Miss Peregrine et les enfants particuliers est le nouveau long métrage de Tim Burton sorti mercredi dans les salles. Une fois de plus, vous ne serez pas déçus du voyage. Une épopée à travers le temps et des mondes empruntés complètement repensés dans la cervelle du réalisateur virtuose, qui décidément sait comment enchanter les petits, mais surtout les plus grands. À l’arrivée : des rencontres et un moment particuliers tout autant que les personnages du film.
Jacob (Asa Butterfield) est un ado un peu à part. Il ressent cette différence et à du mal à tisser des liens avec les jeunes de son âge. Enfant, il se projetait dans les histoires fantastiques que son grand-père (Terence Stamp) lui racontait. Puis il grandit et se résigna à cadenasser toutes ces aventures devenues invraisemblables dans un coin de sa mémoire, pour les oublier et se conformer aux contraintes de son monde. Jusqu’au décès de son grand-père, kidnappé puis sauvagement assassiné tout près de son domicile.
Jacob arrive trop tard. Malgré tout, il a le temps d’entendre les dernières paroles de son grand-père. Des paroles faisant remonter de très lointains souvenirs et présageant de terribles évènements. Et si la vue manque désormais à son aïeul à quelques instants de sa fin, Jacob ne peut rester aveugle face à l’apparition monstrueuse dressée devant lui, succédant à celle de cet homme croisé quelques instants auparavant dans la rue. Un homme avec des yeux de lumière… Qui est-il ? Pourquoi a-t-il tué son grand-père ? Jacob doit-il continuer à feindre la normalité ? Qu’adviendra-t-il s’il décide de se lancer sur ses traces ?
Symboliques et devoir de mémoire
Adapté du roman du même nom signé par l’Américain Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers a été réalisé dans la plus pure tradition « burtonienne ». Axant sa dramaturgie sur les évènements de la Seconde Guerre Mondiale, les horreurs du nazisme et du conflit se personnifient en des monstres affamés que seuls les yeux d’enfants dotés de pouvoirs spéciaux peuvent rassasier. Des monstres devenus ce qu’ils sont dans leur quête folle d’immortalité, manœuvrés par leur leader Barron (Samuel L. Jackson) mettant tout en œuvre pour être le seul à pouvoir y accéder, et ce, au prix de la mort de centaines d’enfants « particuliers » et de leurs tutrices.
Miss Peregrine (Eva Green) est justement l’une d’entre elles. Elle use de ses propres talents pour créer des boucles temporelles afin qu’elles se répètent inlassablement et qu’elles épargnent ces rejetons dont elle a la responsabilité, mais aussi le respect, la gratitude et l’amour. Une autre symbolique puissante qui ne fait aucun doute, connectée à tous les résistants ayant sauvé des milliers de personnes des griffes du mal.
Miss Peregrine et les enfants particuliers : un conte historique
Sous couvert de jouer sur les apparences, très souvent trompeuses, et de colorer les photos en noir et blanc faisant partie de l’ouvrage écrit par Riggs pour créer des personnages et des décors à la hauteur des plus beaux films de Walt Disney, Tim Burton fait de Miss Peregrine et les enfants particuliers un conte historique touchant, captivant, sensible et même drôle.
Plus qu’une valeur sûre, un véritable dépaysement nourrissant l’imaginaire et l’effort de mémoire de chacun dans ces temps parfois très sombres qui attendent que chacun se réveille et ouvre les yeux pour les voir en face puis lutter. Pour que cette obscurité ne prenne pas à nouveau la place de ce qu’il y a décidément de plus beau chez l’homme.