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Assassin’s Creed | Le libre-arbitre n’est pas accessoire

ASSASSIN'S CREED

Casting pensé sur fond de luttes épiques entre le bien et le mal qui se confondent : voici en quelques mots la perspective d’Assassin’s Creed, le nouveau film de Justin Kurzel. Mais pas seulement… Un an après la sortie de sa revisite du grand classique de Shakespeare, Macbeth, le réalisateur australien confirme l’envergure de son processus créatif et confirme son attachement à Marion Cotillard en lui attribuant un rôle de l’ombre né dans la lumière.

Lorsque le jeune Cal Lynch revient chez lui ce jour-là, il trouve sa mère inanimée assise dans la cuisine. Son sang coule sur le carrelage, suivant les contours d’un pendentif mystérieux. Debout à côté d’elle, un homme encagoulé se retourne et finit par dévoiler son visage : celui d’un père que Cal ne reconnaît plus. Rester dans l’ombre : voici ses derniers mots avant que Cal ne se mette à fuir. Et dans les rayons du soleil guidant sa course folle, la dernière lumière qu’il apercevra avant de se retrouver au trou.

C’est en effet derrière les barreaux que l’on retrouve Cal Lynch (Michael Fassbender) plusieurs années après. Ses dessins de visages noirs de terreur couvrent les murs de sa cellule. À travers les gardes venus l’escorter jusqu’à la chambre dans laquelle se déroulera sa mise à mort, son destin l’appelle. Allongé puis perfusé, la dose létale fait son chemin jusqu’à sa veine. Les images de son enfance se succèdent devant lui, ainsi que dans le regard de cette femme présente dans l’assemblée. Qui est-elle ? La réponse ne se fait pas attendre. Sofia (Marion Cotillard) est une scientifique. Elle accueille Cal dans son nouveau monde. Elle lui réserve un voyage qui le mènera au-delà de l’Histoire, au-delà de l’homme, au-delà de lui-même. Aux origines du mal, selon ses termes. Pour le corrompre et l’annihiler.

Quand technologie rime avec théologie

Ce n’est pas la première fois que le cinéma use de son art pour porter ces deux grandes thématiques sur grand écran de façon suffisamment digeste. Assassin’s Creed prend ainsi un maximum de distance pour conserver tout son attrait distrayant. Rappelons que le titre est avant tout celui d’un jeu vidéo commercialisé depuis 2007 sur plusieurs plateformes.

Néanmoins, la prise de position est suffisamment claire pour être soulignée. Dans Assassin’s Creed, l’homme est perçu comme un être incapable de réfléchir par lui-même et de faire perdurer ses droits, dont le premier de tous consistant en sa liberté de penser, d’agir et de choisir. Aliéné par la religion puis par la société de consommation de masse, son quotidien se borne à suivre le chemin qu’on trace pour lui à sa place. En cela, la complaisance vis-à-vis des confessions religieuses existantes n’est plus, notamment vis-à-vis de l’Église chrétienne. Menée par la congrégation des Templiers, le message qu’elle diffuse dissimule sa volonté d’avoir une emprise totale sur les esprits, ainsi que sur le libre-arbitre via la possession de la fameuse Pomme d’Eden.

Assassin’s Creed : un « secret » vite dévoilé

Ainsi, on perçoit rapidement la confusion des rôles initiés par le scénario et l’enchainement des séquences de Justin Kurzel. On comprend que le mal n’est pas forcément le mal, idem pour le bien. On comprend aussi que plusieurs appréhensions des réalités sont en jeu. Après tout, le mal peut effectivement l’être pour certains quand il ne l’est pas pour d’autres. Idem pour le bien. Cette pluralité d’opinions, de pensées, d’analyses, est consciemment considérée par un nombre restreint d’individus, reconnus ou ignorés par la société en fonction de leur propre positionnement. Si tant est qu’il existe effectivement.

De là, le film de suspens, d’action et de science-fiction qu’est indubitablement Assassin’s Creed, devient la toile d’une réflexion qui, sans chercher absolument à pousser le spectateur à ce type de circonvolutions, mérite une certaine attention. Après tout, chacun est libre d’accepter ou de refuser. Chacun est libre d’accepter les choses telles qu’elles sont ou de chercher à les améliorer. Chacun est libre de ne pas remettre en question ou d’interroger. Libre de laisser les autres penser pour lui ou de prendre le temps et le plaisir de penser par lui-même.

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