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SUBCITY | Sonorités de la maturité et de l’ouverture

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SUBCITY dévoile ses premiers traits derrière ceux d’une tête de poupée morcelée. Celle apparaissant sur la pochette du premier album du groupe : Tales From the Sandbox. Il est sorti en septembre dernier. À l’origine de ce projet musical conjuguant new-wave, rock et pop, la volonté de deux compères en orbite autour d’une planète qu’ils nous proposent de réinventer avec eux.

Bonjour George et Vincent. Nous avons la chance de vous avoir tous les deux pour cette interview consacrée à votre tout jeune groupe, SUBCITY. Notre échange est une occasion en or pour en apprendre un peu plus sur vous et sur votre collaboration. Celle-ci a accouché en septembre dernier d’un premier album intitulé Tales From The Sandbox. Très peu d’informations circulent encore à votre sujet sur le web. Quel âge avez-vous ?

Vincent Bidault : Tu veux vraiment savoir quel âge nous avons ?

Oui ! D’autant plus que c’est une question que personne ne vous a encore posée.

George Farley : (rires) Nous sommes proches de l’âge de la retraite !

Vincent Bidault : Nous avons pratiquement le même âge que les Daft Punk.

George Farley : Je suis un tout petit peu plus vieux que Vincent. Je pense en tous les cas (rires).

La photo sur laquelle vous apparaissez tous les deux tend en effet à confirmer cette information George.

George Farley : Ok, disons alors que je suis bon pour de premières injections de Botox (rires).

Quoiqu’il en soit, cette maturité se révèle dans les différents morceaux de votre premier album, Tales From the Sandbox. Avant d’en parler, j’aimerais que vous reveniez chacun votre tour sur votre parcours avant SUBCITY. George, tu es originaire de Brighton en Angleterre, tu faisais partie du groupe Injektion avant ta rencontre avec Vincent.

George Farley : Le groupe Injektion a duré trois ans en effet. Mais c’est toute ma vie que j’ai dédiée à la musique. Depuis l’âge de seize ans en fait. J’ai commencé par de la musique électronique dans les années 80 avec mes cassettes et mes bouts de scotch pour faire tenir mes pistes. Je suis arrivé en France en 1989. J’ai alors fondé un groupe qui s’appelait Prezidents. Je me souviens, nous avions enregistré certains de nos morceaux à Lyon à l’époque. Par la suite, après un temps de pause, j’ai composé des musiques de films et de documentaires. Ça a duré jusqu’en 2010/2011. Et c’est en voulant à nouveau écrire des textes et des compos de chansons que je me suis investi dans Injektion.

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Toi Vincent, tu es Parisien et tu avais également un groupe, Worth It, avec lequel tu tournais dans les soirées de ta ville. La musique semble avoir guidé tes pas depuis ton plus jeune âge…

Vincent Bidault : En effet. Je suis issu d’une formation classique au départ. Le piano était mon premier instrument. À dix-sept ans, j’ai découvert la guitare et commencé à en jouer. J’ai toujours fait partie d’un groupe. Des groupes de reprises au tout début. Mais avec Worth it, mon dernier groupe avant ma rencontre avec George, il s’agissait principalement de compositions originales.

Comment s’est déroulée votre rencontre ?

George Farley : Mon ancien groupe, Injektion, a croisé celui de Vincent lors d’enregistrements qui se déroulaient dans le même studio à Issy-les-Moulineaux. C’était en 2013. Nous étions en train de jouer un super morceau qui nécessitait un bon son de guitare. Mais notre guitariste n’y arrivait pas. Vincent avait entendu notre titre puisqu’il était passé juste avant nous. Je lui ai demandé s’il serait d’accord pour refaire la guitare sur notre maquette. Quelques jours plus tard, il est revenu vers moi avec ses sons. C’était juste parfait, un son d’enfer, des harmonies extras ! C’est à ce moment-là que mon désir de travailler avec lui est devenu une évidence.

Vincent Bidault : Nous avons partagé également quelques scènes avec nos groupes respectifs du moment. Puis lorsqu’ils ont commencé à battre de l’aile, nous avons décidé de nous retrouver autour d’un nouveau projet. SUBCITY était né. Cela ne nous a pas empêchés de rester en très bons termes avec les musiciens de nos groupes. D’ailleurs, certains font partie de SUBCITY.

Ça tombe très bien Vincent, puisque j’allais justement te poser une question à ce sujet. Dans le clip de SUBCITY du titre Falling Down, on vous voit aux côtés de ces musiciens dont tu parles. Qui sont-ils ?

Vincent Bidault : Je connais ces musiciens depuis très longtemps, certains étaient même avec moi au lycée pour te dire ! Il y a Pierre à la guitare, il excelle dans sa maîtrise de la Gibson. Quant à notre bassiste, il s’agit de Bertrand : il a un groove incroyable. Enfin, à la batterie, on retrouve Raphaël, et son métronome intégré. Après toutes ces années, j’éprouve le même plaisir à jouer avec eux. L’entente est totale entre nous. Et lorsque je leur ai soumis notre projet SUBCITY, ils ont tout de suite été partants.

The Shins, The Clash, ou encore The Police : vos influences résonnent avec de nombreux morceaux de ce premier album de SUBCITY. J’ai également perçu celles d’un David Bowie à une certaine époque de sa longue carrière, ainsi que de Pink Floyd. Notamment dans le second morceau Hallelujah Man qui fait référence au système politico-médiatique et religieux dans ses aspects les plus sombres et les plus totalitaires. Voilà un peu plus de quatre semaines que les attentats de Paris ont eu lieu. D’après vous, comment peut-on mesurer le degré de responsabilité de ce système dans un tel carnage ?

George Farley : Les paroles de ce titre ne s’adressent pas forcément à ces personnes-là. L’idée derrière tout ça, c’est notre capacité en tant que société à nier la réalité et à écouter certains discours, comme ceux de l’entre-deux-tours des élections régionales. Vouloir croire le prochain responsable qui va nous dire qu’on mangera du chocolat tous les jours si on vote pour lui est tout simplement vain.

« Si Hallelujah Man est une chanson, c’est aussi un cri contre cette radicalisation, un appel à la réflexion »

Et si on dépasse ce constat, quelle est la réflexion, quelle est l’action que vous souhaitez initier dans Hallelujah Man ?

George Farley : Très bonne question. Je pense que la seule chose que j’ai envie de dire, c’est : Go Up ! Il faut que nous soyons collectivement un peu plus matures par rapport à tout ce qui se passe autour de nous, et que nous arrivions à réfléchir avant de réagir en étant moins radicaux dans nos propos, en faisant le tri par rapport aux différents messages que nous entendons. Ce n’est clairement pas évident, surtout si l’on considère cette année de fou que nous avons vécue à Paris. Mais je peux personnellement voir la différence du discours, entre le moment où je suis arrivé en France et aujourd’hui. Ce discours s’est radicalisé. Et si Hallelujah Man est une chanson, c’est aussi un cri contre cette radicalisation, un appel à la réflexion.

Vincent Bidault : C’est une question difficile. Aux attentats du 13 novembre répond une réaction forte des gens dans les urnes contre le pouvoir politique en place. Sauf que cette réaction aussi intense et marquée soit-elle n’est pas selon moi la meilleure réponse. Je parle du vote Front National. Et cela ne calme pas la peur du citoyen qui continue malgré tout à assister à des concerts avec cette crainte permanente de perdre la vie.

Et vous, en tant que musiciens, ressentez-vous également cette crainte avant les prochaines scènes que vous allez faire ?

George Farley : Notre prochaine date aura lieu au Tigre à Paris, le 9 janvier prochain.

Vincent Bidault : Nous ne ressentons pas de crainte particulière à l’approche de ce prochain concert. Néanmoins, les premières notes que nous jouerons et les premières paroles que nous chanterons, surtout si l’on considère leur teneur, auront un sens bien spécifique pour nous tous.

Running Away évoque la descente aux enfers d’Amy Winehouse, à l’instar de nombreux autres artistes ayant suivi le même chemin qu’elle. Pourquoi avoir choisi d’évoquer son parcours et sa fin tragique plutôt que ceux d’un autre ? Était-ce avant tout le symbole générationnel que vous souhaitiez mettre en avant ?

George Farley : Amy Winehouse était belle, et pas seulement physiquement. Sa naïveté, sa jeunesse, son esprit m’ont beaucoup marqué. Running Away peut être interpréter au premier degré bien sûr. Si c’est la première fois que tu écoutes le titre, tu le conçois comme un morceau pop dont les paroles décrivent la course de deux personnes. Mais il ne s’agit pas de ça, évidemment. Ce sont les excès, l’alcool, la drogue qui sont les thèmes de ce morceau. Qui nous emmènent. Cela aurait pu concerner tant d’autres artistes et personnages… J’ai été personnellement affecté par la perdition de certains proches de ma famille. Ils ont quitté cette terre trop tôt à cause de ces mêmes excès.

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J’ai vu sur votre page Facebook qu’un article avait été publié à trois jours de la sortie de votre album dans un papier japonais. SUBCITY : nouvelle égérie de l’alternatif nippon ?

Vincent Bidault : On peut en effet retrouver notre album sur Amazon.

Cela vous donne-t-il des idées pour prendre l’avion et partir faire quelques scènes à Tokyo ?

George Farley : Nous ne faisons pas de la musique pour l’argent. Je dis ça, et en même temps, être un musicien ou un groupe peut parfois être une chose un peu compliquée, surtout à la fin du mois. Du coup, je pense que nous allons attendre un peu avant d’aller rendre visite à nos fans japonais. Surtout que l’argent que nous allons gagner avec les premières ventes de notre album Tales From the Sandbox partira avant tout dans des injections de Botox avant de financer des billets d’avion (rires).

Une dernière question pour conclure. Une question qui fâche comme on a coutume de le dire. SUBCITY est-il pour vous deux le projet musical de la dernière chance ?

Vincent Bidault : C’est-à-dire ? Si SUBCITY ne prend pas, on remballe ?

Oui, c’est ça.

Vincent Bidault : Hors de question ! J’ai toujours fait de la musique, seul, en duo, en groupe. Et je continuerai à en faire de la même manière. J’aime trop l’atmosphère d’un studio, l’ambiance d’une salle, l’énergie sur scène. Sans parler de toutes les possibilités offertes aujourd’hui par l’informatique.

George Farley : Pareil pour moi. Je ferai de la musique jusqu’à mon dernier jour. Tant de morceaux se baladent dans ma tête, et je sais qu’il en va de même pour Vincent. Nous avons une tonne de projets pour le moment et pour la suite. Nous avons hâte d’y arriver même si la promotion de notre album prend du temps. Nous avons besoin d’être à côté de notre musique et en parallèle, de faire les efforts nécessaires pour qu’elle soit connue par le plus grand nombre. Enfin, je crois que ce qui nous lie avec Vincent, c’est cette envie de créer. Pour passer à notre prochaine étape.

Et Skriber se range aux côtés de SUBCITY pour vous y aider. Merci encore à vous deux pour cette interview en hauteur.

George Farley : En parlant de hauteur, et si toutefois nous prenons l’avion pour Tokyo, nous suivrais-tu ?

Je prépare de ce pas mon kimono et mes sandales en bois de chêne George (rires). Très bonne continuation à vous deux !


SUBCITY : Bandcamp

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