Sombre, émouvant, intime : tels étaient les mots choisis par Jacob Scott en 2012 pour qualifier son groupe tout juste lancé : Pale Seas. Autant vous dire d’entrée de jeu qu’il ne s’agissait pas d’un simple effet de com’. Car si Pale Seas sait bouleverser, le groupe sait surtout sonner l’auditeur à la façon d’un tsunami. En témoigne son premier album Stargazing for Beginners, composé de ses précédents singles et de morceaux inédits et à paraître demain.
Il était une fois, les côtes de Southampton en Angleterre. La naissance d’un regard, scrutant au large celle de son univers. Il était une fois, Jacob Scott, dans cette expectative démentielle de prendre le large à son tour. Pour ne chercher finalement qu’à revenir…
Pale Seas : derrière les sinuosités poétiques de ce nom de scène, quatre jeunes hommes. Des enfants, que dis-je, serrant fort les sourires d’antan que nous croisions alors qu’ils n’étaient même pas encore nés, sur les flots rock d’une mélancolie ponctuée d’états de grâce et d’inventivité.
Au côté de Jacob Scott, détenteur de cette voix androgyne incroyablement pénétrante Into the Night, on retrouve Graham Poole à la guitare, Matthew Bishop à la basse et aux claviers, ainsi que Zealah Anstey à la batterie. Les trois premiers bâtissaient déjà leur triomphe annoncé à 16 ans dans leur tout premier groupe de lycée.
Mers blêmes à faire frémir
« Je crois que Pale Seas était tout simplement le nom qui nous correspondait le mieux. Il évoque nos origines à tous, Southampton. D’ailleurs, si tu nais au bord de l’eau, tu ne peux plus vraiment t’en éloigner par la suite. J’ai tenté de fuir la mer durant toute mon adolescence. Tout ce que je souhaite désormais est d’y revenir. »
Les confessions de Jacob Scott en 2012 dévoilent une identité connectée à l’impétuosité des flots, à leur part de sérénité. Au ressac, aussi. À la symbiose des flux et d’êtres ayant décidé de l’expérimenter complètement dans des compositions musicales à deux pas du bord de la jetée.
Simplement se laisser tomber
Rares sont ces précipices artistiques infinis dans lesquels on se verrait bien sauter. L’invitation lancée par Pale Seas dans son premier album Stargazing for Beginners, à paraître le 6 octobre chez Abbey Records / Modulor, est en l’espèce bien trop alléchante pour ne pas y succomber.
« Si elle ne chante pas pour moi, chanterait-elle malgré tout pour le démon ? », s’interroge Pale Seas dans Bodies, avant d’encourager chacun à regarder vers le ciel dans le titre album. Pour y observer longuement les étoiles puis apercevoir celle sur laquelle nous serons demain. Qui sait ?
En vers à l’endroit
« Elliot Smith m’a fait réaliser à quel point l’écriture d’une chanson triste pouvait être infiniment plus belle que celle d’une chanson joyeuse » : si le songwriter américain a su révéler à Jacob la voie d’une poésie léchée parfois ténébreuse, c’est son oncle qui est à l’origine de son expression artistique.
« Il jouait de la guitare tout le temps, j’adorais l’écouter chanter, encore aujourd’hui. Voir ainsi quelqu’un faire quelque chose de différent au sein de ta famille a une telle influence sur toi lorsque tu es si jeune et que tu grandis. Les gens négligent souvent ce genre de chose » : cela n’a pas été son cas.
Même si Evil is Always one Step behind, même si Jacob Scott et sa bande demeurent In a Past Life, ce ne sera que pour notre plus grand enchantement. Un désœuvrement salutaire permettant de mettre nos vies en pause, ne serait-ce que quelques secondes, face à la mer d’étoiles. Face au large faisant signe à nos pensées pour qu’elles le rejoignent. Avec, pourquoi pas, tout notre être dans leurs poches.
Pale Seas : Site officiel | Facebook | Photo : Hollie Fernando