Meryem Barbet est Mey. Voix du groupe Lost My Name il y a quelques temps, cette auteure, compositrice et interprète originaire de la banlieue parisienne a lancé par la suite son projet solo. Elle revient vendredi 4 mars 2022 avec son premier album With The Lights Off tiré de son EP du même nom paru en avril 2019. Entre synthpop sensuelle, trip-hop décidé, influences orientales et guitares saturées, les mots cherchent tout autant à interpeller qu’à balancer. Rencontre.
Meryem Barbet suscite une curiosité. Elle interpelle par un ressenti musical singulier qu’elle partage généreusement. Et lorsqu’on la découvre pour la toute première fois, on réalise l’étendue de son potentiel. En rêveuse solitaire, elle songe aux heures perdues par tout quidam à ne pas se voir. À celles aussi qui donnent à l’existence son charme, sa force et son sens. Depuis cinq ans, elle se fait appeler Mey. Ce nom de scène évoque à lui seul la saison de l’être, sa renaissance ainsi que l’ampleur d’un inattendu pleinement considéré.
Bercée par sa passion du chant dès l’âge de sept ans, la fillette une fois ado s’éveille à un avenir musical qui pourrait être le sien. Entre autres, à l’écoute de l’album Fallen d’Evanescence, l’un de ses premiers grands moments de musique. “Il a été un vrai choc musical pour moi”, explique-t-elle. “J’avais douze ans je crois. Ce mélange entre la douce voix puissante d’Amy Lee et l’énergie sombre du neo-metal m’a vraiment touchée. Il m’a ouvert la porte à de nombreux autres artistes qui m’ont nourrie par la suite. Par exemple, Korn, Slipknot, mais aussi Nirvana, System of a Down… Le côté cathartique de cette musique m’a beaucoup aidée. En fait, ça a toujours été mon refuge.”
Mey : l’affirmation
Mey naît des cendres des icônes pop des années 90 qu’elle écoutait plus jeune. En effet, au fur et à mesure de ses propres avancées en groupe, Mey prend ses distances avec cette femme objet incarnée par Britney Spears ou Christina Aguilera. Elle veut tenir et garder les rênes. En outre, Mey est cette opportunité pour Meryem Barbet de se livrer plus intimement tout en étant, donc, seule aux commandes. Ce désir de liberté est clairement perceptible dans son premier EP With The Lights Off tout comme dans son premier album du même nom à paraître le 4 mars 2022.
“With The Lights Off signifie “Les lumières éteintes”. C’est le nom de mon album mais c’est aussi tout un concept que j’ai souhaité décliner aussi bien dans mes clips qu’en live”, confie-t-elle. “J’ai vécu beaucoup d’expériences dans mon parcours artistique qui ont nourri mon envie de pointer du doigt le sexisme que j’ai rencontré. C’est pourquoi j’ai décidé de n’apparaître que masquée, ou alors éclairée en contrejour, toujours dans une forme d’obscurité. Il ne s’agit pas de me cacher mais plutôt d’interpeller et de marquer mon refus de toujours être ramenée à un objet. Je ne donne rien à voir pour qu’on puisse se concentrer sur ce que j’ai à dire.” RESPECT.
With The Lights Off : une quête multidimensionnelle
With The Lights Off est un album à l’image de son auteur : obscur, rayonnant, investi, perturbant. Il ne cherche pas à ménager les âmes sensibles tout en reconnaissant la fragilité de l’être. Reposant sur “les sentiments sombres et refoulés” de Mey, il invite par des jeux de contrastes à une introspection qui ne peut être que salutaire pour celui qui l’entreprend. Et qui, en parallèle, sait dépasser les contours sombres des compositions et des mots de Mey pour voir la Muse qui s’y dissimule.
“Ce n’est pas une musique joyeuse”, reconnaît Mey. “Mais je suis convaincue qu’une musique sombre peut aider tout autant que les autres. En laissant nos points de conflits s’exprimer, on peut avancer et être plus léger au quotidien. Pour ma part, c’est ce qui me permet de trouver un équilibre. Tout ce qui me fait souffrir, me questionne ou me met en colère, je le transcris en musique. Ensuite, le reste du temps, je suis plutôt une personne joyeuse en réalité (rires).”
Mey she help you ?
Dans With The Lights Off, on perçoit plusieurs influences musicales à l’instar de London Grammar, Imagine Dragons et Evanescence bien sûr. Mais aussi celle de Florence & The Machine dont l’animalité habite la propre approche de Mey. De plus, on est saisi par la précision de sa technique vocale qui, en anglais, rappelle celle d’une Britney Spears justement, pour dire qu’elle n’en aura garder que le meilleur. Mais aussi celle d’une Najoua Belizel dans son album Entre deux mondes, lorsqu’elle interprète son titre Le feu en quatrième plage de With The Lights Off.
“Le feu est venu assez naturellement et je n’ai pas pensé à la langue lorsque je l’ai composé”, partage Mey. “C’est venu spontanément et je pense que ça apporte un relief supplémentaire à l’album.” On veut bien la croire sur parole tant son premier album tire également son originalité de cette spontanéité-là. Celle qui trompe l’abandon dans Still Trying, qui repousse l’avoir dans une course de rats effrénée (Rat Race) au profit d’une démarche vertueuse dédiée à soi, aux autres et à un vécu du temps plus serein. Qui calme cet Angry Baby tout en lui enseignant la patience propice aux plus belles rencontres d’une vie.
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