Joel Wästberg, aka Sir Was, sort aujourd’hui son premier album intitulé Digging a Tunnel. Laissez-le s’emparer de vous. Car le son de Sir Was a cet effet-là. Dans la même veine qu’Alt-J, l’auteur, compositeur et interprète suédois sait manipuler les notes et les genres avec une évidente élégance.
Avec Digging a Tunnel, l’artiste suédois Joel Wästberg, originaire de Göteborg, creuse son tunnel jusqu’à notre réalité. Ce premier opus de son projet Sir Was est aussi, et avant tout, la concrétisation d’un réveil : celui de son auteur. Voilà quelques années qu’il compose et joue de la musique dans son coin. Loué soit le jour où le ciel lui tomba sur la tête pour le sortir de sa léthargie ! S’il continue à l’entretenir pour camper l’image d’un mec en dilettante dans les médias, la musique de Sir Was trahit ses réelles intentions.
Derrière l’artiste, on perçoit en effet chez l’homme une intention bienveillante. Un être dont la vie est, depuis des lustres, vouée à l’espérance. Certains décrivent la délicatesse de sa voix comme “passive agressive”. Elle est magnifiée par un univers instrumental habité, entre hip-hop, soul et électro. Mais la musique de Sir Was est bien plus que cela. Elle est une passion, un abri aussi pour les esprits égarés.
Sir Was : sa majesté en barre
Digging a Tunnel nous embarque complètement. Les douze titres qui le composent nous mènent à une caverne, celle dans laquelle il a amassé avant son règne les trésors de sens de sa propre quête. Un chemin où chaque dalle qui le constitue témoigne d’une émotion intensément ressentie. Celle-ci est partagée aujourd’hui avec générosité, sans contradiction ni faux-semblant.
A Minor Life, Flacon et In the Midst, les trois premiers singles de l’album déjà parus, s’inscrivaient déjà dans cette trajectoire humble et sincère. Les autres plages offrent la même pudeur. Joel les traduit par des sonorités parfois rentrées. Mais cette atténuation volontaire, à l’instar de celle audible dans Sunsets Sunrises, a bel et bien sa cible. Le titre l’accroche jusqu’à l’impact avec une facilité déconcertante.
C’est beau parce c’est vrai
Aucune fioriture dans la musique de Sir Was : tout est pensé sans vraiment l’être. Car au final, le mec est avant tout lui-même. Son exaspération, combinée à un détachement de façade, traduit l’expérience de sentiments dramatiquement, extraordinairement, simplement humains. Influencé notamment par Pantera, Pedro Santos et Paul McCartney, Sir Was a également fait partie des troupes de José González après sa formation classique de saxophoniste. La logique est implacable à mesure que l’on distingue, dans les mélodies de Sir Was, les touches folk rock psychédéliques qui ont fait le succès de Junip. Comme c’est le cas dans Revoke.
En conclusion, disons que l’on ne peut que rejoindre les prédictions de Sir Was quant à son prochain succès planétaire. On le lui souhaite vraiment car les “causes” qu’il défend sont les nôtres. Elles forment cet espace Interconnected qui l’est réellement, pas seulement virtuellement. Elles sont ces Pearls que chacun enfile pour que l’équilibre se transforme en une promenade joyeuse au-dessus d’un vide qui ne serait plus.
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