Deux ans après l’excellent Dolores Claiborne, Taylor Hackford réalisa l’une de ses œuvres majeures. Ainsi, L’associé du diable sortit en 1997 dans les salles. Au programme : un trio de feu et de sang portant l’intrigue d’un thriller sulfureux sur fond théologique invitant le spectateur à s’interroger sur la notion de libre-arbitre et sur la superficialité de ses motivations existentielles.
Kevin Lomax (Keanu Reeves) est un jeune avocat plaidant à la Cour de Floride. Il est marié à Mary Ann (Charlize Theron). Leur union révèle leur amour sans limite jusqu’au jour où Kevin se retrouve confronté à un choix qui va marquer un tournant dans sa vie. Représentant un professeur des écoles accusé de pédophilie, il va délibérément opter pour la relaxe de son client malgré les nombreux éléments à charge rendant indéniable sa culpabilité. Cette décision lui permet de remporter une fois de plus son procès.
C’est alors qu’il rencontre John Milton (Al Pacino), à la tête d’un des plus importants cabinets d’avocats de New-York. Il suit le parcours de Kevin depuis ses débuts et souhaite qu’il rejoigne ses rangs. La proposition est plus qu’alléchante et convainc Kevin et Mary Ann de l’accepter malgré les avertissements de la mère de Kevin (Judith Ivey) citant la Bible pour partager les craintes qui l’animent.
Il vous suit
On ne peut qu’admirer l’intemporalité de L’associé du diable, un film qui sait accompagner l’évolution des perspectives que le spectateur a du monde qui l’entoure, mais également celle de sa réflexion, de son analyse et de son opinion. Une opinion bien évidemment tournée vers les autres ainsi que celle qu’il peut avoir de lui-même.
Et c’est bien là que réside toute la puissance de ce film.
Non seulement pousse-t-il le spectateur à se poser la question : « À sa place, qu’aurais-je fait ? ». Qui plus est, il inscrit cette même question dans son for intérieur pour le restant de ses jours. Cette question devient une idée qui progresse et qui se transforme au fil du temps devenant son étalon de référence en fonction de l’échelle de valeurs qui lui est propre.
La subtilité de la nuance
Ainsi ne s’agit-il pas simplement d’opposer le bien et le mal, d’identifier le camp auquel chacun appartient. Il n’est pas non plus question de moralité ni du sens que lui attribue le spectateur. Il s’agit en fait de répondre à la seule question qui finalement subsiste : que racontent mes choix de l’être que je suis en réalité ? Et par extension, que disent-ils de notre société ?
L’associé du diable, malgré un casting « d’enfer » et des effets très avant-gardistes pour l’époque, resta suffisamment confidentiel pour ne pas faire partie de la sélection des plus grands festivals internationaux de cinéma. Malgré tout, il révéla Charlize Theron au grand public grâce à la justesse de son interprétation schizophrène détrônant sa seule beauté captivante. Et vous, quel associé du diable êtes-vous ?