Menu Fermer

Au Cœur de l’Océan – Se noyer dans un regard de bête

au Cœur de l'océan

Cette semaine dans les salles obscures sortait le dernier film de Ron Howard, au Cœur de l’Océan. L’occasion de découvrir une fresque épique plus qu’un film d’aventure dans laquelle l’égo d’une caste s’oppose à l’âme intrépide de la passion des mers et de l’évasion.

La semaine dernière, je nageais aux côtés de Nicholas Hoult au milieu d’un banc de requins dans Kill Your Friends. Je ne pensais pas remettre ça quelques jours plus tard au large des côtes sud-américaines, perdu comme le furent les moussaillons de l’Essex dans ce désert d’eau abritant les plus imposants cétacés que l’océan n’ait jamais porté.

Au Cœur de l’Océan n’est pas un simple film historique et fantastique visant à conter les prémices créatives de Moby Dick, l’un des plus célèbres écrits d’Herman Melville paru en 1851. C’est une épopée opposant les hommes à leur si fragile condition. C’est une lutte des classes exacerbée les confrontant à leurs pires travers au nom du rang et du profit. C’est un retour à l’envoyeur jusqu’aux confins du trépas.

La créature gigantesque tâchée de blanc qui hante les fonds de l’océan Pacifique y est sans doute pour quelque chose. Elle alimente les fantasmes les plus fous de ces marins pour les condamner en définitive à l’aveu de leur ignorance, puis à leur perdition.

Si les prestations de Chris Hemsworth et de Benjamin Walker demeurent imprécises quant à l’incarnation des émotions profondes bousculant et terrorisant leurs personnages respectifs, les visages émaciés, le désespoir et les abominations cannibales captivent autant qu’ils horrifient le spectateur.

Le choix d’une narration préservant celui-ci des haut-le-cœur ne l’empêchera pas de ressentir la soif, la faim, l’abandon spirituel, sans oublier le mal de mer. Dans ce sens, le huis clos rassemblant Ben Whishaw (Herman Melville) et Brendan Gleeson (Thomas Nickerson) sonne comme une libération des démons du passé et de ceux à venir, dans cette quête intransigeante de l’écrivain d’une histoire plus vraie que nature.

Une exigence qu’a su également s’imposer Ron Howard dans cette adaptation cinématographique qui saura sans nul doute vous mener aux limites de votre propre imaginaire, au cœur de votre propre océan intérieur, celui de vos ambitions les plus téméraires.

Car si votre vie mérite de prendre de tels risques, un seul objectif persiste : celui de ne pas se perdre en chemin en gardant près de celui qui bat celles et ceux qui sauront guider vos pas et vous rappeler d’où vous venez.


D'autres articles qui pourraient vous intéresser :