Quatre ans après la sortie de son premier album Best Friends, et plus de six ans déjà après celle de son tout premier EP Put some colors, le groupe belge Pale Grey revient en France ce vendredi avec sa nouvelle production intitulée Ghosts. Entre interprétations minimalistes et pop alternative aérienne vibrante, Pale Grey se dévoile dans toutes ses nuances. Il devient l’ami de chacun dès le petit-déjeuner, pour que chaque jour compte.
Il y a quelques années, dans la petite ville de Malmedy à l’Est de la Belgique, deux ados se croisent dans un bus transportant la musique du monde. Une discothèque roulante revenant à intervalles réguliers qui devient très vite un lieu de rendez-vous sous-entendu sans être dit pour chacun d’entre eux. Il faut dire que Gilles Dewalque et Maxime Lhussier ont pris l’habitude de taire leurs préférences musicales. La pression de leurs camarades à l’école est forte tout autant que leur incompréhension face à ces morceaux venus d’ailleurs et auxquels ils sont tous étrangers. Peu importe.
Gilles et Maxime assument leur sensibilité. S’ils sont des ovnis pour tous ces autres sur Terre, ils deviennent en parallèle des explorateurs de sonorités et de rythmiques sur d’autres planètes. Des espaces qui ne semblent pas avoir encore été conquis et qui n’attendent que cette graine portée par l’univers pour faire germer une réinterprétation tout en finesse des codes, des genres et des sonorités.
Il était une fois, Pale Grey
Depuis, le duo est devenu un quatuor avec l’arrivée de Jan Montens aka Janjannes aux claviers et de Benoît Damoiseau à la batterie. Nouveau jeu du destin ou pas, ils se font remarqués sur scène en 2011 en prenant la place d’un autre groupe ayant annulé sa prestation à la dernière minute. De là à dire que Pale Grey était fait pour exister, il n’y a qu’un pas.
Il faut dire que la créativité du groupe semble n’avoir aucune limite. Le collectif liégeois JauneOrange l’a d’ailleurs rapidement compris et accompagne Pale Grey dès 2013 pour son premier album Best Friends. Se réappropriant celle des groupes que ses deux fondateurs écoutaient encore hier, cette inventivité dessine au cœur de Pale Grey la genèse d’une déflagration émotionnelle qui imprègne chaque centimètre carré de peau et en dessous. Telle est, une fois de plus voire plus que jamais, la perspective offerte dans le nouvel EP de Pale Grey, Ghosts, à paraître ce vendredi.
L’oubli vain des baisers du passé
Dans Ghosts, les pensées dites à voix haute entre potes dans Best Friends cèdent leur place à une mélancolie amoureuse. Elle se ressent jusqu’aux tréfonds de l’âme. La première plage laisse apparaître le premier fantôme, celui de l’être aimé désormais parti. Celui de Gilles Dewalque tout autant que celui de Maxime Lhussier. Tout autant que celui de ceux ayant un jour connu un véritable amour. La voix de Gilles initie un dialogue avec lui-même. Tantôt écho de celle d’Oliver Sim dans les premières compositions de The XX, tantôt en harmonie avec celle de Thom York dans In Rainbows.
Les regrets exprimés dans Billy façonnent un titre sachant tirer les larmes. Non celles roulant sur les joues et qui se voient. Plutôt celles bien cachées par l’amour propre et la dignité. Même si en l’occurrence, ces deux derniers volent en éclats pour se disperser à jamais dans les couloirs du temps. La dérive peut devenir un mouvement salvateur dans Drift. La voix retrouve un semblant de témérité à l’approche d’un futur qui paraissait bien moins incertain hier. Une ode à la solitude et à l’introspection portée par un cri déchirant qui traversera les âges, sans aucun doute.
L’étincelle sur la pointe de la flèche de Cupidon augure le meilleur. Le titre inaugure une légèreté nouvelle dans le tempo et l’interprétation de Gilles. Le deuil prendra fin d’une manière ou d’une autre… L’occasion pour Pale Grey de se lancer à corps perdu dans ses espérances de toujours. Puis de conférer à ses Ghosts une consistance bien humaine. Des Ghosts qui accompagneront le groupe plus qui ne le hanteront. Des Ghosts qui annoncent aussi la venue de plusieurs autres prochainement. En effet, quatorze morceaux inédits ont déjà été enregistrés. Mais pour le moment, l’heure n’est pas à la précipitation. Elle est à la sensation.
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