Retrouvez dès aujourd’hui le nouveau long métrage réalisé par Martin Provost, Sage Femme. Catherine Frot y donne la réplique à Catherine Deneuve à travers une interprétation singulière de la solitude, de l’amour qui laisse des traces et de la vie. Plus de huit ans après le bouleversant Séraphine, Martin Provost se distingue une fois de plus par le pouvoir dont il dispose : celui d’initier une émotion que ne s’atténue jamais et dont la respiration est en symbiose constante avec le thème qu’il porte à l’écran.
Claire (Catherine Frot) est sage-femme depuis des années. La maternité dans laquelle elle travaille est sur le point de fermer. Son quotidien est rythmé par les naissances, les inventaires, les sommes impromptus en fin de garde, les allers et les retours à vélo entre son travail et son domicile. Alors que la nuit commence pour les uns. Alors que le jour débute pour les autres. Un message laissé un matin par Béatrice (Catherine Deneuve) va bousculer son train-train dédié aux autres. La femme souhaite la revoir, plus de trente ans après avoir quitté son père. Elle était sa maîtresse, sa concubine. Elle était l’amour de sa vie avant de le quitter et de s’en aller.
Béatrice n’a jamais pensé qu’à elle, sans se soucier des lendemains qui déchantent. Elle est désormais aux limites de son existence, habitée par un cancer qui la ronge. Bien moins que sa solitude, bien moi que le regret de celui qui marqua véritablement sa mémoire. Antoine, le père de Claire. Les premières retrouvailles sont tendues, Claire avait fait le deuil de son père et de ses souvenirs avec lui, avec elle, celle qu’elle regarde à nouveau en face. Béatrice n’a pas changé, elle boit, fume et mange dans l’excès de sa liberté de vivre. Pourtant, les deux femmes sont faites l’une pour l’autre. Tout chez l’autre les attire. Jusqu’où ira leur affection tue ? Quel sens inédit leur apportera-t-elle ?
Sage Femme : à nos actes manqués
Le regard de Martin Provost imprègne Sage Femme à la façon d’un parfum dont la traîne ne saurait découvrir une seule séquence, de la première à la dernière minute. Certes, le film comporte quelques longueurs, mais c’est pour mieux apprécier les inspirations et les expirations de chaque personnage dans l’infini de ce perpétuel recommencement qu’est la vie.
La vie est une mort comme les autres. À la façon d’une future maman au travail pour mettre au monde son enfant, les personnages de Claire et de Béatrice luttent pour avoir la vie qu’ils ont toujours voulue. Et qu’ils ont pourtant délaissée au gré du temps, des envies du moment, des rencontres, des vocations et des convictions.
D’un essentiel à la (re)naissance
Catherine Deneuve, elle aussi, jure et porte des bottes pour jardiner. Le rôle de Béatrice lui va comme un gant : il incarne l’essence de son talent quand celui de Claire permet à Martin Provost d’user de la tempérance et de la nuance de Catherine Frot pour recentrer le déroulement du film et le développement progressif d’une sagesse, permettant de poser un regard serein sur la Seine, l’envol d’un cygne blanc, une barque qui flotte puis qui dérive sur les courants.
La mort est une vie comme les autres. Ou plutôt, une vie comme celle qui s’agite au fond de chacun alors que le contrôle mental tente de la contenir. Si le cœur a ses raisons, le corps aussi. Et dans la ronde éternelle de ces existences qui se croisent et qui se succèdent, le destin devient aussi cette part de sens qu’on veut bien discerner pour ne pas passer à côté.