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Balinger | La naissance d’un cri dans l’explosion d’un cosmos

BALINGER

C’est bon et ça fait un bien fou : voilà en substance ce qu’on se dit à l’écoute du premier album de Balinger qui sortira ce vendredi. Son titre : Let go. Comme pour nous encourager à demeurer dans cet état d’abandon de soi sans conséquence. Ou s’il n’y en avait qu’une seule : celle de nous inspirer du parcours et des perspectives de ces quatre gars. Ils sont bien décidés à marquer nos tympans d’une ère nouvelle. De celle qu’ils comptent faire à l’image de ceux qui, tout comme eux, la considèrent autrement.

Bonjour Thomas. Depuis 2012, tu formes le groupe Balinger avec Jim, Gaël et Gaëtan. Vous avez pris le temps de vous chercher. En cours de route, certains membres sont partis. Ils ont été remplacés par d’autres. Votre premier nom de scène était Jim Rose Expedition. Vous enchaînez les lives en France. Notamment aux Solidays, à Rock en Seine, au Printemps de Bourges. Mais aussi à l’étranger puisque vous vous êtes déjà produits en Suède et aux États-Unis. Vous fêtez cette année vos quatre ans d’existence. À cette occasion, vous révélez votre tout premier album intitulé Let Go. Il sortira ce vendredi en version digitale et fin mars en version physique. Autrement dit, un peu moins de deux ans après la sortie de votre premier EP éponyme. Comment expliquer que Let Go ait mis autant de temps à voir le jour ?

Thomas Caillou – Balinger : Bonjour Florian ! Notre EP est en effet sorti en avril 2013. Le départ de Guillaume, notre précédent bassiste, pour le Brésil, explique en partie le retard que nous avons pris. Nous avons tous pris le temps d’encaisser puis de trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer. Ça a été l’occasion de concrétiser de nouvelles envies. Ainsi, nous sommes partis à la campagne pour composer de nouveaux morceaux à trois. Les arrangements ont eu lieu après, en compagnie de notre nouveau bassiste Gaël Petrina. Ça fait maintenant un an que nous travaillons avec lui. Nous avons également monté notre propre label, Moonkeeper Records. Ce qui peut également expliquer notre retard dans la sortie de notre premier album Let Go. C’était vraiment nouveau pour nous. Nous avons tout fait nous-mêmes. En fait, nous souhaitions bien faire les choses. Et ce, tant dans le choix du studio que dans les nombreuses démarches à initier, les outils que nous avions besoin de créer par nous-mêmes. Les gens dont nous souhaitions nous entourer. Au final, nous sommes très contents que Let Go voit enfin le jour.

Let Go sortira donc sous le label que vous avez créé, Moonkeeper Records. Pourquoi avoir opté pour cette solution plutôt que de passer par un label indé plus connu et plus installé ?

Thomas Caillou – Balinger : Pour l’instant, il n’y a rien eu de concret avec les autres labels. Je crois que la période est assez compliquée en ce moment. En réalité, ils sont plutôt frileux. De plus, notre style de musique n’est pas le plus vendeur. Et ce, bien que nous ne réfléchissions pas dans ce sens-là car nous composons avant tout la musique qui nous parle en la faisant bien. Qui plus est, dans le souci permanent de répondre aux attentes de notre public. Notre cri est le nôtre et nous souhaitons qu’il le reste. Nous avions déjà travaillé avec quelques professionnels de la musique par le passé. Mais ces expériences ne nous correspondaient pas. Il s’agissait à chaque fois de chanter en français, de calmer le jeu ou de chanter sur un ukulélé. Nous souhaitions rester les producteurs de notre propre musique pour ce premier album Let Go. Une chose est sûre : nous restons ouverts à toutes les opportunités que se présentent. À l’instar de certains partenariats musicaux. Nous ne rejetons pas les labels. En réalité, nous n’avons tout simplement pas fait les bonnes rencontres pour le moment. Et puis, faire les choses par soi-même permet de savoir par la suite de quoi on parle. Du coup, lorsque nous rencontrons un professionnel, nous sommes désormais capables de juger son honnêteté et de saisir toutes ses contraintes.

Exercez-vous une activité professionnelle complémentaire encore aujourd’hui en parallèle de Balinger ?

Thomas Caillou – Balinger : Nous sommes tous musiciens de formation et de profession. Hormis Jim qui est également photographe. Gaël, Gaëtan et moi sommes intermittents. Personnellement, j’enseigne la musique en conservatoire en parallèle de Balinger. Sans parler des autres projets musicaux que nous avons tous à côté. Certains nous font bouffer. D’autres nécessitent un investissement plus important et sur une plus longue durée. La vie de musicien quoi…

Comment s’organisent les membres du groupe les uns vis-à-vis des autres ? Y-a-t-il un leadership, et si oui, quel est-il ?

Thomas Caillou – Balinger : Nous fonctionnons de manière très collaborative. Notre groupe est un collectif. Et ce, tant pour la création que pour la réalisation de nos morceaux. Chaque morceau peut être soumis au groupe par l’un de ses membres en étant quasiment abouti. Notre droit de regard est le même. Et l’auteur d’un morceau est celui qui a le dernier mot. Il s’agit de son bébé après tout ! A contrario, il nous arrive souvent de partir de rien pour écrire et composer un morceau entièrement ensemble. En fait, nous n’avons pas de méthode stricte qui s’appliquerait à coup sûr à la création de chacun de nos morceaux. Lorsque nous nous sommes retrouvés à trois après le départ de notre précédent bassiste, la maison dans laquelle nous nous étions installés était devenue un véritable workshop ! Pendant que deux d’entre nous planchaient sur les textes, le troisième faisait des prises de guitare. Il nous arrive également de jammer pendant des heures pour creuser une mélodie. C’est la part de magie qu’il y a dans la composition. La musique va nous parler et va nous permettre d’exprimer des émotions inédites.

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La voix de Jim, résonnant entre autres avec celles de Billy Corgan et de Charlie Winston, joue un rôle prépondérant dans la signature musicale de Balinger. Par le passé, Jim a déjà eu l’occasion de composer et de chanter en solo. Et s’il réitérait la chose demain, comment l’appréhenderais-tu ?

Thomas Caillou – Balinger : Très bien ! C’est ce que chacun de nous devrait faire s’il en avait l’occasion pour exprimer notamment sa personnalité propre et pour l’assumer complètement en solo. Certaines choses se mettent d’ailleurs en place progressivement dans ce sens. Un projet plus folk pour Jim, un autre plus rock pour Gaëtan. Si nous avons créé Moonkeeper Records, c’est aussi dans cette perspective-là.

Et si l’un d’entre vous bénéficiait d’une proposition plus intéressante au sein d’un autre label, cela signifierait-il la fin de Balinger ?

Thomas Caillou – Balinger : Un groupe de musique peut s’arrêter pour de nombreuses raisons. Il y a toujours une part de précarité à considérer. La chance que nous avons au sein de Balinger, c’est que nous ressentons beaucoup d’amour les uns envers les autres. Notre collaboration n’est pas que professionnelle. Elle existe par la résistance de notre lien et par notre entente humaine et artistique. Nous ne sommes pas l’un de ces groupes à rancœurs prêt à se mettre sur la gueule. Nous en sommes très fiers. Maintenant, je ne souhaite pas vraiment spéculer quant à ce qui pourrait arriver dans un avenir plus ou moins proche pour l’un de nous. Je sais que nous vivrons les évènements et que nous aviserons ensemble. Comme nous l’avons toujours fait et seulement le moment venu. Et puis, pour reprendre l’exemple de Junip et de José Gonzáles, c’est la carrière solo de José qui nous a fait connaître son groupe Junip. Par conséquent, je crois que chaque configuration peut servir l’autre.

Let Go conte l’histoire d’un lâcher-prise, le vôtre. On y retrouve des titres que vous aviez déjà joués précédemment, mais aussi des inédits. Comment s’est opéré le choix des morceaux au-delà de la thématique qui s’en dégage ?

Thomas Caillou – Balinger : Nous souhaitions aller vers quelque chose de plus essentiel par rapport à l’EP que nous avions sorti en 2013. Notamment dans le choix de la production. En fait, nous la voulions plus tranchée, plus rock, pour palier au rendu « entre-deux » que nous ressentions précédemment. Certains morceaux ont donc été écartés. Mais je dois avouer que nos décisions ont été prises assez naturellement. Il n’y a pas eu de longues discussions. C’était assez évident en fait.

La survivance et la confrontation à soi sont les sujets de prédilection de Balinger dans Let Go. On se doute qu’ils sont liés à votre expérience personnelle et artistique. Y-a-t-il déjà eu un moment durant lequel vous vous êtes dits qu’il vaudrait mieux laisser tomber le projet ?

Thomas Caillou – Balinger : Jamais. Même si nous avons eu parfois du mal à accuser le coup. Notamment lors du départ de Guillaume, notre précédent bassiste. Même si nous avons pu regretter que cela prenne moins que ce que nous espérions. Nous avons toujours gardé le cap. L’adversité nous rend à chaque fois un peu plus forts. Lorsque nous jouons ensemble, nous nous sentons tous à notre place. Et c’est la musique qui amène ça. Pour tout le reste aussi d’ailleurs : le démarchage pour les salles et les dates, la communication, les interviews… Et ce truc que tu ressens quand tu allumes ton ampli et que tu branches ton micro. Ce truc-là n’est jamais parti, il a même grandi. Nous ignorons où le projet Balinger va nous mener et combien de temps il va durer. Mais nous nous battrons pour le porter le plus loin possible.

Vous avez communiqué le visuel de la pochette de Let Go. Quel sens caché réside dans cette image ?

Thomas Caillou – Balinger : J’aime bien l’idée que chacun puisse se faire sa petite histoire concernant une image un peu abstraite telle que celle-ci. Pour nous, il s’agit d’une explosion en train de naître. Une chose qui émane tout autant qu’elle est imminente.

Focus maintenant sur trois morceaux qui m’ont franchement plus. Reborn again est un titre que vous interprétiez déjà en 2012. Il évoque une lamentation profonde précédant le moment où l’on se relève et où l’on fait face. Le texte est épuré et empreint de gravité. Qui en est l’auteur ?

Thomas Caillou – Balinger : C’est un texte très personnel de Jim. Il évoque de nombreux éléments de son vécu, ainsi que sa famille. Il s’agit du titre fondateur du groupe. Ce fut le premier titre que nous avons sorti. Reborn again est une belle synthèse de ce que nous sommes. Avec ce côté guitare-voix contrebalancé par ces explosions qu’on n’attend pas forcément dans ce type de morceau.

Voices est le dernier morceau de votre premier EP sorti en 2013. Il conserve sa trame et initie une dynamique rock et sombre sur Let Go. Au-delà de celles ésotériques de la chanson, quelles sont ces voix qui vous ont encouragés ? Et au contraire, celles qui n’ont pas cru en vous ?

Thomas Caillou – Balinger : Tu veux des noms ? (rires) Plus sérieusement, pour les voix qui nous ont encouragés, je pense à certains programmateurs de salles comme Stéphane Labas de l’Empreinte. Plus globalement, toutes les salles du Val d’Oise comme l’EMB à Sannois, l’Observatoire à Cergy… Tous ces gens nous suivent depuis nos débuts. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est précieux pour nous. Nos partenaires aussi : ça fait un paquet de monde ! Ensuite, il y a ceux qui nous ont dit : « Arrêtez-vous les gars, ça marchera pas, vous n’irez pas plus loin. » Mais je n’ai pas le souvenir que des gens aient cherché à nous mettre des bâtons dans les roues.

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Sans oublier les labels que vous avez rencontrés et qui ne vous ont pas signés…

Thomas Caillou – Balinger : Oui, bien sûr. Mais je pense qu’il y a aussi le fait que notre musique ne soit pas « casable ». En fait, nous ne faisons pas de l’électro des eighties ni même du blues rock revival. Nous savons que notre musique peut toucher un large public même s’il n’est sans doute pas suffisamment large pour certains. Peut-être que nos compositions ne sont pas dans l’air du moment. En fait, je ne sais pas si je suis le mieux placé pour parler de ces choses-là. Nous avons rencontré certains labels qui généralement apprécient notre musique. Pour certains, ils viennent même nous voir lors de nos concerts. Pourtant, aucun ne nous a signés. Il faudrait sans doute leur poser la question à eux. Quoiqu’il en soit, toutes ces expériences et ces rencontres constituent et renforcent la nôtre. Nous sommes bien conscients désormais de l’envers du décor. Et nous commençons à regarder chez nos voisins européens et à jouer dans leurs pays. C’est très différent.

Enfin, le titre album Let Go constitue l’inspiration et l’expiration de ce premier opus. Il introduit le commencement de l’éveil et ses différentes phases. Il clôt l’introspection et invite à l’action. Le clip du morceau est sorti récemment. Ainsi, il use de la danse contemporaine pour personnifier notre moi profond. Dans sa lutte puis dans son envol. D’après toi, jusqu’où le moi de Balinger pourrait-il porter le groupe ?

Thomas Caillou – Balinger : Loin, j’espère. On a des choses à dire, à crier, à susurrer. En parallèle, on a toute une palette en nous et on bosse d’arrache-pied pour exprimer tout ça. Et ce, de telle sorte à rester fidèles à nos convictions et à nos sentiments. Notre voix pourrait aller très loin tout comme le projet Balinger. L’avenir nous le dira. C’est à nous qu’il incombe de faire nos preuves et d’installer le groupe dans une solide continuité. À l’instar de tout ce que nous avons traversé et de tout le travail qui a été le nôtre depuis quatre ans.

Et si votre cri était un mot, quel serait-il ?

Thomas Caillou – Balinger : Explosion !



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