Jeudi 1er avril 2021. Bois de la Cambre, Bruxelles. Les forces de l’ordre répriment un rassemblement « illégal ». Une femme dans la foule se fait heurter violemment par la police montée et demeure à terre. Choquant. La vie se fait chargée, piétinée, pulvérisée. Dès lors, La Proie (The Prey) de Monolink prend une autre dimension.
En Belgique, la chasse à courre a de nouveau la cote. La liberté, la jeunesse, le besoin de se retrouver, sont les gibiers de ses adeptes. La joie de vivre cède sa place au désarroi. Puis à la colère. Nous non plus, Nikola, si c’est ça la vie, on n’achète pas. Pourtant, il y a tant de raisons de se réjouir. Une : plus de 99,8% des gens survivent à ce virus qui fait la pluie et le beau temps. Et ce, depuis plus d’un an… Une pensée, plusieurs même, aux plus fragiles et aux anciens qui y succombent. Mais aussi à toutes ces autres pathologies qui n’atteindront jamais ce niveau-là. Qui tuent bien plus, sans qu’on n’en ait jamais autant parlé. Sans qu’on n’ait jamais plongé le quotidien et l’avenir dans une telle obscurité. Des maladies qui font des suppliques de Global Network des prières éternelles. Des os cassants d’Artemis Aether, le squelette de notre fragilité à tous.
La Terre de Yelli Yelli continue de tourner quand, sur la nôtre, on semble préférer marcher sur la tête. Dans la cadence initiée par La Battue résonne celle de l’être étincelant de Sigur Rós. Elle est intemporelle. Elle bat la mesure dans les chaudes artères des crocodiles et des Vipères Sucrées Salées. Une fois de plus, elle fédérera Two Sevens, 207, des millions si nécessaire. Car l’on ne peut, à dessein, être empêchés de vivre par la peur, manipulée, de mourir. Car la mort ne prévient pas. Elle fait partie de la vie. Et la vie, elle, n’attend pas. Aussi, plutôt que de dresser la liste des choses à faire avant de disparaître, à la façon de Trent-Jean, pourquoi ne pas retrouver le chemin pour les réaliser à nouveau et dès maintenant ? Pourquoi ne pas retrouver ces visages dans lesquels on se noie, à l’instar d’Étienne Machine ? Que ne recèle la vie qui ne mériterait pas qu’on se batte pour elle ?