Le 24 juillet dernier, deux ans après la sortie de son nouvel album Lodestar décrit comme un « miracle » par beaucoup, Shirley Collins est revenue avec son nouvel opus Heart’s Ease. Entre ballades anglaises, textes écrits par son premier époux et ceux du fils de sa sœur Dolly, la célèbre chanteuse folk britannique confirme que sa route musicale se poursuit. Avec rage, passion et nostalgie.
Et si le troisième âge était finalement le tout premier durant lequel on vivait vraiment ? En écho à L’étrange histoire de Benjamin Button, Shirley Collins confère son grain de sel à une existence qui, peu importe qu’on la prenne à l’envers ou à l’endroit, révèle avant tout celles et ceux qui ont su s’éveiller. Aux réalités qui en étaient, à celles qui n’en furent jamais. Ainsi, Madame Collins se faufile dans les rues les plus étroites de notre cité intérieure. Et pour ouvrir les voies sans issue, elle s’aide de son organe singulier qui traverse aussi le temps.
Née dans le sud-est de l’Angleterre à Hastings, Shirley Collins baigne dans la musique dès sa plus tendre enfance. Elle grandit aux côtés de parents eux-mêmes artistes et interprètes de chansons traditionnelles. Sa grande sœur Dolly Collins et elle participent au renouveau de la musique folk anglaise durant les années 60 et les années 70. Elle enregistre en 1958 ses deux premiers albums, qui sortiront respectivement les deux années suivantes : Sweet England et False True Lovers.
Shirley Collins : au-delà du passé
Durant 38 ans, Shirley Collins n’enregistre plus aucune chanson. Et pour cause : elle est atteinte de dysphonie, un trouble de la voix affectant tout autant sa hauteur, son intensité que son timbre. Contre toute attente, elle revient il y a deux ans avec Lodestar, un album rimant avec renaissance. « Consumée par cette musique » selon ses propres termes, la baronne folk du Sussex n’en expérimente pas moins quelques hésitations durant son enregistrement. At home, pour ne pas se confronter au regard d’inconnus.
Pour Heart’s Ease, son nouvel opus paru le 24 juillet 2020 chez Domino, Shirley Collins se libère à nouveau. Elle voit les choses en grand. Il faut dire que les nombreux concerts, notamment celui au Barbican de Londres, qui ont émaillé son parcours depuis la sortie de Lodestar lui ont permis de déployer à nouveau complètement ses ailes. De fait, dans l’austérité si distinctive de sa voix, on décèle ces espaces qu’elle affectionne tant et qu’elle partage sans retenue. Entre autres, le sentier des South Downs surplombant la Manche dans le titre Crowlink. Les souvenirs de son enfance dans Locked In Ice, un titre écrit par son neveu Buz. Ainsi que les chansons traditionnelles que ses parents aimaient reprendre, comme elle le fait avec générosité dans le morceau Wondrous Love.
Shirley Collins : Site officiel