The Drums est devenu le projet de Jonathan Pierce depuis le départ du groupe de son ami d’enfance, Jacob Graham, en 2017. Vendredi 13 octobre 2023, il dévoilera un nouvel album intitulé simplement Jonny. Un nom de circonstance pour plusieurs raisons, désignant un disque charnière qui introduit une nouvelle approche créative toujours plus connectée aux expériences et aux émotion de son auteur.
Le regard a changé. Sur les photos qu’il publie ces derniers mois sur ses réseaux sociaux, parmi les clichés de ses fesses musclées, on aperçoit autre chose dans les yeux de Jonathan Pierce. Jonny ne cherche plus l’objectif de l’appareil. Il ne défie plus celui qui tombera sur son image dans les prochaines années. Au lieu de cela, il partage une autre vision de lui-même, plus sereine. Une vision dans laquelle celui qui a pris le temps de se connaître, et de reconnaître ses maux profonds, peut désormais étendre amplement ses bras pour une intense respiration. Et ce, dans la pleine et entière considération de ce que lui réserve le monde.
Prendre du temps pour lui et, in fine, pour les autres
Jonny, le prochain album de The Drums à paraître le 13 octobre, marque un tournant pour le songwriter new-yorkais. Cette nouvelle étape va au-delà de la seule annonce marketing, et même, de la thérapie initiée par Jonathan pour affronter et comprendre les traumatismes vécus durant son enfance. En effet, elle traduit la volonté de l’artiste, et de l’homme, d’expérimenter autrement le temps qui passe.
Le but ? Se l’accaparer enfin, si tant est qu’on le puisse vraiment, notamment pour se montrer plus patient et moins intransigeant à l’égard de lui-même. « Je me suis mis à me ménager« , raconte-t-il. « Quand je me suis lancé dans ce nouvel album, j’ai laissé le processus se dérouler lentement, à son rythme. J’écoutais mon corps. Et quand j’avais fini, j’avais fini […] Notre valeur n’est pas corrélée à notre productivité.«
The Drums : Jonny et sa solitude
Le nouvel album des Drums est aussi un moyen pour Jonathan Pierce d’exprimer une certaine forme de reconnaissance vis-à-vis de sa solitude. « Ma solitude m’aime mieux que toi« , chante-t-il dans Better. Ceux qui, comme lui, ont vécu des violences infantiles physiques et psychologiques comprendront. Dans ce sens, il partage l’une d’entre elles, propre à sa naissance, dans Isolette. « Il s’agit d’un terme technique, synonyme de couveuse ou d’incubateur », explique-t-il. « Ma mère a vécu un véritable traumatisme lorsqu’elle était enceinte de moi. Un médecin lui a percé la poche des eaux sans son consentement et elle a immédiatement entamé un travail douloureux et traumatisant. Je suis né prématuré. On m’a placé d’urgence dans une couveuse où personne ne pouvait me toucher. »
Sa séance photo improvisée il y a une dizaine d’années dans la maison de son enfance, à poil et en solo, retranscrit à son tour sa démarche afin d’exorciser « quelque chose de significatif et généralement de traumatisant, qui m’était arrivé quand j’étais petit […] Je crois que j’éprouvais un véritable pouvoir à me mettre nu dans ces espaces où d’autres m’avaient si souvent fait me sentir impuissant. Je me suis réapproprié l’espace. » Et il semble qu’il se soit aussi réapproprié sa vie. Jonny, par les paradoxes et les espérances qui l’animent, est une production lumineuse. Elle ne cherche pas à éluder la part d’obscurité de son auteur. Celui-ci transforme l’ombre pour en faire un point de repère duquel on prend ses distances en comprenant pourquoi on le fait. Aussi, plus que de la musique et son message associé, Jonny permet de pénétrer « les territoires les plus reculés de mon cœur ».
The Drums : site officiel | Photo : Qiao Meng