Ça déménage toujours autant outre-Manche ! Après plus d’une centaine de concerts à travers tout le Royaume-Uni depuis sa création en 2013, le groupe Little Brother Eli cristallise finalement ses sonorités rock en sortant aujourd’hui son premier album Cold Tales. Une découverte Skriber à ne surtout pas manquer.
Ce qui distingue un artiste d’un autre, c’est avant tout son identité et sa faculté à la partager pour lui faire rencontrer le cœur du public. Pour un groupe, la formule est la même sachant que son identité est formée par plusieurs individualités.
Mais alors, comment l’identité d’un groupe émerge-t-elle dans ces conditions ? C’est simple : il suffit d’écouter Little Brother Eli pour avoir la réponse. Conçu à Oxford, le groupe est le bébé d’un duo artistique qui souhaitait mettre un bon coup de pied dans la fourmilière avec un son n’appartenant qu’à lui. D’un côté, le chanteur aguerri Alex Grew et son timbre saisissant. De l’autre, le bassiste Josh Rigal et sa maîtrise hors pair.
Ils s’adjoignirent le doigté d’Adam Stowe à la guitare, l’énergie de Benji Page à la batterie, et la prière de Tom Williams avec, posée sur ces genoux tel un missel à gratter, sa guitare en acier accordée avec la profondeur des rythmiques et les envolées vocales d’Alex.
Résultat : un premier album surprenant tout autant que son nom. Cold Tales réchauffera tout votre petit corps bien plus qu’il ne prétend le refroidir. En pleine lumière, au-delà de toutes les histoires contées par le groupe, c’est bel et bien la sienne dont il s’agit. Je me risquerais même à dire qu’elle ferait une jolie petite légende.
L’emprise d’un froid chaud
Cold Tales s’écoute du premier au dernier morceau avec le même plaisir. On vit intensément les manipulations émotionnelles de Little Brother Eli, on devient son yoyo. On grimpe pour se laisser happer dans une descente vertigineuse sur ces montagnes russes bâties par l’harmonie souveraine et le flow des cinq English.
Le premier titre Oceans est un hymne créant une émulation d’une justesse enivrante. On est complètement submergé par ce rock de garage « Bluesy », comme aiment le définir les anges de cette époque d’il y a trente ans. Sans doute un peu moins pour certains. La mesure sert à merveille le texte, son engagement. Les riffs s’accouplent à la volonté de Little Brother Eli de déplacer les montagnes intérieures de chacun.
This Girl ajoute un peu plus de « californication » à la belle plante faisant face au jukebox, incapable d’enchaîner le moindre pas de danse. Car dans cette stupéfaction qui commence à l’étreindre, ce sont les bras de celui dont elle ne rêvait plus qui finissent par l’enlacer. Et c’est dans un souffle qu’elle croit pour la première fois à ses mots : « Hey toi, une nuit pour toute une vie ? »
Vous terminerez bien votre voyage par une paisible promenade au clair de lune ? Le titre album Cold Tales saura vous sustenter. Car si les types de Little Brother Eli économisent leurs mots dans leurs échanges quotidiens, ils savent user de la même parcimonie pour faire naître le frisson.