Cinq ans après la sortie de son premier album éponyme, le duo Grand Parc revient le 15 mai 2020 avec Pull Noir. Un cinq titres étonnant et hypnotisant, en français, dont l’approche se distingue par une folie plurielle profondément incarnée.
Annie et Nicolas sont dans un bateau. À bord, Nicolas s’accroche désespérément à la barre pour rallier le continent. Il tombe, non pas à l’eau, mais dans une cave de la banlieue de Caen à Hérouville-Saint-Clair. Plus précisément, dans le quartier Grand Parc. À son tour, Annie dévale les marches pour s’étaler de tout son long juste à côté du matos de son cher et tendre. Elle installe le sien et finit par faire des sons. Désormais, le duo dans la vie l’est également sur scène.
Grand Parc n’est pas allé bien loin pour trouver son nom de scène. Il n’a pas non plus résisté très longtemps à la noirceur de ses lieux de création. Il s’en est nourri, a bu jusqu’à la lie la coupe de la nostalgie et du regret. Résultat : une première révélation en juillet 2015 avec la sortie d’un album anglophone inquiétant voire, parfois, angoissant. Mais terriblement enivrant. De quoi intégrer la programmation des Inouïes du Printemps de Bourges et des Transmusicales de Rennes. Mais l’histoire ne faisait que commencer.
Grand Parc : quand l’anarchie peut, elle aussi, avoir du sens
C’est pas tout de vivre en coloc’, de cumuler plusieurs jobs. Un jour, l’envie vous prend de vous poser. On ne sait trop pourquoi, ça vient de l’intérieur, c’est comme ça. Mais l’anarchie, elle, est toujours là. Et c’est vrai qu’à l’écoute du nouvel EP de Grand Parc, Pull Noir, à paraître vendredi 15 mai 2020, on pourrait se dire que le couple n’en a pas fini avec elle. Que nenni. Certes, il est coutumier de ces compositions qui s’amusent avec les improvisations : c’est ainsi qu’il le tourne dans son communiqué de presse. Mais une chose est sûre : le résultat trompe les apparences et les hashtags tapageurs. À tel point qu’on tombe presque dans la musique de droite que le duo dénonçait il y a encore quelques temps… #joke
En fait, Pull Noir est une réalisation intensément pensée. On comprend grâce à lui qu’Annie a finalement résolu son complexe de légitimité, tant l’approche minimaliste de l’EP caresse l’intime. C’est puissant. Et ce n’est pas la première plage, la plus invasive de cet opus avant-gardiste, qui le démentira. Souvenir : tiens, la revoilà cette nostalgie. Sur les Toits : sans crier gare, Hello, douceurs amères du passé. Et quand une guitare se fait sa petite place entre les deux amoureux, J’ai vu la ville et oublié les bonnes questions. Retour de l’électro façon 70’s/80’s : les Baies Sauvages peuvent initier de puissants effets narcotiques. Quand le ciel disparaît, c’est déjà l’heure du tricot.