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Jesers – Dans le « Busmédia » de la chanson française 2.0

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Vendredi dernier, Skriber a eu la chance de pouvoir assister au premier concert de la tournée Sud-ouest du Mégaphone Tour. Il avait lieu au café concert associatif Chez ta Mère. J’ai ainsi pu échanger avec les équipes du Mégaphone Tour, ainsi qu’avec trois artistes d’exception ayant un point en commun : l’amour des mots, de la musique, et du partage avec leur public. Partons ensemble à la découverte de leurs univers artistiques respectifs uniques à travers trois épisodes publiés jusqu’à mardi prochain, en commençant dès aujourd’hui par l’interview de Karine Christophe, chargée de production au sein du Mégaphone Tour, et de Jesers, auteur/compositeur/interprète.

Bonjour Karine, bonjour Jesers. Un grand merci à vous deux pour avoir accepté de nous accorder ces quelques instants pour découvrir un peu plus en détail le Mégaphone Tour, que tu représentes aujourd’hui à Toulouse Karine. Le Mégaphone Tour, c’est un concept inédit de tournées en bus, avec chaque année douze artistes sélectionnés pour en faire partie. Le Mégaphone Tour existe depuis cinq ans déjà, et ce, grâce notamment à l’initiative de Caroline Guaine. Quelle est l’idée à l’origine de la concrétisation de ce projet ?

Karine : Caroline Guaine est en effet la fondatrice de ce projet. Elle était propriétaire d’un café-concert sur Paris, dans le quartier de Montmartre. De nombreux artistes, en majorité parisiens, se produisaient dans son établissement. Tous rencontraient la même problématique de ne jouer en live que sur Paris et la région parisienne. L’idée de Caroline fut donc de décloisonner cette situation, en permettant à ces artistes de se produire dans toute la France, en dehors des réseaux régionaux habituels.

Et vice-versa j’imagine ? Car beaucoup d’artistes en province ont les mêmes difficultés…

Karine : Exactement. Ce cloisonnement s’observe dans tous les coins de France. Du fait que chaque artiste connaisse sa région et ne dépasse pas le cadre des réseaux qu’il connaît, l’idée du Mégaphone Tour était tout à fait cohérente avec cette autre idée de pouvoir diversifier les lieux de concert, dépasser les limites régionales, et permettre d’offrir aux différents publics un éventail d’artistes et de musiques plus diversifiés.

Comment le Mégaphone Tour s’est-il mis en place ? Quels ont été les premiers acteurs aux côtés de Caroline ? Les premiers financeurs ? Sont-ils toujours là aujourd’hui ?

Karine : Le premier Mégaphone Tour est parti il y a cinq à bord du bus du Caravanserail. Les premiers financements ont été opérés par la SACEM, qui d’ailleurs continue à nous subventionner tout comme de nouveaux partenaires tels que Spedidam qui nous a rejoints très récemment. En parallèle, nous réussissons également à produire les artistes du Mégaphone Tour dans de nouvelles salles, qui viennent s’ajouter à celles qui nous ont suivis très rapidement après le lancement du projet, comme ici, Chez ta Mère, dans laquelle nous avons d’ailleurs organisé les dernières auditions pour la tournée Sud-ouest du Mégaphone Tour 2015.

Rappelons en effet que ces auditions ont lieu une fois par an, et permettent de sélectionner les douze artistes qui partagerons les scènes sur les quatre quarts du pays. Rappelons aussi qu’aux côtés de la SACEM et de Spedidam, vous bénéficiez également de financements conférés par TourCom, la Fondation Inter Fréquence, Pause Guitare

Karine : La région Île-de-France, et le CNV depuis l’année dernière aussi.

Combien une tournée comme celle-ci coûte t’elle, sur un an ?

Karine : Le budget artistique est d’environ 5000 euros (coût total des cachets des artistes) pour une tournée régionale, soit 20000 euros pour toutes les tournées organisées en France.

Jesers, tu fais partie de la promotion 2015 des artistes présents sur la tournée Sud-ouest du Mégaphone Tour. Pourquoi avoir choisi de poser ta candidature en début d’année, et de participer à ce projet ?

Jesers : Je n’ai pas seulement découvert le Mégaphone Tour grâce au web, mais aussi grâce à des artistes qui y avaient eux-mêmes participé et que je côtoyais. J’aimais déjà beaucoup le principe, l’idée. Parce que je suis très sensible à l’action de ces personnes qui aiment être curieux et découvrir d’autres horizons musicaux ainsi que des artistes comme Marc et moi, qui ont des choses à dire eux-aussi sans avoir une très grande notoriété.

Tu évoques cette curiosité et ce mélange des genres alors que tu verses toi-même depuis tes débuts dans la mixité culturelle, tant dans ton écriture et tes compositions que dans les choix que tu opères pour tes collaborations. Dans ce sens, ton premier album sorti en 2011 et intitulé J’aimerais qu’on sème illustre très bien ces perspectives, puisque tu te retrouves aux côtés de Sergent Garcia et d’Edou, ton papa, notamment sur ton titre album. Le Mégaphone Tour était-il un moyen de diffuser au plus grand nombre ce message d’ouverture que tu développes dans tes créations musicales ?

Jesers : En effet, et assez naturellement je dois dire. Il y avait également un lien évident entre le concept en lui-même et mon album J’aimerais qu’on sème. En même temps, tu me diras, J’aimerais qu’on sème pour une marque de jardinage, ou sur le ventre rond d’une femme enceinte, ça marche aussi (rires). En fait, s’aimer, semer, c’est utiliser parfois des bouts de ficelle, planter ses graines un peu partout. J’aimerais qu’on sème est le début de quelque chose. On n’en est pas encore au stade de la récolte. On sème, on a envie de le faire aussi. C’est ça qui collait bien avec le Mégaphone Tour.

Juste avant l’éclosion puis la pousse. Ta participation cette année à la tournée du Mégaphone Tour t’a-t-elle déjà permis, ou va-t-elle prochainement te permettre de mettre en place de nouvelles collaborations musicales ?

Jesers : Nous n’en sommes qu’au début de l’aventure pour le moment. Il est trop tôt pour le dire. Il faudra aller au bout du projet pour savoir si ce que j’ai semé portera ses fruits, et sous quelle forme. Pour l’instant, mon quotidien est rythmé par mes rencontres avec les réalisateurs, les équipes de la tournée, les artistes qui y participent comme moi. Par mes rencontres aussi avec le public. C’est vraiment très enrichissant, passionnant. Et à la base, c’est pour moi la véritable signification de la musique.

La langue française aussi et sa manipulation. Tu le fais d’ailleurs à ta façon dans les morceaux de ton premier album. Le phrasé est très proche du slam et du rap. Quelles sont les éléments qui savent titiller ta créativité ?

Jesers : Nombreux sont ceux qui font un parallèle avec le slam lorsqu’ils m’entendent chanter. Je pose mes mots et j’interprète parfois bien plus en parlant qu’en chantant : c’est sans doute ce qui explique ces observations. Mais j’ai trop de respect pour les slammers, et mes influences musicales sont bien plus en rapport avec le rap en effet, ainsi que le hip-hop. Ça me suivra encore pendant longtemps je pense.

On perçoit également ta volonté de sortir des formats préconçus, dans ton style mais aussi dans tes textes et tes compositions…

Jesers : Ce n’est pas forcément volontaire. Même s’il est vrai que nombreux sont ceux qui ont du mal à me classer dans tel ou tel registre. Je ne m’en rends pas forcément compte. Y’a beaucoup de moi dans mes chansons, c’est sans doute pour ça. J’ai grandi avec la musique punk de mon grand-frère, la musique des îles grâce à mon père, dans le hip-hop comme je l’évoquais tout à l’heure. J’ai écouté plein de choses ! Qui plus est, je fais en fonction de ce que j’aime. Je fais ce que j’aime.

Comment peut-on qualifier précisément ta musique dans ce cas ? Ne serait-elle pas la meilleure illustration de ce qu’est la musique du monde, autrement dit, la musique conçue et réalisée par un artiste du monde ?

Jesers : Oui, on peut dire les choses ainsi. Ma musique est pour tout le monde en fait. Y’a un truc surtout que je retiens concernant cette musique : c’est qu’elle ne gène personne. On l’aime, on ne l’aime pas. Mais elle ne dérange pas. Et pour celui qui l’aime mais qui n’achètera pas forcément mon album, il passera un bon moment grâce à elle.

Quels sont les prochains projets qui vont se mettre en place l’année prochaine, en parallèle des concerts d’ores et déjà prévus ?

Karine : Il n’y a pas de projet complémentaire à proprement parlé. Nous souhaitons avant tout asseoir le Mégaphone Tour dans la durée, dans son organisation, sa promotion. Nous nous plaçons ainsi dans une optique d’amélioration afin de procurer aux différents publics une expérience encore plus vibrante. Dans ce sens, le prochain appel à candidatures pour participer au Mégaphone Tour 2016 en tant qu’artiste débutera dès le 7 décembre prochain, et s’achèvera le 31 janvier 2016. Les auditions auront lieu ensuite. On peut retrouver toutes ces infos sur le site officiel du Mégaphone Tour, et télécharger un dossier de candidature directement en ligne.

Le rendez-vous est pris Karine ! Merci encore à vous deux pour cet échange, qui ne manquera pas d’éveiller les âmes des prochains artistes qui seront présents l’année prochaine dans le bus du Mégaphone Tour !


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