Sorti dans les salles en juin dernier, Le discours révèle à sa manière une autre facette du réalisateur français Laurent Tirard. Benjamin Lavernhe en est la tête d’affiche. Il est secondé par la douce Sara Giraudeau. Ainsi, le film est tout autant un conte moderne, une ode à l’amour, qu’une analyse drôle et juste de ce petit bout d’extraordinaire que chacun dissimule sous ses travers bien ordinaires.
Sonia (Sara Giraudeau) est en couple avec Adrien (Benjamin Lavernhe). Elle lui annonce un matin qu’elle souhaite faire une pause. De lui, d’eux. Tentant vainement de l’en dissuader, Adrien n’a finalement d’autre choix que de la laisser partir. Dès lors, la dépression, la colère, l’espoir et le désespoir se succèdent. Jusqu’à ce trente-huitième jour où Adrien décide finalement d’envoyer un texto à sa dulcinée. Les minutes puis les heures défilent, sans une seule réponse de sa belle. Pris au piège dans un énième repas de famille insipide, Adrien se voit proposer par son futur beau-frère (Kyan Khojandi) de préparer le discours pour son futur mariage avec Sophie (Julia Piaton), la sœur d’Adrien.
Cette demande particulière fait naître en lui une angoisse oppressante. Elle initie une farandole de scénarios envisageables quant au déroulement de ce discours le jour J, égarés au milieu des souvenirs d’enfance, des regrets, des questions restées sans réponse d’Adrien. Tout se mélange, y compris avec ces échos du passé de sa relation avec Sonia. Celle-ci ne daigne toujours pas répondre à son texto de fin de journée. L’angoisse finit par céder sa place à une certaine forme de désarroi, puis à la fatalité. Quitte à être malheureux, autant savoir se satisfaire de l’expérience qu’il eut la chance de vivre malgré tout. Sans même se demander ce que le destin lui réserve d’autre…
Le discours : l’inattendu vous veut du bien…
Si tant est qu’on l’accepte pour ce qu’il est, et pas pour ce qu’on aimerait qu’il soit. Adapté du roman du même nom paru en 2018 et écrit par Fabrice Caro, Le discours est réalisé avec simplicité par Laurent Tirard. Le film rappelle subtilement l’atmosphère du Fabuleux destin d’Amélie Poulain signé Jean-Pierre Jeunet, celle aussi du Premier jour du reste de ta vie réalisé par Rémi Bezançon. Les saynètes s’enchaînent et s’imbriquent, et pour cause : on est au théâtre plus qu’au cinéma. C’est ce mélange des genres qui fascine et qui met en lumière la banalité individuelle, sentimentale et familiale de manière si tendre et nostalgique.
En outre, Le discours permet de zoomer progressivement sur les fêlures de l’être, même le plus commun, donc. Il est celui fait devant toute une assemblée d’invités durant le mariage d’une sœur qu’on ne connaît plus depuis des années. Autour d’une table, entre le gratin et la tarte poire-chocolat, face à des proches interloqués. Il est enfin et surtout celui tenu à l’homme, la femme de sa vie. Puis à soi-même, pour ne plus se voiler la face, bien sûr. Mais aussi pour grandir, devenir plus philosophe qu’on ne l’était hier. Pour partir loin dans sa tête, parfois jusqu’à la folie. Pour rallier le port d’attache de ses rêves, qui ne nous semblaient pas si près, et l’espoir tenace, nourrissant un engagement à toute épreuve, afin qu’ils se réalisent dans pas longtemps.