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Tifa’s | Pas comme il faut

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Entre hystérèse et équité, le groupe lyonnais Tifa’s sait toujours où donner de la tête. La preuve avec son nouvel EP Saddle Node Bifurcation & Widow Pigeon qui paraîtra demain, et qui annonce la sortie d’un premier album en octobre 2018.

Tifa’s, ou le récit d’un collectif, l’Affect, formé en 2015 et regroupant des musiciens partageant le même désir artistique et musical. « Celui d’une musique électronique affranchie des codes qu’on lui connaît, jouée en live dans des lieux qui ne lui sont pas forcément dédiés » selon Raphaël Chemin, auteur, compositeur, guitariste et interprète au sein du groupe Tifa’s.

À ses côtés, Ugo, Etienne, Jordy et Gaspard déploient leurs énergies et conjuguent leurs influences respectives. Radiohead et Sigúr Ros y figurent en bonne place si l’on en croit les mélodies de Tifa’s. Ces deux pointures de l’électro-rock alternatif ne sauraient omettre Muse, X-Japan, Tom Waits, Syd Barett, pas même certaines grandes figures de la chanson française, à l’instar de Claude Nougaro et France Gall.

L’identité de l’Affect et du groupe Tifa’s, c’est donc cette pluralité d’expériences et de sensations. C’est un attachement à tout ce qui ne pourra jamais se figer. C’est, par exemple, un Jordy Martin jouant de la basse électrique et du vocodeur dans Tifa’s, mais aussi de la contrebasse pour Raoul Vignal, quand il n’écrit pas des poésies et des nouvelles.

Un faux bordel

« Dans l’Affect, tout le monde crée et accompagne les créations des autres. Cela me plaît intensément » : Raphaël Chemin ne s’y trompe guère. « L’Affect est un regroupement de personnes sensibles qui ont des envies, beaucoup d’envies. Après, dans les faits, on est une bande de potes, on crée, on organise des évènements, on diffuse et on transmet la musique. Nous sommes émetteurs et récepteurs. On fait circuler les énergies, et on s’amuse bien » renchérit Etienne Boisson, le batteur de Tifa’s.

Dans ce microcosme où chacun pourrait se noyer existe une cohérence personnelle et créative ayant pour finalité la liberté. Une liberté expérimentée sous de multiples formes, notamment par le biais de Tifa’s. Un projet musical initié au départ par Raphaël Chemin, avant de devenir le groupe tel que tous le connaissent aujourd’hui, et ce, depuis mars 2017.

« La Mante religieuse est à l’origine de tout, elle a tout créé. Le grand méchant Bob et ses sbires essaient de tout réduire à néant, mais nous sommes toujours là, debout, rageux et amoureux » : si Raphaël Chemin use d’autres métaphores pour raconter qui se cache derrière ces symboles, il semblerait que la tête de ce cheval du diable évolue constamment. Elle épouse les contours de celle d’un pigeon pour le nouvel EP de Tifa’s, Saddle Node Bifurcation & Widow Pigeon, à paraître demain.

tifa's live engrenage

Ironie du sort

Quand Saddle Node Bifurcation en première plage tente d’ouvrir les portes d’une réflexion nouvelle quant à l’être et son évolution, le titre Widow Pigeon relate un fait divers, celui d’une pigeonne ayant préféré la marche au ciel pour aller se nourrir. Un choix dramatique qui se solde par la mort de cette dernière, percutée par une voiture. Un choix guidé par son souci d’équité envers les rats, car « elle estimait que c’était un privilège de pouvoir voler et d’arriver ainsi toujours avant les autres. Sa bienveillance est passée inaperçue au milieu de la circulation routière ».

Voilà de quoi préciser un peu plus l’ADN de Tifa’s. À Raphaël Chemin d’ajouter : « Je trouve qu’on réussit à créer une musique riche, complexe, bourrée d’idées, sensible, foutraque, loin d’une dynamique de consommation et de profit ». Ainsi, au-delà des seules revendications anticapitalistes et écologistes, Tifa’s invite l’auditeur à s’extraire d’une norme idéologique pour s’ouvrir à d’autres perspectives.

Des perspectives axées donc sur l’ironie du sort, comme le souligne Raphaël Chemin : « L’ironie du sort est centrale dans Tifa’s. Dans les trois titres de cet EP, c’est la pigeonne qui la reflète le plus. Saddle Node Bifurcation parle plus du sort que l’avenir réserve à l’humanité ». À moins qu’il ne s’agisse du sort que l’humanité réserve à son propre avenir. Derrière les fables et l’anthropomorphisme développés dans les chansons de Tifa’s, l’ambition d’éveiller, de réveiller les consciences. De les responsabiliser, aussi.

Tifa’s : l’avenir

Dans sa démarche DIY constante, le groupe Tifa’s prépare la sortie d’un premier album pour le mois d’octobre 2018. Objectifs pour Raphaël Chemin : « J’aimerais bien que cet album continue à s’exprimer librement, dans le désordre et la passion, les sentiments et l’amour des choses saisissantes, dans le refus de la conformité et des acquis. Créer dans la diversité, comme on le sent et pas comme il faut ».

L’élan de Tifa’s donne des ailes, à défaut de les laisser à sa pigeonne vedette. Son prochain album s’y inscrira au même titre que son nouvel EP, comme le précise Etienne Boisson : « Deux niveaux de lecture : d’un côté, cet aspect plutôt romancé des histoires et cet imaginaire enfantin. De l’autre, un sujet beaucoup plus grave concernant le rapport qu’a l’humain avec la Nature, qui sonne ici comme une alerte ». Une alerte semblant dépasser le seul cadre de la préservation d’un écosystème, puisqu’il s’agirait aussi de repenser la nature des hommes, leur intériorité.

L’Affect, un collectif, un label, mais aussi un créateur d’évènements musicaux « pensé comme une force de proposition vis-à-vis des programmateurs et de tous les professionnels du milieu », qui aide le groupe Tifa’s « à désacraliser le rôle de l’artiste » comme le souligne Jordy Martin. « Par la force des choses, nous sommes techniciens, bookers, on colle les affiches et on est derrière le bar. Personnellement ça me parle : on revient à la liberté du troubadour qui n’est soumis qu’au regard de son public et à l’intérêt qu’on lui porte ».


Tifa’s : Facebook

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