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Old | Une autre version du paradis ?

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Sorti en France en juillet dernier, Old est un film qui intrigue dès les premières secondes de sa bande-annonce. Réalisé par M. Night Shyamalan (Sixième sens, Incassable, Split), c’est également bien plus qu’un simple film d’horreur. Enfin, son nom prête à confusion. Voici pourquoi.

Dans la navette qui les mène sur leur lieu de vacances, la petite famille de Guy (Gael García Bernal) et de Prisca (Vicky Krieps) est d’humeur joyeuse. Alors que la fille aînée fait ses vocalises sur le dernier tube du moment, son petit frère de six ans s’agite, impatient d’arriver. C’est le directeur de l’hôtel en personne (Gustaf Hammarsten) qui les accueille avec toute l’équipe de l’hôtel. Le palace au design minimaliste est situé dans un lieu paradisiaque. Le service, ainsi que la prestation offerte par les chambres, sont d’une rare qualité. Quelle aubaine d’être tombé sur cette annonce en ligne !

Pendant que les enfants sympathisent avec un autre gamin, la tension entre les deux parents se fait jour. Ce week-end, ils l’ont organisé pour annoncer leur séparation à leurs bambins une fois de retour. Il est question aussi de la maladie de Prisca. Mais pour l’heure, place à la détente et aux activités dépaysantes. Cela tombe bien. En douce, le directeur de l’hôtel invite toute la famille à se rendre sur une plage déserte ignorée de tous. Quelques instants plus tard, celle-ci se retrouve sur place avec d’autres pensionnaires de l’hôtel. Le cadre est idyllique et la famille commence à s’installer. Mais alors que les enfants jouent ensemble, le petit dernier constate que son maillot de bain est devenu trop petit pour lui. Quant à la mère âgée de Charles (Rufus Sewell), le médecin de la bande, elle peine à reprendre son souffle. Est-ce dû au choc de la découverte du cadavre de cette inconnue dans l’eau, quelques minutes auparavant ? Ou à une autre raison ?

Old : l’histoire des temps qui passent

Old est l’adaptation de la bande-dessinée Château de sable. Celle-ci, présentée comme « une fable sociale mordante et un huis-clos à ciel ouvert », est parue en 2010. Elle est le fruit de la collaboration entre le scénariste et réalisateur français Pierre Oscar Lévy ainsi que l’auteur et dessinateur suisse Frederik Peeters. Sous l’œil de la caméra de M. Night Shyamalan, elle s’anime tout autant qu’elle anime, avec une aisance déconcertante, les grandes contradictions de l’être. Et ce, durant tout sa vie. Car si Old induit instinctivement la notion de vieillesse, l’histoire est aussi et surtout cet autre regard porté sur les grandes étapes qui forgent l’appréhension que chaque personne a du monde, des autres et des événements. Tout au long de son existence.

Ainsi, les drames d’hier laissent place aux sourires de réconciliation quelques années, ou plutôt, quelques minutes plus tard. Les vices s’accentuent jusqu’à la mort. Et la psychologie finit elle-même par céder sa place à la panique face à l’urgence. Car le temps court, inexorablement. Bien plus vite sur ce sable, dans les entrailles de cette roche-là. Au-delà du phénomène inexplicable qui se joue en cet endroit, on devine qu’une autre singularité, initiée par l’humain, est à l’œuvre. Pour preuve, ces flashs de lumière là-bas, en haut de la colline. Ils détournent l’attention des treize naufragés du temps, tout en renforçant un peu plus encore leurs peurs les plus profondes. Celle de la mort, surtout.

À quel prix sacrifier la vie belle et fragile ?

Au fil des minutes qui s’égrènent telle une succession de sentences, la passion apparaît comme éphémère quand l’amour véritable renaît pour durer. Qui seront les survivants ? Y en aura-t-il ? Quel sort leur souhaiter une fois délivrés ? Quelles leçons tirer des actes de ceux les ayant traités de la sorte ? Une chose est sûre : à trop s’approcher du soleil, on finit par s’y brûler les ailes. Et dans l’inattendu dénouement que renferme ce conte, on ne peut s’empêcher de faire les liaisons avec ce qui se passe en-dehors de toute fiction. Si le film aurait pu s’arrêter quelques minutes plus tôt pour certains, M. Night Shyamalan fait le choix de le poursuivre pour les autres.

Ainsi, Old interroge sur la relation entretenue par tout quidam avec la vie et sa fin inéluctable. Il questionne la manière dont chaque spectateur considère la notion de progrès. Et jusqu’où l’homme est capable et/ou autorisé à aller pour la servir. Enfin, le film déjoue tous les pronostics à l’instar de la vie elle-même. Alors que ses souvenirs s’estompent, du fait du grand âge de chacun, le couple se comprend mieux que jamais, l’un finissant la pensée de l’autre dans un simple soupir. Mention spéciale pour Vicky Krieps, dont on reconnaît toute la sensibilité d’interprétation. Celle-ci s’était déjà sublimement exprimée par le passé, notamment dans Phantom Thread en 2017.

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