Lundi prochain sortira le nouvel album de Robi, une artiste à part sur la scène alternative française connue désormais pour ses sonorités minimalistes, sa voix susurrée et ses textes complètement habités.
Je fais partie de ceux qui ont déjà eu la chance de découvrir Robi sur scène. C’était l’année dernière à la Cartonnerie de Reims.
Je fais partie de ceux qui n’oublieront jamais ce petit bout de femme qui a su envelopper la scène, la salle, puis mon cœur. En quelques notes, en quelques mots.
L’approche créative globale de Robi étonne. C’est certain. Elle ne laisse aucune place au compromis : on aime ou on n’aime pas. Quoiqu’il en soit, elle ignore l’indifférence, elle dérange d’une façon ou d’une autre. Elle pulvérise nos certitudes et notre appréhension musicale. Elle nous guide vers des contrées où se côtoient constamment les plus beaux soleils et les plus sombres nuages.
Cette dualité est prégnante et intimement liée au mood de cette interprète, figure de proue d’une existence tourmentée, réinventée, passionnée. Depuis la sortie de son premier EP éponyme en 2011, Robi explore, s’imbibe, se tord, se craque. Vient ensuite un laisser-aller salvateur, qui tend malgré tout à l’éprouver, toujours, dans ces instants où les moyens ne sont déjà plus les siens.
Son rôle est alors celui de la pythie grecque, annonçant la mutation, l’essor, la fin de chaque sentiment humain. Quitte à ce qu’il renaisse plus grand, plus beau, plus fort lors de son réveil. Quitte à ce qu’il tombe dans les limbes d’un oubli dont elle seule peut retrouver le chemin.
Un seul titre est pour le moment disponible à l’écoute. Il s’agit de l’éternité. Celle que tout le monde espère sans savoir quelle forme elle prendra. C’est d’ailleurs dans ce sens que Robi l’exprime dans sa prose. Une éternité perdue dans un temps sans fin, dans une seconde de faim. La gourmandise de l’autre dont on lâche la main, pour se laisser porter jusqu’à ce qu’enfin, l’ordre abstrait nous renvoie à demain.
Aussi, peu importe que nous dussions patienter jusqu’à lundi pour accéder aux autres morceaux de La cavale. Écrit et composé dans la foulée du premier album de Robi, L’hiver et la joie, sorti en 2013, cette cavale nous sortira une fois de plus de ces idéaux binaires oppressants pour se muer en une joyeuse cavalcade à dos d’étoile, du crépuscule au printemps.
Retrouvez toute l’actualité de Robi sur son site officiel.