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Uniform Motion | Un coup de cœur au nôtre

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Depuis 2008, Uniform Motion mêle ses émotions dessinées à celles de sa musique enchantée. Le groupe explore la diversité des sonorités initiées par les plus grands noms du rock et de la pop alternative d’il y a presque trente ans. Déjà… Sa fraîcheur hystérique sait embaumée l’air et nous immerge dans une atmosphère dans laquelle ses murmures partagent avec nous un secret : c’est meilleur aujourd’hui, cela le sera encore plus demain.

Andy Richards, bonjour, et merci d’avoir accepté cette interview. Tu formes depuis huit ans avec Renaud Forestié et Olivier Piotte le groupe Uniform Motion, axé sur la combinaison de l’univers de la bande dessinée et de celui de la musique. Depuis la sortie des quatrième et cinquième opus The Magic Empire et Altered Covers en 2013, deux autres membres vous ont rejoints : Patrice Thomas et Fred Pesce. Résultat : un sixième album sobrement appelé 5 et sorti quant à lui en mai dernier. Si Uniform Motion devait être incarné par un personnage célèbre de BD, lequel serait-il et pourquoi ?

Andy Richards : C’est une bonne question… Même si je suis moins calé en BD que les autres, je dirais Snoopy. Tout simplement parce que j’aime bien sa tête (rires).

Depuis quand connais-tu Renaud ?

Andy Richards : Nous nous connaissons depuis 2007. Nous travaillions ensemble dans la même entreprise spécialisée dans la technologie vocale à Toulouse. Lors des pauses café, nous parlions musique. Nous avions des goûts en commun et nous souhaitions tous les deux monter un groupe. Je pratique la guitare depuis une vingtaine d’années. Lui ne jouait d’aucun instrument. Nous avons réfléchi et trouvé l’astuce qu’il dessine sur scène à la place.

D’où viens-tu Andy, et comment es-tu arrivé à la musique ?

Andy Richards : Je suis d’origine anglaise comme mon père, ma mère est irlandaise. Je suis né il y a trente-sept ans à Kettering, le « Clermont-Ferrand » de l’Angleterre et patrie de l’industrie de la chaussure et du Weetabix, le petit-déjeuner qu’on a du mal à digérer (rires). Je venais d’arriver en France. J’étais assis à l’arrière du bus qui me menait au collège. Je ne parlais pas vraiment le français. C’est alors que les autres enfants ont commencé à me demander de les aider pour traduire les textes de certaines chansons, notamment celles de Nirvana. Je le faisais en chantant. Certains ont donc eu l’idée que je le fasse dans leur groupe.

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Quels sont les références sur lesquelles vous avez pris exemple pour définir votre projet alliant sur scène musique et dessin ?

Andy Richards : L’une de nos principales références est Gorillaz, via le duo créatif formé par Jamie Hewlett et Damon Albarn. Même si leur travail a eu lieu exclusivement en studio sans être porté jusqu’à la scène en live comme nous le faisons, ils ont lancé ce 50/50 alliant musique et dessin. J’ai aussi vu un artiste que j’aime beaucoup et qui s’appelle Joseph Arthur. Côté musique, il boucle beaucoup de guitares, d’effets et de voix en utilisant l’oversampling. Et lorsqu’il est sur scène et que les morceaux tournent, il peint en direct. De son côté, Renaud a eu vent d’un projet au festival de la BD à Angoulême, les concerts dessinés. Les dessins sont exécutés sur papier puis projeté à l’écran sur la musique de différents groupes.

Quelle est la valeur ajoutée d’Uniform Motion par rapport à ces références que tu viens de citer ?

Andy Richards : Concernant le dessin, je vois deux choses. Tout d’abord, Renaud dessine sur scène avec une tablette graphique. Vu qu’il est aussi développeur de logiciels, il a conçu très rapidement son propre dispositif autour de Photoshop©. Cela lui permet de dissimuler tous les outils qui s’affichent normalement à l’écran et d’obtenir des images bien lisses en dissimulant l’aspect mécanique du dessin assisté par ordinateur. D’autre part, Renaud a confectionné une sangle attachée à sa tablette graphique : ainsi, il dessine de la même manière que s’il jouait de la guitare. Voilà huit ans que nous jouons et que nous dessinons sur scène en direct : Renaud dessine plus vite que jamais ! Il réussit même à animer les objets qu’il créé en live, c’est vraiment une expérience différente !

La démarche d’Uniform Motion se caractérise par une complète expérience du Do It Yourself. Le but est de trouver une alternative favorable et constructive afin de diffuser sa musique sans passer par les canaux traditionnels de l’industrie de la musique. Quels sont les avantages liés à cette perspective ? A contrario, ses contraintes ?

Andy Richards : Le principal avantage concerne la maîtrise des délais. Bien que nous ayons eu des propositions de la part de labels français et étrangers pour certains de nos précédents albums, nous ne nous reconnaissions pas dans leurs méthodes de fonctionnement qui consistaient à sortir l’album un an après son achèvement. En parallèle, nous conservons notre liberté de création, de production et de promotion.

Nous choisissons nous-mêmes l’ordre des chansons, les illustrations des pochettes de chaque album, les plates-formes sur lesquelles nous souhaitons diffuser notre musique, le prix de vente de chaque album… Nous passons beaucoup de temps au téléphone pour positionner nos concerts et les organiser. C’est là que nous percevons l’intérêt de tous ces métiers liés à l’industrie de la musique. Nous poursuivons malgré tout notre démarche, même si elle peut parfois être compliquée.

Cette démarche justement ne vous éloigne-t-elle pas trop de votre processus créatif ?

Andy Richards : On pourrait le voir et le vivre ainsi en effet. Mais cela supposerait que Renaud et moi soyons spécialisés dans un domaine en particulier, alors que je perçois plus les choses comme faisant partie d’un tout. Je m’occupe de l’écriture, de la composition, du mixage, des enregistrements. Je sous-traite le mastering aujourd’hui, mais c’est moi qui m’en chargeais sur les précédents albums. Cela illustre bien notre volonté de toujours tendre vers le mieux, de nous améliorer constamment en nous remettant en question. Et puis, six albums en huit ans d’existence, pour un groupe dont chaque membre a un travail à côté, c’est plutôt pas mal non ?

Vous êtes donc tous salariés à côté du projet Uniform Motion ?

Andy Richards : Oui. Renaud travaille chez Sud Ouest. De mon côté, je continue à bosser dans la technologie vocale. Olivier travaille quant à lui pour le Ministère de l’Environnement et Patrice dans l’architecture. Enfin, Fred est professeur de basse.

« Pour arriver à un certain niveau dans la musique, il faut oublier d’être fair-play et n’avoir aucun scrupule. Ce n’est clairement pas dans l’ADN d’Uniform Motion. Je préfère personnellement que ma musique soit inconnue et respecter une éthique plutôt que l’inverse »

Plus d’une centaine de concerts depuis la naissance d’Uniform Motion : comment faites-vous pour gérer ce grand écart permanent et pour vous organiser ?

Andy Richards : Perso, je travaille à dix minutes de chez moi, ce qui me permet de bosser une heure entre midi et deux tous les jours en plus des soirées et des week-ends. Pour les concerts, nous utilisons nos congés pour pouvoir les faire, qui sont parfois sans solde pour certains d’entre nous, en espérant à chaque fois que nous rentrerons dans nos frais et que nous ferons un peu d’argent. Actuellement, ce que nous gagnons ne nous permettrait pas de vivre tous les cinq de notre musique. Et si j’étais seul, je ne me pourrais me dégager que l’équivalent d’un petit Smic.

Le prix à payer de votre choix de ne dépendre d’aucun label n’est-il pas trop élevé ?

Andy Richards : Je ne sais pas. J’écoute régulièrement des projets musicaux que je considère personnellement meilleurs que le nôtre. Pourtant, les gens qui les suivent sur les réseaux et dans les tournées sont moins nombreux que ceux de notre public. À l’inverse, certains projets que je trouve en-dessous fonctionnent très bien. C’est finalement très subjectif…

Prix CQFD des Inrockuptibles en 2008 ; diffusions de plusieurs de vos morceaux sur BBC 6 Music en 2009 ; reprise de vos articles traitant du financement participatif de votre troisième album One frame pers second en 2011 dans le Der Spiegel et dans the Guardian ; finaliste du Printemps de Bourges et de France ô Folies : la caste média et le public ont adopté Uniform Motion. Ne crains-tu pas que le chemin que vous tracez en-dehors de l’industrie traditionnelle de la musique vous empêche définitivement de vivre un jour complètement de votre passion ?

Andy Richards : Avec tout ce que tu viens de citer, tu comprends bien qu’il ne s’agit pas d’un manque d’ambition de notre côté. Nous bossons beaucoup, nous sommes très productifs artistiquement parlant. Je crois en fait que pour arriver à un certain niveau dans la musique, il faut oublier d’être fair-play. Il faut vraiment vouloir réussir à tout prix quitte à n’avoir aucun scrupule. Ce n’est clairement pas dans l’ADN d’Uniform Motion. Je préfère personnellement que ma musique soit inconnue et respecter une éthique plutôt que l’inverse.

Focus maintenant sur deux titres de 5 que j’ai particulièrement appréciés. False start s’appuie sur une sorte de dramaturgie traduisant une lassitude profonde, une impression que tout tourne en rond. Qui est l’auteur de cette chanson ? Quelle anecdote est connectée à celle-ci ?

Andy Richards : C’est moi qui l’aie écrite. Je ne suis pas forcément conscient de ce que j’écris en fait. Parfois, les paroles ne sont au départ que des sons, du yaourt comme on dit dans le jargon musical. Cela devient ensuite de l’écriture automatique. Pour False start, les paroles me sont venues suite aux évènements tragiques de Charlie Hebdo. Ton interprétation est la bonne : l’idée directrice est cette notion de faux départ, que tout tourne en rond, que tout aurait pu se passer différemment pour toutes les personnes impliquées dans cet évènement.

uniform motion band

À l’instar des paroles de ce morceau, existe-t-il une volonté au sein d’Uniform Motion de s’engager sur des thématiques similaires dans vos prochains titres ?

Andy Richards : J’ai tendance à être très réservé sur les sujets politiques. Uniform Motion est à la base un projet très personnel, intimiste, tant dans l’écriture des textes que dans leur composition. Je ne fais pas des textes militants. Par contre, il y a des évènements qui nous tombent dessus et qui nous poussent parfois à réagir. Il s’agissait donc plutôt d’une réaction personnelle à cet évènement-là que d’une revendication. Il y a déjà des artistes qui font ça très bien, comme par exemple Michel Cloup. C’est un artiste toulousain qui a fait de son engagement sa marque de fabrique. Je respecte et apprécie beaucoup son travail.

Fan de The Cranberries depuis toujours, le titre I don’t know a thing m’a rappelé immédiatement cette référence dans ses aspects instrumentaux. Que t’évoque le band irlandais ? Quelles sont les autres icônes du rock et de la pop des années 90 qui t’influencent le plus ?

Andy Richards : Merci. C’est la première fois que j’entends cette référence dans le cadre d’Uniform Motion. J’aime également beaucoup The Cranberries, je me souviens notamment de leur titre Linger présent sur leur tout premier album Everybody Else Is Doing It So Why Can’t We ? Je crois même que ce titre et cet album étaient sortis en France après leur tube Zombie et leur second album No need to argue. J’aimais particulièrement le rendu lo-fi des guitares, où tu te rendais bien compte que Dolores jouait déjà depuis cinq minutes avant d’enregistrer et qu’elle voulait absolument placer son solo. Je trouvais ça chouette, ça allait dans le sens de ce que faisaient The Pixies et Nirvana. I don’t know a thing s’inpire beaucoup de certains sons de REM aussi.

J’ai aussi perçu REM, mais plus sur un aspect vocal. Ta voix fait écho en effet à celle de Michael Stipe sur certains morceaux de 5. Une chose est sûre : je me suis retrouvé plongé dans Bury the hatchet, le quatrième opus de The Cranberries à travers I don’t know a thing. Ainsi que dans leur second album No need to argue que tu évoquais à l’instant. Album qui fut effectivement le premier à sortir en France avant le premier officiel sur lequel se trouvait la chanson Linger.

Andy Richards : Il y avait un parti pris dans I don’t know a thing : celui de retourner dans les années 90 et de retrouver le son propre à cette période, porté par The Cranberries mais aussi Basement et tous ces autres groupes qui passaient tard dans la nuit dans l’émission diffusée sur MTV©, Alternative Nation.

Plus d’une centaine de concerts à travers la France et l’Allemagne depuis les débuts d’Uniform Motion comme je le disais tout à l’heure. Quels territoires lui reste-il à conquérir ?

Andy Richards : Selon les statistiques de Spotify, c’est en Amérique du Sud et en Espagne que nos fans se trouvent. Ce serait chouette de traverser l’Atlantique pour se rendre en Colombie, au Brésil, au Chili, au Mexique aussi. On reçoit régulièrement des mails en espagnol de fans qui nous demandent quand nous viendrons les voir. Sans doute bientôt.


Uniform Motion : site officiel

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