Joanna Lorho illustre, anime, joue du piano et chante. Voici le moi artiste tel qu’il fut présenté par Anne-Lise Remacle en juillet 2016. Mais en studio et sur scène, au côté de Corentin Dellicour, Joanna Lorho est également Payne. Ne voyez pas dans ce nom l’écho d’une traduction signifiant douleur ou tristesse. Ressentez plutôt ce quelqu’un qui lui manque. Elle le raconte dans son premier album Someone is missing qui sortira ce vendredi.
Les articles parus sur le web à son sujet sont laudatifs. Ils sont à la hauteur de l’élan introspectif partagé par Joanna Lorho à travers son projet musical Payne. Grattez la surface et vous découvrirez une femme qui quitta la France pour Bruxelles, désormais SA ville. Dans la cité belge l’ayant adoptée, la peau de la chrysalide gît à présent sur le pavé. Les ailes de Payne se déploient et transportent l’artiste jusqu’aux sphères les plus éloignées d’un système solaire qu’elle rend toujours plus proche de vous.
Une trajectoire finalement cohérente avec les premiers battements de Payne et ses histoires originelles dessinées, auxquelles elle donna la vie pour évoquer la perte du lien entre civilisation et nature. Une connexion qu’elle tenta alors de rétablir par ces univers crayonnés en noir et blanc. C’était dans Kijé, son court-métrage d’animation récompensé en 2015 par le Prix Format Court au festival Premiers Plans d’Angers. Et si vous prêtez l’oreille, vous distinguerez le souffle d’une naissance. Celle de Payne. Elle ignorait alors jusqu’à son nom. Cependant, elle s’aventurait déjà dans un saute-mouton émotionnel touchant avec les marteaux de son piano, dans l’inspiration prodiguée par une pièce symphonique de Prokofiev, Lieutenant Kijé.
La lumière se cache pour briller
Sur le divan des équipes du Centre Culturel de la Communauté française de Belgique aka le Botanique, les deux visages composant celui de Payne se donnent avec parcimonie. Dans le sillon d’un sourire timidement esquissé de Corentin Dellicour, Joanna Lorho y parle du concert de Payne aux Nuits Botanique, le 12 mai prochain.
Si Payne ne tourne pas encore, sa musique se désire à l’instar de celle de la Berlinoise Feral & Stray, entendue il y a quelques années en première partie d’Agnès Obel au Grand Rex à Paris. Dans Someone is missing, le tout premier album de Payne, la voix de Joanna Lorho évoque tour à tour une harmonie ; la nostalgie lancinante et rentrée de Suzanne Vega dans Feed the dark ; la ouate devenant velours d’Elena Tonra, donnant la main à certains phrasés de Dolores O’Riordan et d’Aldous Harding dans The wrong boy.
Profil authentique pour un fil magique
Les oiseaux se cachent pour mourir, écrivait Colleen McCullough en 1977. Quarante ans plus tard, ceux de Payne osent ouvrir. Les fenêtres, les horizons, les passions, qu’ils déchaînent notamment pour cet amour mérité dans What I deserve. La façon dont elle s’accoutre peut expliquer pour certains les palettes sombres qu’elle utilise spontanément dans ses illustrations et ses mondes en mouvement. Ceci dit, celle-ci devient l’enveloppe d’une explosion de couleurs scintillantes dans Someone is missing.
La justesse et l’échappée rythmique dans The Barn finira de vous convaincre de la connivence de Payne avec un espoir. Celui-ci dissimule un arc-en-ciel. Ainsi qu’une palette céleste transformant chaque coup de crayon en danse. Celle de ses doigts sur un clavier qui ne semble plus avoir de secret pour elle à quelques encablures de June. Et qui promet, pourtant, la poursuite d’un récit comblé de mystères. Dès September, peut-être, ou celui d’après. Dans le fa follet d’un do rêveur.
Payne : site officiel