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Deluxe – Synthèse du bien bouger et du mieux penser

DELUXE

Le 22 janvier prochain, le groupe Deluxe inaugurera la nouvelle année avec la sortie de son deuxième album : Stachelight. Entre énergie persuasive et simplicité concordante, l’envie de bouger nous démange, tant ce son sait percuter avec panache. Avec aussi cette volonté de faire s’évaporer toute notion du temps dans les poils multicolores d’une moustache soulignant en peu plus encore les contours de notre sourire béat.

Entretien avec Kilo – Batterie, platines – Groupe Deluxe

Bonjour Kilo, merci d’avoir accepté cette interview. Le groupe Deluxe existe depuis 2011, année de la sortie de votre premier EP intitulé Polishing Peanuts sous le label Chinese Man Records. Électro, hip-hop, jazz, funk : votre style musical est un mélange éclectique de ces univers. Et sur scène, chaque membre de Deluxe porte un nom bien à lui. À tes côtés, on retrouve Kaya à la basse, Pietre à la guitare, Soubri aux percus et aux machines, Pépé aux cuivres, et Liliboy au chant. D’où viennent ces noms ?

En fait, il s’agit de surnoms que nous nous étions donnés il y a un paquet de temps.

Perso, ça m’a fait penser à ces pseudos que les joueurs en ligne trouvent à leurs personnages, dans World of Warcraft par exemple. Pietre pour le prêtre, Kaya et sa gueule d’archer, Kilo le tank qui ramasse les coups…

Nous sommes tous en effet de vrais gamers. Ça pourrait donc venir de là en partie. Mais ces surnoms sont aussi en rapport avec certains souvenirs, certains passages de notre passé à chacun. Par exemple, le mien, Kilo, rappelle cette période durant laquelle j’étais un peu « enrobé ». Pietre est la dernière version de surnom trouvée pour remplacer Pierre, son vrai prénom. Ça s’est fait naturellement. Pour Kaya, il s’agit de son nom de famille.

Comment vous-êtes vous rencontrés ?

Sur les bancs de l’école. Au départ, nous étions trois Kaya, Pietre et moi. C’était il y a une quinzaine d’années. Je me souviens : nous sortions de l’école en courant pour jouer ensemble. Nous avions acheté nos premiers instruments ensemble. Nous passions tous nos week-ends ensemble. Bref, nous faisions tout ensemble ! Pépé et Soubri nous ont rejoints par la suite. Nous nous sommes retrouvés entre mecs pour jouer dans les rues d’Aix-en-Provence, notre ville d’origine. On se cherchait un peu à l’époque, on est passé par plusieurs genres différents. Punk, fusion… En mode vénères quoi ! Et il y a cinq ans, nous avons eu la chance de rencontrer Liliboy. Après avoir parlé musique avec elle, des affinités sont apparues. Elle est venue au studio et les premiers essais se sont super bien passés. Le truc, c’est que nous ne cherchions pas forcément quelqu’un. Mais Liliboy s’est imposée à nous. Comme une évidence.

deluxe groupe live

Quelle est la moyenne d’âge des membres de Deluxe ?

25 ans.

Vous aviez donc une dizaine d’années Kaya, Pietre, et toi, lorsque vous avez commencé ensemble ?

C’est ça.

Comment voyiez-vous les choses à l’époque ? Quel a été le déclic qui vous a poussé à vous dédier entièrement à la musique ?

Ça relève… du miracle. Même nous, nous avons parfois du mal à y croire. Tu sais, quand tu te replonges comme ça des années en arrière, certains aspects de tes souvenirs peuvent devenir un peu flous. Pourtant, plus j’y repense et plus je me dis que les choses se sont produites d’elles-mêmes. Les évènements, les rencontres, jusqu’au choix de l’instrument qui serait joué par tel ou tel. C’est une sensation bizarre, déroutante aussi.

L’humeur de vos morceaux tente d’inverser le cours des choses d’une réalité parfois un peu morne. En effet, beaucoup d’humour et un brin de provoc se dégagent de vos créations. À l’instar du choix du titre de votre premier EP, Polishing Peanuts.

L’expression anglaise signifie « travailler pour des cacahuètes ». En fait, la réalisation de cet EP venait à la suite de cinq années durant lesquelles nous avions joué dans la rue en faisant la manche. Nos parents n’avaient rien contre le fait que nous fassions de la musique. Mais il fallait aussi que l’on gagne notre vie. Ça, c’est la réalité ! Au bout d’un moment, nous jouions sans trop y croire. Jusqu’à ce que nous en arrivions à nous dire que nous travaillions pour rien, pour des cacahuètes. Personne n’achetait nos CD, bref, ça ne prenait pas. C’est pour ça que nous avons fait ce choix de titre pour cet EP. Avec le recul, c’est devenu drôle car cela a pris tout son sens.

À la manière de Bran Van 3000, vous cherchez à marier des genres qui ne correspondent pas forcément au départ. On ressent cette dynamique sur certains titres de ce premier EP, notamment sur Pony et Mr. Chicken. Que se passe-t-il dans vos têtes lorsque vous écrivez et composez ce type de morceaux ?

En fait, pas grand-chose (rires). On en a souvent reparlé entre nous depuis la sortie de Polishing Peanuts. Avec le recul, nous nous sommes rendu compte que nous faisions les choses sans nous poser des questions concernant la suite. Les vrais débuts en fait, durant lesquels on ne se demande pas constamment si cela va plaire ou pas. Il s’agissait de nous faire plaisir avant tout. Pour l’anecdote, lors de la conception de Mr. Chicken, lorsqu’on a commencé à écrire son refrain : « You know, you know, that’s right, that’s right, it’s a chicken », nous nous sommes tous regardés, persuadés que nous ne pouvions pas faire un truc aussi simple. C’était bateau de chez bateau ! Finalement, nous avons décidé de le laisser ainsi. Ça nous faisait rire ! Et puis, nous nous prenions bien la tête concernant d’autres aspects des morceaux. Quoiqu’il en soit, l’approche était plus naïve comparée à celle plus réfléchie de notre album The Deluxe Family Show, sorti deux ans plus tard. C’est propre à l’histoire d’un groupe. Le premier jet est un coup de chance. Ensuite, tu passes ton temps à tenter de retrouver cette inspiration.

« IAM, c’est un groupe légendaire pour nous. Nous avons tous leurs albums ! Notre route a croisé la leur, nous avons eu de la chance. Nous avons partagé quelques mêmes scènes et ils sont spontanément venus vers nous. Ce sont des gens très ouverts »

 

Puisque tu en parles, l’album The Deluxe Family Show sort en effet en septembre 2013. Le titre de cet opus est bien plus formel que le premier. Et là, on se dit que les fous rires et le côté barré de Deluxe vont sombrer dans les abîmes d’un format plus conventionnel. Il n’en est rien. Daniel sort en single, on retrouve aussi le titre hyper boostant My Game. La voix de Liliboy se fait bien plus aérienne aussi sur Pretty Flaws, l’un de mes titres fétiches. De nombreuses influences se dégagent de ces compos : Cocorosie, Black Eyed Peas entre autres. Si tu devais m’en citer d’autres ?

Matthieu Chedid, Jurassic 5, Julian Cannonball Adderley, Miles Davis, Daft punk, Breakbot

Matthieu Chedid fait d’ailleurs une petite apparition dans votre dernier clip Shoes posté il y a deux mois sur YouTube© dans la perspective de la sortie le 22 janvier prochain de votre nouvel album Stachelight. IAM aussi. Tu peux nous en dire plus sur ces collaborations ?

Avant tout le reste, nous sommes des fans de ces artistes ! Nous reprenions déjà à douze ans les titres de M. Quant à IAM, c’est un groupe légendaire pour nous. Nous avons tous leurs albums ! Notre route a croisé la leur, nous avons eu de la chance. Nous avons partagé quelques mêmes scènes et ils sont spontanément venus vers nous. Ce sont des gens très ouverts, ils étaient curieux d’en apprendre un peu plus sur nous et sur ce que nous faisions. Nous avions gardé contact jusqu’à ce que nous décidions de tenter le tout pour le tout au moment de l’écriture de l’album. Nous nous sommes dit : après tout, pourquoi pas ? Il s’agissait clairement d’un rêve de gosse. Et la surprise fut totale lorsqu’ils nous ont rappelés. Ça a été instantané. Et l’expérience à leurs côtés a été ultra enrichissante.

Une anecdote particulière à partager ?

Le groupe IAM est arrivé à 14h au studio. Akhenaton et Shurik’n n’avaient rien préparé. Nous avons commencé à flipper grave pour finalement leur demander pourquoi. C’est là qu’ils nous ont répondu qu’ils préféraient vivre l’instant lorsqu’un projet leur plaisait. Et qu’ils n’écriraient qu’en vivant le moment avec nous. Ça nous a beaucoup touchés, et la suite des évènements s’est déroulée de façon très pro. Ils en ont profité pour partager également quelques-uns de leurs souvenirs, nous prodiguer leurs conseils. Comme s’ils étaient nos grands frères en fait.

Ma prochaine question est en rapport direct avec votre dernier clip Shoes. Sais-tu qui sont Eddy Gronfier et Thomas Pieds ?

Pas du tout. Ça ne me dit rien.

Ce sont deux Français, à l’origine d’un projet musical qui s’est fait largement connaître par le grand public…

Daft Punk ?

Perdu ! Ceux dont je te parle se sont fait connaître dès 2001 dans les charts français avec leur premier tube Music is the one. Il s’agissait du projet One-T. Ça te parle ?

Oue, ça me parle, mais ça fait un bail non ?

Quinze ans en fait. Après leur premier tube, d’autres se sont enchaînés : The Magic Key en 2003, Kamasutra en 2004, U !!! en 2005. Shoes m’a instantanément fait penser à ce projet. Et je me suis dit que, finalement, le groupe Deluxe était le mariage idéal entre la voix de Selah Sue et le projet One-T.

Oui, ça y est, je me souviens ! Tu m’en parles, je viens de me connecter sur YouTube©, et en effet, c’est un peu ça ! One-T… C’était terrible comme projet musical !

Et souviens-toi, les personnages créés à l’occasion de ce projet : One-T, un jeune de treize ans cancre et fumeur d’herbe ; Bull-T, son pit-bull manipulé génétiquement ; Cool-T, un rasta man sans papier complètement dingue… Y’a-t-il un lien que j’ignore entre One-T et le groupe Deluxe ?

Cela aurait pu être le cas en effet, mais pas du tout ! Quoiqu’il en soit, merci pour m’avoir fait remonter tous ces souvenirs.

deluxe groupe on tour

Stachelight sort donc le mois prochain. Quelle sera sa trame par rapport à celles du premier EP et du premier album de Deluxe ?

Nous avons la tête dans le guidon en ce moment, c’est parfois un peu compliqué de prendre du recul pour parler clairement de la direction que nous avons voulu prendre pour cet album. Nous souhaitions concevoir et réaliser Stachelight dans une perspective complètement live. Au lieu de passer chacun notre tour dans la cabine d’enregistrement, nous avons loué cette fois-ci un grand studio pour enregistrer ensemble et en même temps dans les mêmes conditions que sur scène. Cela n’exclut pas bien évidemment le travail post-production. Comme One-T, nous aimons mettre les mains dans les bandes. Mais tout est joué. Le rendu est donc bien plus groovy.

Après Shoes, votre second single Baby That’s You est sorti le mois dernier, en collaboration avec Matthieu Chedid. Vous en avez également profité pour jouer à L’Olympia le 19 novembre. Était-ce la première de Deluxe dans cette salle mythique ? Qu’elles ont été vos sensations sur scène ?

Oui, il s’agissait de notre première fois, et franchement, nous sommes très fiers de nous ! Nous n’en menions pas large pourtant au départ, nous hésitions à faire cette date. Lorsque nous nous sommes rendu compte un mois avant que les billets étaient tous partis, toutes nos hésitations se sont envolées. Et nos parents eux-mêmes n’y croyaient pas ! Ce fut un vrai honneur, et un grand étonnement. Surtout lorsqu’on repense à tout le chemin parcouru pour en arriver là, à l’Olympia ! C’est juste du bonheur, avec tous ces gens qui nous suivent depuis si longtemps.

Dernière question : pourquoi la moustache ?

Parce que nous nous trouvons bien plus beaux avec, ou bien plus moches c’est selon (rires).

Et Liliboy ?

Mais même Liliboy porte la moustache !

Merci Kilo pour cet échange. On vous souhaite le meilleur pour la suite de vos aventures. En attendant, on retrouve toute votre actu et vos prochaines dates sur votre page Facebook©. Je te laisse embrasser Liliboy de la part de toute la communauté Skriber… sur sa moustache bien sûr 😉

 

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