Sorti le 31 août 2022 dans les salles, La page blanche est le second film réalisé par Murielle Magellan, adaptée d’une BD à succès. Rappelant certains élans observés dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, il met en scène une Sara Giraudeau touchante et drôle, dont le personnage se confronte à l’amertume de la vie qu’il a omise.
Sur un banc d’une place parisienne, Eloïse (Sara Giraudeau) s’éveille à une réalité qu’elle ne comprend pas. Scrutant les environs à la recherche de premières réponses, elle peine à se souvenir de son prénom. Elle ne sait plus ce qu’elle fait là, ni où elle habite. Dès lors, le jeu de piste se met en marche pour tenter de rassembler les pièces du puzzle de son existence passée. Arrivée chez elle, elle tente de débusquer ses mots de passe, notamment celui de son ordinateur. Son objectif est de retrouver sa trace, du moins, celle de la femme qu’elle était avant ce black-out inexplicable.
Le lendemain matin, sa patronne la réveille au téléphone. Eloïse travaille chez un libraire dans le centre : ça aussi, elle l’avait complètement zappé. Dans l’ascenseur du magasin, elle croise Fred (Grégoire Ludig) sans saisir ses avances. Puis elle croise Sonia (Sarah Suco) que a du mal à considérer cet intérêt soudain que lui porte Eloïse. Alors qu’hier encore, elle faisait tout pour l’ignorer. Une chose est sûre : Eloïse a du pain sur la planche pour découvrir celle qu’elle était avant cette amnésie brutale. Et sa quête va lui réserver bien des surprises sur elle-même.
La page blanche : dans le brouillard total, et ça tombe bien
Adaptation libre de la bande dessinée signée Boulet et Pénélope Bagieu, La page blanche distingue avant tout sa réalisatrice Murielle Magellan. Et pour cause : l’accessibilité inscrite dans ce film permet au spectateur de s’immerger rapidement dans le calvaire vécu par Eloïse puis dans son aventure. On ne veut en perdre aucune miettes et on se laisser captiver, au rythme des nouvelles découvertes du personnage quant à son histoire passée.
La page blanche, c’est aussi un film dans lequel chacun se reconnaît à sa manière. Et dans lequel on reconnaît aussi cette propension de l’individu à imiter les autres plutôt qu’à être lui-même. Au fil de ses péripéties, Eloïse réalise en effet que celle qu’elle était avant ne ressemble pas vraiment à celle qu’elle se figure depuis son réveil sur ce banc.
Plus que jamais à l’écoute d’elle-même, de par la nécessité que sa situation lui impose, elle n’a d’autre choix que de prendre le temps de comprendre le sens des émotions qui l’animent pour les vivre à sa façon. En cela, La page blanche va plus loin que la comédie et la romance. Il offre un regard impertinent, mais plutôt juste, sur la société actuelle, en pointant du doigt “l’effet de masse” qui affecte beaucoup de ceux qui la composent, leur imposant tout (et n’importe quoi). Au détriment, entre autres, de leur dignité, du respect des autres et d’eux-mêmes.
Photo : SND