Voilà cinq ans que nous attendions son retour. Le groupe Radiohead sort enfin du bois qu’il avait investi pour enregistré son précédent opus. Il nous livre ses tourments symphoniques pour l’avenir à travers un neuvième album studio plus fantasmagorique que jamais. Plongée en eaux profondes au cœur de cette Moon Shaped Pool bâtie au creux d’un nuage.
La comète Radiohead, après une série de circonvolutions autour d’une planète dont le chemin d’accès n’est connu naturellement que par elle, est de retour aujourd’hui. Atterrissage tout en douceur sur notre sol terrestre. La seule collision qui se produira sera celle que vous entendrez à la surface de votre âme. Elle ne chavirera pas. Toutefois, elle tanguera sans nul doute jusqu’à invoquer les divinités célestes dans l’ombre de tout votre être.
A Moon Shaped Pool : quel drôle de nom me direz-vous. Et pourtant. Il s’agit d’un microcosme parcouru, survolé, observé, analysé, décortiqué à travers les âges par les plus grands penseurs. Radiohead réussit à le condenser dans le seul titre de son nouvel album. Un microcosme poétique qui dépasse la simple notion de postérité. C’est indescriptible, c’est magique, ça vient de partout et de nulle part à la fois. C’est une si belle histoire… Une de plus, oui, une de plus, car ce qui distingue Radiohead, c’est aussi sa régularité. Depuis Pablo Honey et Ok Computer, en passant par In Rainbows et the King of Limbs, le groupe a su instruire une remise en question profonde et constante. Objectif : coller aux différentes étapes de sa vie ainsi qu’à celles des nôtres. Voilà ce qui touche et ce qui rend le groupe tout simplement unique. Immuable.
Radiohead : It makes us Wonder
Entrelacé dans les cordes vocales de Thom Yorke et celles instrumentales magnifiées par Jonny Greenwood, le secret de la formule de Radiohead. Il libère un parfum au-delà des notes. Un savant mélange sentimental qui sait initier la reconnaissance, l’humilité et la dévotion. A Moon Shaped Pool s’inscrit complètement dans cette perspective. Ainsi, à l’angélisme planant des morceaux Daydreaming et Glass Eyes répond l’électro björkesque de Burn the Witch et d’Identikit. Il porte les échos d’un cri qui déchire le renoncement.
Les guitares venues d’ailleurs dans Desert Island Disk font naître les réminiscences de celle de Bob Dylan dans Present Tense dans un même espace-temps. Rien que ça. Et The Numbers ! It makes me wonder ! Je suis sûr que vous saurez percevoir vous aussi cet hommage élégant à cette chanson devenue culte. Vous savez, celle menant au paradis… Il y a ce génie indescriptible dans les mots et les sons manipulés par le groupe qui transcendent la musique. Car A Moon Shaped Pool n’est pas un album de musique. Ce n’est même pas de la musique. C’est une expérience. Et toute cette liberté qu’elle suppose et qui vous est offerte de la vivre ou pas.
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