Il y a des films qui tentent d’aborder des thématiques sociétales majeures qui passent trop souvent inaperçues. Beaucoup se plantent. Parce qu’ils restent à la surface. Parce qu’ils sont axés sur le bon sentiment et la compassion. D’autres films, trop rares, tapent dans le mille. Et ce, durablement. C’est le cas du long métrage réalisé par le duo Toledano et Nakache : Hors normes. Il sera disponible en Blu-ray et DVD à partir du 4 mars 2020.
Bruno (Vincent Cassel) a deux gros défauts. D’une part, il s’engage toujours à trouver une solution, y compris dans les situations les plus critiques qui supposeraient qu’elle n’existe pas. D’autre part, il donne tout aux enfants qu’il accompagne depuis des années. Quitte à ce que sa vie privée ressemble à un désert sentimental sans fin. Au grand dam de celles qui se verraient bien à son bras. Seulement voilà : Bruno a fait un choix. Un jour, il a rencontré Joseph (Benjamin Lesieur) et tout a basculé.
Joseph souffre d’autisme sévère depuis sa plus tendre enfance. Il exprime son impuissance par la violence que ses parents ne réussissent par à contenir. Aucun établissement spécialisé ne veut de lui. Bruno est le seul à dire oui à Hélène (Hélène Vincent), sa mère. Il fonde pour l’occasion une association dédiée aux enfants et aux adolescents ayant le même handicap. Ainsi, des partenariats se mettent en place. Notamment avec Malik (Reda Kateb), un père de trois enfants qui a lui aussi créé sa propre association pour aider les jeunes de sa banlieue à se réinsérer professionnellement. Mais aussi avec le Docteur Ronssin (Catherine Mouchet), à la tête du seul service hospitalier en Île-de-France réservé à l’accueil temporaire des enfants autistes en attente de placement.
Hors normes : au-delà de l’idéologie
Avec Hors normes, Éric Toledano et Olivier Nakache démontrent une fois de plus leur aptitude à bouleverser sans verser dans le mélodrame monté de toutes pièces. Après tout, aucune manigance n’est utile lorsque le fond est là. Après Intouchables ou bien encore Le sens de la fête, Hors normes brise les codes de la fausse pudeur et d’une certaine pensée pour entrer dans le vif du sujet. C’est fort : impossible donc pour ceux qui ignoraient jusque-là ces réalités de fermer les yeux.
Quel sens donner à la vie lorsque celle-ci semble n’en avoir aucun ? Comment expliquer le choix de ces vraies personnes, à l’instar des personnages de Bruno et Malik, pour cet engagement si inenvisageable pour la grande majorité du commun des mortels ? Au-delà du traitement qui est réservé habituellement aux inégalités sociales, aux injustes génétiques et/ou sanitaires, Éric Toledano et Olivier Nakache leur confèrent un fond qui fait la différence et qui marque durablement. Le duo formé par Vincent Cassel et Reda Kateb fait des merveilles. Quant à Hélène Vincent, la profondeur de son interprétation porte la détresse de son personnage. Son regard, CE regard, constitue un moment de cinéma dont l’intense vérité marque son Histoire.