Sur les chevaux du temps de Caroline Larke, la promesse de ne plus être seul semble pouvoir être tenue. C’était sans compter sur le poids des solitudes interconnectées, nourrissant la poésie fantôme de ceux qui ne croyaient plus.
Les rimes n’avaient, en réalité, que quelques siècles pour s’épanouir. Voilà qu’on préfère aux alexandrins l’expression de sentiments artificiels prédits par la machine, pillés sans vergogne par son « intelligence » qui ne lui appartient même pas. À ce constat lunaire, Weeland et Christina Barrett opposent cette lumière bien humaine, quand Rodanz se joue des algorithmes à sa manière, en leur rappelant qu’ils n’ont pas ce truc que lui a toujours eu. L’air guilleret de Gal Musette permet d’en rajouter une couche tout comme les oiseaux épris de liberté de Kai Michel. Non, vraiment, la poésie fantôme des monstres digitaux nouvellement nés ne pourra pas l’emporter.
Que restera-t-il à tous ceux qui y voient la prochaine grande révolution de notre ère, une fois qu’ils réaliseront leur méprise ? La bonté de Sonia Aimy et de tous ces autres qui ne les jugeront pas sur leurs seules erreurs. Les mots embrassés de MIIL et le souvenir des luttes de Mazingo. L’envie de retrouver le chemin de leur propre humanité et l’envie, tout court, inspirée de Keaton Henson. Dès lors, la poésie vibrante de Martin Costaz et de toutes ces autres plumes inconnues remplacera la poésie fantôme. Et les regrets d’hier, de ces songes retombés dans la virtualité, s’évanouiront dans l’ombre des rêves, vivants, de lendemains.