Petit détour aujourd’hui dans les souterrains du rock alternatif Made in France avec No Random, jeune groupe en devenir sachant déjà faire vibrer « the emotional climax » aux carrefours de vies qui s’entrechoquent pour n’écrire qu’une seule et même histoire : celle d’un hasard qui n’en est pas un.
Entretien avec Maï Diaz Saez – Auteur et interprète
Bonjour Maï, et merci pour ces quelques instants que tu as bien voulu offrir à Skriber pour cette interview. Tu es auteur et interprète au sein du groupe No Random. À tes côtés, on retrouve Alberto à la guitare et aux chœurs, François à la basse, et Julien à la batterie. Peux-tu m’en dire un peu plus sur vous ? Comment vous-êtes vous tous rencontrés ?
Nous sommes un groupe de rock alternatif formé il y a trois ans. Au départ, nous étions deux Alberto et moi. Un an plus tard, c’est François qui nous a rejoints : nous étions en quête de « chair fraîche » pour appuyer un peu plus encore notre direction artistique, et insuffler un nouvel élan au groupe. Et l’année dernière, Julien a finalisé la formation actuelle de No Random. Nous composons et nous écrivons surtout des chansons en anglais, du fait de nos influences essentiellement anglophones : Faith no more, Massive Attack…
Si j’ai bien compris, le noyau dur du groupe est constitué par Alberto et toi : comment en êtes-vous venu à bosser ensemble ?
En fait, c’est assez curieux. Notre première rencontre a eu lieu au Mexique. J’étais partie là-bas pour enregistrer l’EP d’un autre projet que j’avais à ce moment-là. Et c’est lors d’une soirée durant laquelle j’ai entendu Alberto jouer que le contact s’est établi. Je suis allée lui demander ses coordonnées. Et c’est seulement quatre ans plus tard via un feedback sur Facebook© qu’il s’est rendu compte que j’étais tout comme lui revenue sur Paris. On a tout de suite voulu jouer ensemble.
Avez-vous commencé à faire quelques scènes ensemble ?
Nous avons participé à quelques open mic, oui. Mais notre souhait de vouloir compléter le groupe avec les bons musiciens était le plus fort. Qui plus est, nous voulions vraiment creuser nos perspectives rock, et dépasser les thèmes folks. Du coup, avec seulement une guitare et le chant, nous nous retrouvions très vite limités dans nos choix créatifs. C’est pourquoi la constitution du groupe était une priorité.
No Random est aujourd’hui votre nom de scène. Il signifie « pas de hasard » en anglais. Y’a-t-il un lien avec ce chassé-croisé mexicain, et ces retrouvailles parisiennes que tu m’évoquais tout à l’heure ?
Bien vu ! C’est en partie ces évènements qui ont en effet imposé notre nom de groupe. C’était tout de même assez improbable de se croiser ainsi à deux reprises, sur deux continents différents, à quatre ans d’intervalle ! Et pour t’en dire un peu plus sur l’anecdote de nos retrouvailles, c’est à ce moment-là qu’Alberto m’a confié : « Je t’avais dit qu’on allait se revoir ». Nous avons vécu ça comme dans un film ! Y’a autre chose aussi en rapport avec ce hasard, qui n’en est pas un finalement pour moi : mon envie de faire de la musique. Depuis que je suis petite, j’ai toujours eu cette envie-là. Et malgré les épreuves, je me rends compte avec le recul que toutes les décisions que j’ai pu prendre ainsi que mes rencontres m’ont menée à ça. La coïncidence, le hasard, n’existent pas.
Et chez toi, quand la musique est-elle née ? Comment ?
Cela remonte à si loin ! J’étais un vrai perroquet quand j’étais déjà toute gamine : je répétais toutes les paroles de mes chansons préférées. Je me rappelle aussi de Maman, qui écoutait énormément la radio. Il ne me restait plus qu’à refaire tout ce que j’entendais. Il ne me restait plus qu’à le chanter à mon tour. En fait, j’ai ressenti cet amour pour la musique très tôt, et il ne m’a plus jamais quittée.
Trois titres sont actuellement disponibles à l’écoute sur Soundcloud : Motion, Clothing Gate, Bad Beat. Ces compos sont téméraires voire audacieuses, et tu n’hésites pas à les rendre encore plus punchy vocalement. D’où te vient cette énergie ?
La musique, si elle est une passion, est aussi un défouloir. Le meilleur moyen pour moi de traduire les émotions intériorisées. Les tensions, les sentiments contradictoires aussi parfois. Cette perplexité face à certains évènements du quotidien.
Tu parles de sentiments contradictoires, c’est très intéressant. Car j’avais écouté Motion et Bad Beat dans un premier temps, pour écouter finalement Closing Gate. J’ai été bluffé. Les intentions de ce morceau sont très différentes de celles des deux premiers. En plus, j’ai été troublé par les résonnances que j’ai perçues entre ta voix et celle d’une Sia ou d’une Dolores O’Riordan. Sans parler des tonalités et des prononciations très arrondies. Que t’évoquent ces deux références ?
Merci ! Je suis très flattée par ces comparaisons. Mais au-delà, je suis perturbée par ce que tu me dis. Car il se trouve que Dolores et The Cranberries ont été un déclic phénoménal pour moi lorsque je les ai découverts et que je me suis mise à les écouter. En fait, j’ai appris à chanter « avec » Dolores. Tout simplement. Du coup, ces résonnances que tu évoques étaient sans doute inévitables. J’avais eu la chance de voir The Cranberries à Madrid il y a une dizaine d’années. J’étais aussi allée au concert de Dolores version solo quelques années plus tard. De très beaux souvenirs.
Au-delà des mots, des compos, du chant, quel est le message derrière un titre comme Closing Gate ? Quel est celui de No Random finalement ?
Globalement, entre les compos déjà disponibles online et que tu as citées, et celles qui sont encore dans les tiroirs prêtes à être diffusées, notre message reste assez sombre, dans le sens d’une introspection profonde, permanente. Une lutte pour laisser derrière soi les démons du passé. Je me le figure aussi comme un tunnel, avec cette lumière au bout qui n’attend que nous. Mais qui se gagne bien plus que le reste.
Cela transpire le vécu, me trompe-je ?
Oui, c’est certain. Les textes que j’écris s’appuient sur nos expériences personnelles à tous, des plus insignifiantes aux plus intenses. Ma démarche vise à m’imprégner, à ressentir complètement chaque membre du groupe, chacune de leurs émotions. En plus des miennes. Mon besoin d’écrire est très fort. Il l’a toujours été.
Un évènement en particulier à partager qui t’a poussé à écrire une chanson dernièrement ?
Il y en a plusieurs. Mais si je dois t’en donner un… Imagine une rupture amoureuse dans un appartement occupé par les deux protagonistes. Imagine que l’un s’en aille pour de bon. Et imagine l’autre qui reste entre ces quatre murs. Imagine et ressens cette température qui baisse. Il fait froid. Et toutes ces questions lancinantes, ces pourquoi, ces comment, surgis du passé…
Bad Beat devrait être le premier single du groupe à sortir officiellement : confirmes-tu ? Est-il annonciateur de la sortie de votre premier EP ?
Nous allons prochainement signé avec un label. Tu comprendras donc que je ne puisse pas en dire plus pour le moment. Notre premier clip est également en cours de préparation. Sa diffusion est prévue pour décembre. Et l’EP devrait voir le jour d’ici novembre. Quant à la scène, là aussi, nous restons prudents. Des dates sont positionnées en Belgique, sur Paris aussi.
Ce sont de très bonnes nouvelles ! On ne manquera pas de suivre toute votre actu sur votre page Facebook©. Merci encore à toi Maï pour cet entretien. Bonne continuation à tout le groupe. Le succès vous pend au nez, et ce ne sera sans doute pas un hasard s’il est au rendez-vous !