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Chiara Foschiani | Les espérances d’une promesse

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Fin 2020, Skriber avait partagé le clip de son single Queen of Disaster. Puis elle nous fit découvrir son premier EP Trouble Maker, à paraître vendredi 9 avril 2021. À seulement 17 ans, Chiara Foschiani a tout mis en œuvre pour gagner un temps précieux. Car elle a décidé de faire de la musique sa vie, quitte à mettre toute sa famille à contribution. Comment envisage-t-elle l’avenir, sa génération, celle qui appréciera son parcours de jeune artiste dans quelques années ? Rencontre.

Bonjour Chiara. Tu as quitté le lycée à l’âge de 16 ans pour te consacrer pleinement à la musique. Comment ce choix a t’il été accueilli par tes parents ? T’ont-ils soutenue ou ont-ils au contraire tenté de te dissuader ?

Chiara Foschiani : Ça a été une décision prise tous ensemble. C’était la suite logique. Je me rends compte de la chance que j’ai eue et que j’ai encore d’être soutenue par mes parents. Aujourd’hui, c’est plus qu’un soutien : on travaille ensemble. C’est devenu un projet familial. Ceux qui ont essayé de m’en dissuader étaient des personnes qui n’acceptaient pas mon ambition. En parallèle, elles n’avaient pas conscience que ce n’était pas une décision prise sur un coup de tête. On y a réfléchi pendant un an pour être sûrs de tout ce que cela impliquait.

Tu cites aussi bien Nekfeu que Camille Claudel. Tu sembles également affectionner tout particulièrement la littérature. Si tu te retrouvais demain sur une île déserte, quel album, quel ouvrage et quel film trouverait-on dans ton sac de plage ?

Chiara Foschiani : Voilà une question difficile. Pour l’album, je choisirais en effet celui de Nekfeu : Les étoiles vagabondes : Expansion. C’est sûrement l’album que j’ai le plus écouté jusqu’à aujourd’hui. Il m’a littéralement retourné l’esprit pendant un an, comme toute la discographie de Nekfeu d’ailleurs. Mais si je veux simplement replonger dans des souvenirs, je choisirais l’album éponyme de Yael Naim. Il y a pas mal de chansons que me chantait ma maman quand j’étais petite dans celui-là.

Pour les livres, Martin Eden de Jack London, même période que l’album de Nekfeu. Ce fut un grand bouleversement pour moi. Il a déclenché de nombreuses remises en question. J’ajouterais Siddhartha de Hermann Hesse : tant qu’à être sur une île déserte, autant partir à la découverte de la sagesse. C’est un livre essentiel pour moi à ce niveau !

Pour le cinéma, je dirais Fight Club de David Fincher, mon film préféré depuis plusieurs années maintenant. Mais ce serait bien trop difficile d’en expliquer les raison sans spoiler ! Et Peter Pan, pour ne pas oublier de rêver comme un enfant ! Et je ne peux pas m’empêcher de citer les films de Jim Carrey. Ils sont également incontournables pour moi.

À 17 ans, tu parles (déjà) du combat à l’égard de soi pour se découvrir. Un thème que tu développes dans les chansons de ton premier EP Trouble Maker à paraître vendredi 9 avril 2021. Quelles épreuves as-tu bien pu vivre, si jeune, pour en arriver à ressentir le profond besoin d’évoquer ce thème dans tes morceaux ?

Chiara Foschiani : J’ai toujours ressenti les choses puissance 1000 et j’ai eu des moments où ça devenait ingérable. Jusqu’à ne plus pouvoir sortir de chez moi tant j’étais submergée par l’angoisse. Tout était trop, mais en même temps, tout n’est jamais assez. Selon moi, le seul moyen d’apprendre à gérer ces émotions consiste d’abord à comprendre. Et donc, à découvrir. Depuis que j’ai arrêté l’école, j’ai voulu prendre le temps. Le ralentir un peu pour accepter et apprécier les moments où tout peut aller si vite. C’est pour moi une évidence de parler de mes questionnements, de mes peurs ainsi que d’espoir dans mes chansons. J’y suis confrontée tous les jours. Dans cette perspective, la musique est devenue ma thérapie. Une thérapie publique qui use de beaucoup de métaphores dans ce premier EP. Mais qui, je l’espère, pourra au moins toucher une personne. En effet, je sais profondément ce qu’est la sensation d’écouter une chanson et de se sentir compris.

“La jeunesse d’aujourd’hui est forte. Je sens un vrai travail de déconstruction de choses ancrées depuis beaucoup trop d’années. Et c’est important d’en parler, que ça commence à bouger et à changer.”

On perçoit un certain désarroi dans les paroles de tes chansons. Une lutte aussi contre tes démons intérieurs. Enfin, une volonté d’apaisement. Selon toi, que dit le fait de porter ces sentiments dans tes écrits sur l’état de la jeunesse d’aujourd’hui ? Quel regard portes-tu sur elle ?

Chiara Foschiani : La jeunesse d’aujourd’hui est forte. Je sens un vrai travail de déconstruction de choses ancrées depuis beaucoup trop d’années. Et c’est important d’en parler, que ça commence à bouger et à changer. Que ce soit le patriarcat, beaucoup trop présent encore vis-à-vis des femmes et des jeunes dans leur ensemble. Ce côté “nous les adultes, on sait mieux que vous” est assez insupportable. La place des femmes dans notre société et le regard souvent condescendant, voire déplacé, que certains hommes posent sur nous.

Mon moyen d’expression, c’est la musique. Elle est ma façon à moi de dire haut et fort qu’on a le droit, sans que ce ne soit tabou, de parler de certains sujets. En l’occurrence, dans ce premier EP, de la santé mentale, des addictions, de la pédophilie. Je l’admets, ce n’est pas très joyeux. En même temps, à 17 ans, c’est l’âge des questionnements. J’ai beaucoup de bienveillance à l’égard de la jeunesse d’aujourd’hui. Si nous restons droits dans nos combats sans se perdre dans les extrêmes, alors, je pense vraiment que nous évoluerons vers du positif. Du moins, je l’espère.

Ne crains-tu pas que cette maturité avancée, de la femme en devenir que tu es, n’empiète trop sur tes jeunes années d’insouciance, et que tu ne finisses par regretter ces dernières au fil du temps ?

Chiara Foschiani : Je ne pourrai répondre objectivement à cette question que dans quelques années… Pour le moment, je suis vraiment fière du chemin que j’ai parcouru et du chemin vers lequel je m’oriente. Je réalise que je n’ai pas un mode de vie “commun” pour quelqu’un de 17 ans. Néanmoins, je l’ai accepté parce que c’est ma façon d’être insouciante. Tout arrive pour une raison, j’en suis persuadée. Je ne crois pas que je regretterai. J’essaye constamment de tout faire à 100 % pour ne surtout rien regretter. Même si je demeure curieuse de savoir ce que je penserai dans quelques années de mes jeunes années.


Chiara Foschiani : Facebook

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