Sorti dans les salles le 14 juillet dernier, le nouveau long métrage de François Ozon, Été 85, paraîtra mardi 17 novembre 2020 en Blu-ray et DVD. L’occasion de faire revenir, chez soi, une part des premières amours de l’ado que chacun fut un jour.
En Normandie, sur la plage du Tréport, le temps jette un sort à l’Été 85. Alexis (Félix Lefebvre) le laisse filer. L’une de ses connaissances passe par là avec sa dernière conquête. Il lui cède son petit voilier pour qu’il aille faire un tour en mer. Loin de la côte, Alexis s’étend pour une bronzette improvisée. Mais le vent guette et les caprices du large lui font vite perdre pied. Sur la coque retournée de son frêle voilier, il ne sait comment il regagnera la terre ferme. C’est alors qu’apparaît David (Benjamin Voisin), celui qui lui sauvera la mise et qui bouleversera sa vie.
Mais ça, Alexis ne le sait pas encore. L’attitude de son son héros l’interroge. Trempé jusqu’aux os, il se retrouve dans la maison de David, nu comme un ver face à sa mère (Valeria Bruni Tedeschi) qui l’exhorte d’aller prendre un bain chaud. La pudeur d’Alexis attendra. Pour l’heure, un garçon qui vient de le sauver de la noyade lui fait les yeux doux. Il ne savait pas ce que c’était, ce que ça faisait. Mais il devine déjà qu’il ne pourra pas résister bien longtemps. Il sait que si la mer n’a pas tout emporté tout à l’heure, cette attraction, elle, le fera. Et dans toute l’expression de son innocente jeunesse, Alexis comprend, au fur et à mesure, qu’il sera prêt à se perdre à jamais. À compromettre son idéal pour respecter sa promesse. Pour toujours sentir les bras de David serrer son cœur.
À la mémoire de nos amours éternelles
Cette année-là, on était loin de s’imaginer ce qui se tramait. On vivait le présent, peut-être plus qu’aujourd’hui. On prenait des risques parce que c’était la vie qui voulait ça. On s’habillait avec soin, même si parfois, les cols de nos chemises étaient trop larges, les couleurs de nos shorts et de nos t-shirts très « flashy ». On travaillait en apprenant des choses au quotidien. Puis on faisait la fête et des tours de manège. Les jours se suivaient, se ressemblaient parfois, peut-être. Mais l’existence était douce. Des gens qui ne se connaissaient pas formaient une belle famille. Au marché, dans les boutiques, sur la plage. Risquons-nous à le dire : c’était le bon temps.
Été 85 est un beau film qui souligne, une fois de plus, la singularité des récits de François Ozon. Ici, d’après l’œuvre du romancier britannique Aidan Chambers. Il ne s’agit pas que de belles images, d’une réalisation intemporelle, d’une mise en scène savamment pensée ou d’un casting évident. En réalité, il s’agit de savoir parler aux gens. Ainsi, l’histoire d’Alexis et de David est tout à la fois unique, intouchable, éternelle et universelle. Et si le regret pointe un jour le bout de son nez, peu importe la raison, il semble qu’il faille dès lors se réveiller. Pour garder, avant qu’il ne soit trop tard, toute la force de ces amours vécues toujours trop tôt. Mais qu’on a eu, malgré tout, la chance de rencontrer.