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Caroline Savoie | Les doutes des uns ne sont pas ceux des autres

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Comme beaucoup d’autres en France, on a découvert Caroline Savoie à l’occasion de son passage à The Voice en 2014. Nous avions été charmés par son timbre dès les auditions à l’aveugle. Et son duo avec Melissa Bon nous avait fait frémir. Depuis, on a aussi découvert ses talents d’auteure et de compositrice, notamment grâce à son dernier album Bruits Blancs paru le 23 septembre dernier. Rencontre. 

Bonjour Caroline Savoie et merci d’avoir accepté cette interview. S’il n’y en avait qu’une, quelle serait la personne qui aurait tout changé quant à ton parcours artistique si tu ne l’avais jamais rencontrée ?

Caroline Savoie : Bonjour Florian, merci à toi aussi ! Instinctivement, je pense à ma prof de chant Kenda. Elle m’a guidée dès l’âge de quatorze ans jusqu’à mes vingt ans. Elle m’a beaucoup appris sur mon instrument principal : ma voix. Et au-delà de ça, ses cours étaient comme un refuge pour moi. C’est là que j’ai compris à quel point la musique était non seulement une passion, mais également un baume pour le cœur. Elle croyait beaucoup en moi et voulait me voir réussir. Cet appui a vraiment été important pour bâtir ma confiance en moi.

Le succès d’un songwriter, c’est son univers musical, son approche créative, son charisme, son identité vocale, son message. Mais c’est aussi sa plume et la tienne est finement aiguisée. Quelles sont ces trois grandes inspirations littéraires, cinématographiques et/ou personnelles, qui la nourrissent le plus ?

Caroline Savoie : Premièrement, j’ai comme pas le choix de mentionner Bob Dylan. Il disait énormément en peu de mots, accompagnés de mélodies simples et touchantes. Un master selon moi ! Ensuite, j’irais pour mon grand-père, mon « pépère ». C’est lui qui m’a offert ma première guitare. Il m’a transmis sa passion pour la musique. Il souffrait d’arthrite chronique et il ne pouvait plus jouer depuis bien des années. Ça le rendait extrêmement malheureux. J’y pense souvent. Cela me permet de me souvenir qu’il ne faut jamais prendre mon métier ou ma voix pour acquis.

Enfin, j’ai une pensée pour mes enseignantes de français au secondaire. On étudiait la littérature française et on décortiquait plein de romans pour en saisir le sens, identifier les figures de style qui habitaient chaque œuvre. Ça m’a donné l’envie de créer plein de belles images dans mes textes.

Sur quelle thématique n’as-tu pour le moment jamais écrit et que tu souhaiterais développer dans une future chanson ?

Caroline Savoie : Je ne peux pas penser à un thème en particulier, mais j’aimerais bien un jour faire un album concept, que ça soit comme un film. Qui sait quels thèmes seront abordés… Mais j’aimerais que les chansons soient concrètement reliées les unes aux autres.

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On perçoit dans ta sensibilité artistique singulière une myriade de références musicales très différentes. Quelles sont les principales que tes parents t’ont transmises lorsque tu n’étais encore qu’une enfant ?

Caroline Savoie : Mon père écoutait vraiment de tout, du Piaf comme du Led Zeppelin, Gilbert Bécaud, Pink Floyd. Plein de belles nuances se faisaient entendre dans toute la maison.

Quelles sont celles, plus récentes, que tu prends plaisir à écouter et pourquoi ?

Caroline Savoie : Y’en a tellement ! Ça devient même overwhelming ! J’te dirais que j’écoute beaucoup de musique de la relève acadienne et québécoise ces temps-ci. J’adore entendre ce que la nouvelle génération nous concocte. Je pense par exemple à Ariane Roy, Baie, Marco Ema… La liste est longue !

Et quelle serait finalement cette figure musicale dans laquelle tu souhaiterais un jour te réincarner, si la réincarnation existe bien sûr ?

Caroline Savoie : Freddie Mercury ! C’était une bête de scène avec un registre étonnant. Je serais curieuse de voir ce qui se passait dans sa tête, de vivre les tournées rock des années 70-80. J’aimerais aussi avoir le même laisser-aller que lui parfois !

Bruits blancs succède à ton album Pourchasser l’aube paru le 1er février 2019. Il est sorti le 23 septembre dernier. On y retrouve notamment le titre 27. « J’espère que j’aurai valu le coup, quand ce sera la fin de tout… » : les paroles évoquent un thème plutôt sombre que la composition adoucit. En quoi ces paroles peuvent également rappeler l’évidence de notre fin à tous et révéler une manière, comme une autre, de ne pas avoir de regrets inutiles ?

Caroline Savoie :  J’ai écrit cette chanson à l’aube de mon 27e anniversaire, lorsque chaque année je prends le temps de regarder derrière moi et que je fais le point sur qui je suis et ce que j’ai accompli jusqu’à maintenant. Avec mes 27 ans en poche, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ce club fatidique des grands artistes partis à cet âge, mais qui ont tout de même réussi à marquer les générations après eux. Et si j’étais pour partir à cet âge, maintenant, aurai-je été à la hauteur de ce que je voulais devenir ? Aurai-je eu le temps de tout vivre ? Et en effet, à bien y penser, j’ai surtout envie de profiter de chaque moment et de ne pas m’attarder sur le moindre petit doute.

« Je crois qu’on a tous eu des relations toxiques dans notre vie, que ce soit avec un amant, un ami, un membre de la famille… Je voulais faire cette allusion à une relation toxique, comme celle qu’on a avec la planète des fois. »

Corail est le dernier single tiré de Bruits blancs, partagé il y a deux mois sur tes réseaux. Cette chanson semble évoquer un chagrin d’amour qui durera éternellement. Le titre bénéficie d’un magnifique clip. Tu y personnifies une solitude évoquant tout à la fois la résistance, la force et la beauté de l’amertume. Quelles sont les origines de cette chanson ?

Caroline Savoie :  En fait, c’est une chanson qui parle de la perspective des récifs coraux envers les humains. Je le voyais comme un cri à l’aide, vu que nos actions ont directement un impact sur ces poumons de la terre. Dans le fond, c’est comme une relation toxique.

Son histoire est-elle romancée ou repose-t-elle sur un vécu particulier ?

Caroline Savoie :  Oui et non. Je crois qu’on a tous eu des relations toxiques dans notre vie, que ce soit avec un amant, un ami, un membre de la famille… Je voulais faire cette allusion à une relation toxique, comme celle qu’on a avec la planète des fois. On ne voit pas directement l’impact que ça a sur le coup. Mais ça finit par se manifester avec le temps.

Focus sur l’excellent titre Je ne suis pas une fleur. Autour de toi, quelle est la personne qui méritait d’entendre ce que tu chantes dans ce morceau pour se repositionner à ton égard ?

Caroline Savoie :  N’importe quelle personne qui aurait pu douter de moi ou qui pense que je baisse les bras facilement. J’ai beaucoup travaillé sur moi ces dernières années. J’apprends à m’assumer de plus en plus. Je voulais montrer ça.


Caroline Savoie : site officiel

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