Entre comédie musicale et romance, l’Américain Damien Chazelle nous propose de découvrir les coulisses du monde du cinéma et de la musique à travers les rêves encore inexplorés de ses deux protagonistes. Ryan Gosling et Emma Stone se donnent ainsi la réplique dans La La Land, un univers ancré dans la réalité, au plus près de la faculté de chacun d’être et d’exister dans le véritable rôle de sa vie.
Mia (Emma Stone) veut devenir comédienne. C’est son plus grand rêve depuis toujours. Elle travaille dans un café faisant partie intégrante des décors d’Hollywood dans lequel elle sert celles et ceux devenus des stars, entre deux auditions qui s’enchaînent et se ressemblent toutes. Sur le chemin du retour après une soirée identique aux autres, elle finit par se laisser happer par les notes d’un piano provenant de l’intérieur d’un restaurant. Elle reconnaît le visage au clavier instantanément pour l’avoir croisé dans les embouteillages quelques temps plus tôt.
Sebastian (Ryan Gosling) improvise un jazz et se fait renvoyer par le patron du restaurant sous les yeux de la belle Mia. Lui aussi l’a reconnue et se souvient de l’incartade sur la route. Il la bouscule avant de quitter les lieux sans lui adresser la parole. Mais ces deux-là sont déjà connectés dans l’immensité du sort et du cosmos. Et dans cette villa rassemblant les acteurs de la vie d’Hollywood, Sebastian et Mia se croisent à nouveau. La défiance est palpable tout comme les sentiments déjà nés dans le cœur de chacun. Un mélange d’amour, de reconnaissance et d’espérance. Une envie de porter l’autre jusqu’à ce vers quoi il tend. Inexorablement.
La La Land : ses hommages
Avec La La Land, Damien Chazelle réalise un film témoignant de son amour pour le cinéma dans toute la diversité des références dont il dispose de par ses origines et sa famille. De Jacques Demy à Woody Allen, il compose les aventures des deux jeunes artistes en les ponctuant de sauts dans le temps et de claquettes véhémentes. On ne peut s’empêcher de penser à The Artist, voilà ce qui explique sans aucun doute le nombre impressionnant de nominations décrochées par La La Land aux prochains Oscars, dont la cérémonie se déroulera le 26 février prochain.
Si le monde du cinéma se reconnaît dans l’histoire contée par La La Land ainsi que dans son univers, le public n’est pas en reste. Le spectateur trouve en effet dans les pas de danse, les chants et les répliques du film cette sorte de baume au cœur qui bouleverse et soulage. Une cure aussi pour les maux qui accablent les artistes. Une révérence à leur faculté à voir plus loin, plus haut. À leur ténacité, à leur volonté de toujours aller au-delà de leur manque chronique de confiance en eux pour les autres. Pour les transporter, les faire rêver et s’évader.
Porter
Et il s’agit avant tout de porter l’autre pour soi-même être porté. Sur la bande son vraiment rafraîchissante de Justin Hurwitz accompagnant les émotions interprétées avec excellence par Ryan Gosling et Emma Stone, le temps se suspend dans la salle. Les jours de La La Land sont ceux d’aujourd’hui comme ils pourraient également être ceux d’hier et de demain. L’histoire est celle d’acteurs et de musiciens en devenir, mais elle est avant tout celle d’êtres mus par la même solitude que celle de tout un chacun.
Ainsi, chaque instant devient une occasion de changer la donne du destin. À moins que cela ne soit justement ce dernier qui soit à l’origine de la création de ces innombrables alternatives. La notion de choix devient ainsi un décor dans lequel une poignée d’individus décident d’aller jusqu’au bout de cette quête amoureuse les menant vers eux-mêmes et/ou vers l’autre. Avec du recul, il suffit souvent de bien peu de choses pour concilier les deux. Sans doute est-ce ce bien peu de choses dans lequel le destin puise tout son sens pour nous délivrer celui de notre raison d’être.