un premier projet musical fondé par Cody et auquel Eric participait déjà. Dans quelles circonstances les as-tu rencontrés ?
Blake Noble : Salut Florian ! J’ai rencontré Cody Beebe grâce à un ami alors qu’il cherchait des artistes pour son festival de musique, le Chinook Festival. C’était il y a cinq ans. J’avais participé à cet évènement en me produisant sur scène. Je préparais à ce moment-là mon album solo Underdog. J’ai eu l’occasion de jouer avec le groupe de Cody et Eric. J’ai fini par leur demander s’ils souhaitaient participer à la production de mon disque. Chris nous a rejoints rapidement car il avait déjà participé à mon précédent projet. Une fois mon album solo terminé, nous avons tous voulu continuer l’aventure ensemble. Nous avons poursuivi notre travail d’écriture et de composition jusqu’à ce que nous décidions de les partager avec le public. Rust on the Rails était né !
Vivez-vous tous de la musique aujourd’hui ?
Blake Noble : Oui. En plus de notre travail en studio et de nos tournées, Cody et Eric ont leur propre agence de production, Digital Vendetta. Elle est située à Seattle. Ils sont donc très occupés la plupart du temps, notamment par le Chinook Festival et les autres évènements qu’ils organisent tout au long de l’année.
Quelle est la place de la culture, notamment musicale, dans une ville telle que Seattle ?
Blake Noble : Seattle est une ville surprenante. L’histoire de la musique s’écrit ici quotidiennement, encore aujourd’hui. De nombreux artistes de talent issus de tous les genres la composent. Seattle dispose de plusieurs salles incroyables et accueille de nombreux festivals de musique. C’est parfois compliqué d’organiser nos tournées sur toute la côte Nord-Est du Pacifique, mais c’est toujours un plaisir de nous produire dans notre ville, dans notre état de Washington ainsi que dans les états voisins.
Te souviens-tu du premier instant où tu t’es dit que tu ferais de la musique durant toute ta vie ?
Blake Noble : J’ai passé plusieurs années à occuper des emplois très classiques. J’ai travaillé dans un bureau, j’ai été employé par un service clientèle. Je passais mes journées à répondre au téléphone : je détestais ça. Un jour, j’ai décidé d’arrêter de travailler ainsi. D’un seul coup. Je me suis dit qu’il valait mieux m’engager à 100% dans la musique si je souhaitais en faire mon métier. J’ai donc commencé à jouer et à chanter dans les rues. Certes, j’étais pauvre. Mais j’étais bien plus heureux !
Quelles sont tes premières influences musicales que tu n’as jamais oubliées ? Dans quelle mesure influencent-elles le travail de Rust on the Rails aujourd’hui ?
Blake Noble : Chacun d’entre nous dispose de son propre univers. Cela va de la country au jazz en passant par le rock et la musique classique. C’est difficile de désigner précisément des identités artistiques. Cody a grandi dans la musique country : cela s’entend dans sa manière de chanter et dans son écriture. J’ai moi-même grandi en écoutant beaucoup de musique classique et de jazz. Lui et moi avons les mêmes références à travers les groupes des années 90, et ce, même si nous vivions à l’opposé l’un et l’autre. J’étais en Australie avec, dans mes oreilles, les chansons de Metallica, Alice in Chains, Soundgarden, Pearl Jam, Temple of the dog.
Pourrais-tu partager ton plus grand souvenir de live ? Pourquoi est-il aussi fort dans ta mémoire ?
Blake Noble : C’était au festival The Gentlemen of the Road. Nous avions eu l’occasion d’y jouer aux côtés des Foo Fighters et de Mumford and Sons. La foule était immense, c’était incroyable ! C’est sans doute l’un de nos meilleurs concerts depuis les débuts de Rust on the Rails. La force de ce souvenir s’explique aussi par les rencontres que nous avions faites après le show. Ce fut une vraie expérience artistique et humaine.
« L’accueil du public français fut très chaleureux et nous avons beaucoup apprécié de pouvoir pénétrer au cœur des traditions culturelles du pays »
En janvier dernier, Rust on the Rails a sorti son premier album intitulé Talisman. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Un rapport avec le shamanisme ?
Blake Noble : On peut dire ça. Talisman évoque d’abord le « Talisman Saber », un important exercice militaire organisé conjointement par les États-Unis et l’Australie depuis quelques années. Des milliers de soldats y participent à chaque fois pour mener des exercices aériens, navals et terrestres. L’idée était de valoriser le lien entre l’Amérique de Cody et mes origines australiennes. D’autre part, à la suite de nos nombreuses lectures traitant du sens du Talisman, nous avons aussi considéré les symboles et les figures combinées. Certains représentaient bien ce que nous sommes, en plus de nous apporter la bonne fortune.
En troisième plage, on retrouve le titre Abbott and Costello. Quel est le premier message de cette chanson ?
Blake Noble : Il s’agit d’un morceau fait pour que le public le chante avec nous en concert. Cody et moi y parlons du Vaudeville américain à travers une revisite d’un duo comique, Abbott et Costello. Il avait été formé dans les années 40 par Bud Abbott et Lou Costello (ndlr : connus en France sous le nom des Deux nigauds). Après avoir terminé l’écriture du morceau, Cody et moi avons rapidement trouvé le sens de sa composition. En fait, nous nous sommes appuyés sur la courte intro que Cody avait trouvée. Elle pose finalement toute l’atmosphère de la chanson.
Dans le clip du morceau, Cody Beebe donne quelque chose à chaque personne qu’il croise dans la rue. Quel genre de dealer interprète-t-il ?
Blake Noble : L’idée est de permettre aux gens de l’imaginer par eux-mêmes, de réfléchir et de voir comment ils jugent les autres. S’agit-il d’un dealer de drogues ? Ou est-ce un gars qui vend des billets pour un concert dans un vieux tramway ? Tout est possible.
Quels sont les prochains projets de Rust on the Rails ?
Blake Noble : Nous revenons tout juste de notre tournée européenne. L’expérience fut extrêmement motivante et enrichissante pour nous, et nous avons d’ores et déjà prévu de revenir en Europe l’année prochaine, notamment en France. L’accueil du public français fut très chaleureux et nous avons beaucoup apprécié de pouvoir pénétrer au cœur des traditions culturelles du pays. En attendant, nous nous préparons à un été bien chargé durant lequel nous avons prévu de travailler de nouveaux morceaux entre nos différentes dates.
Rust on the Rails : Facebook | Photos : Todd Hobert (live)