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Le livre des solutions | À cette folie qui n’est pas celle que vous croyez

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Mercredi 13 septembre 2023 sortait dans les salles le nouveau film de Michel Gondry : Le livre des solutions. De l’aveu du réalisateur, une grande partie de cette histoire s’appuie sur plusieurs éléments de son propre vécu. Quand d’autres interrogent la créativité et la folie, ce qu’elles recouvrent, ce qu’elles engagent, les différentes personnes qu’elles impliquent et la manière dont elles les impliquent. Ou pas…

Marc (Pierre Niney) est réalisateur. Il est venu présenter les avancées de son nouveau film à ses producteurs. Mais ces derniers sont loin d’être convaincus, à tel point qu’ils souhaitent récupérer les fichiers pour confier la finalisation du film à Max (Vincent Elbaz). Marc décide alors de profiter de la pause pour s’éclipser. Il court rejoindre son équipe en salle de montage pour concrétiser leur plan B : quitter les studios avec l’ensemble des fichiers avant que les producteurs ne les reprennent. Puis partir avec les disques durs dans le sud de la France, chez la tante de Marc, Denise (Françoise Lebrun), pour finaliser le film comme Marc l’entend.

Une fois sur place, Charlotte (Blanche Gardin) se remet à la tâche sans attendre pour terminer le montage du film. Mais une fois achevé et le film lancé pour un premier visionnage tous ensemble, Marc disparaît dès la première scène. Il semble complètement égaré intérieurement, tout en conservant néanmoins une certaine forme de ligne de conduite quant à son film. Il décide finalement de se replonger dans Le livre des solutions, un ouvrage qu’il avait commencé à écrire il y a fort longtemps mais pour lequel il n’avait rédigé que le titre. Au fil des pages qui se remplissent, celui-ci va finalement concrétiser la trame créative de son film, et bien plus encore

Le livre des solutions : il ne vous laissera pas indifférent, et toujours pour de bonnes raisons

Quand on apprécie la filmographie d’un réalisateur et celle de son casting pour son nouveau film, rien ne nous empêche de consulter malgré tout les critiques de ses premiers spectateurs. À en croire celles laissées pour Le livre des solutions, ça passe ou ça casse. Et pour cause : près de la moitié d’entre elles lui sont défavorables voire hostiles. Mais au-delà des préférences, des attentes et des exigences individuelles propres à chaque spectateur à l’égard d’un film, de son histoire, de son réalisateur, de sa distribution et de son interprétation, quel est le sens d’un tel résultat à la sortie des salles, si l’on se cantonne à considérer le véritable message du film ?

Pour répondre à cette question, nul doute qu’il serait judicieux de saisir, en premier lieu, toute l’ampleur de ce message, qui ne saurait se limiter aux errements du personnage de Marc, soi-disant farfelu, égocentrique et/ou perturbé. Pas plus qu’à un genre de film en particulier, à un seul et unique objectif. Cette liste d’arguments, motivant une grande partie des mauvaises critiques, est loin d’être exhaustive. Ceci étant dit, elle reflète, non pas l’incompréhension de leurs auteurs, mais plutôt leur incapacité à sortir du cadre. A minima, à l’interroger. C’est pourtant sur ce point que tout se joue. D’une part, pour ce film. D’autre part, pour l’émergence de ce que l’on nomme le génie créatif.

La solution n’est pas le choix de la facilité

Marc n’est pas fou. Et même s’il est à deux doigts de croire en la définition qu’ont les autres de la folie (notamment la sienne), dans son plus grand moment de désarroi, il ne s’y soumet pas. Marc n’est pas égocentrique : il craint seulement de décevoir les attentes de son public. Enfin, Marc n’est pas perturbé : il ne fait simplement pas les choses comme tout le monde. Il ose emprunter d’autres voies, même si certaines paraissent très éloignées de son projet principal, pour retranscrire toutes les émotions qu’il souhaite partager à l’écran avec les autres. Car chacune de ses idées, même la plus inattendue dans sa genèse et sa destination, constitue une pierre supplémentaire à son édifice.

Un édifice pensé, imaginé, réalisé à la façon d’un adulte qui a su préserver le lien avec son enfant intérieur meurtri, pour ouvrir le champ des possibles et élargir ce fameux cadre que beaucoup de gens respectent durant toute leur vie, sans trop se poser de questions. Parfois même, sans se douter de son existence. Dans ce sens, Le livre des solutions peut indubitablement constituer la première pierre à leur propre édifice. Un édifice qui n’attend qu’eux pour initier un autre quotidien, à portée de main. Un édifice incarnant l’expression libre du potentiel et de la magie, emprisonnés en eux depuis si longtemps. Et qu’ils sont, en définitive, les seuls à pouvoir délivrer un jour. Merci qui ? Merci Michel Gondry.

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